Détruire pour se reconstruire...

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Alors, j'ai sorti mon téléphone de ma poche, et j'ai enfin osé composer ce numéro que je connaissais par cœur, depuis un an exactement.

C'était l'anniversaire de mon amie. Je n'en avais pas beaucoup et je ne cherchais pas à en avoir. Etre seule me semblait être une meilleure option que de se faire blesser par son entourage, intentionnellement ou non. Elle avait insisté pour que je l'accompagne à sa fête, car d'après elle, n'avoir jamais assisté à aucune soirée était inacceptable. Même si je lui avais répété plusieurs fois que cela ne m'intéressait pas, elle voulait vraiment que je vienne, alors j'y suis allée.

Une heure avant la soirée, elle est arrivée chez moi, toute pomponnée, pour s'occuper de moi. Je ne prête pas une attention particulière à mon apparence, car à mon sens, le maquillage, les habits, les marques, ne sont que des artifices créés et portés pour tromper les gens sur notre vraie nature. On se camoufle derrière notre apparence et on s'en serre d'armure, on se fait aimé pour cette dernière et non pas notre vrai nous. Elle m'a demandé de me laisser faire et je l'ai écouté ; après tout, c'était son anniversaire. J'étais en quelque sorte sa poupée qu'elle voulait déguiser. Elle a bouclé mes cheveux bruns, m'a appliqué du mascara sur les cils, du fard à paupière noire pour « faire ressortir mes yeux bleus » et du gloss. En me regardant dans la glace, je ne me reconnaissais plus. J'étais devenue un de ces clones du lycée. Bien coiffée, bien maquillée, je me suis dit qu'il ne manquait plus que des habits ne couvrant pas a moitié de mon anatomie, et mon identité passait à la trappe.

Malheureusement, elle avait tout prévu. Une robe rose pâle affublée d'un petit nœud ridicule au décolleté. Quand elle a sorti les chaussures à talon du sac, je l'ai suppliée de me laisser porter mes éternelles rangers et, elle a fini par céder. En sortant de ma chambre, on ressemblait à deux poupées. Ma mère a insisté pour prendre un millier de photos sous prétexte que ce n'était pas souvent que l'on me voyait habillée de la sorte. Juste avant que je ne passe le pas de la porte, elle m'informa qu'elle viendrait me chercher à 23 heures.

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La soirée n'était pas très intéressante. Trop de gens, d'alcool et de nourriture peu alléchante. La seule activité pouvant attiré mon attention était d'observer la dégradation de l'état des gens m'entourant. Au bout de 3 heures, je suis sortie guetter l'arrivée de ma mère. J'ai attendu. Le froid me piquait la peau, un peu comme aujourd'hui, mais ce jour là, la veste que j'avais ne suffisait pas à me réchauffer. . Après deux heures, j'ai reçu un appel de mon père. Il me disait de me débrouiller pour venir à l'hôpital. Ma mère venait d'avoir un accident. Machinalement, après que mon père aie raccroché, j'ai composé le numéro de ma mère, et aie constaté que ça sonnait dans le vide. J'ai couru.

Quand je suis arrivée, un médecin en blouse blanche se trouvait devant mon père. Quand il me vit arriver, il arrêta son récit et me présenta ses condoléances et reprit. Il parlait d'artère rompue, d'hémorragies,... mais je n'écoutais pas. J'étais restée bloquée sur les condoléances. Pourquoi m'avait-il présenté ses condoléances? Les condoléances sont présentées quand il y a un mort. Cela voudrait-dire que...non ! Ce n'est pas possible... 

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L'enterrement venait de se terminer. Mon père, le regard vide, les yeux rougis. La route défilait. Tout le monde présent s'était mis à pleurer, tout le monde à une exception près. Je n'y arrivais pas. Malgré la semaine passée, je ne pouvais pas me dire qu'elle avait réellement disparu, juste comme ça.

L'arrivée à la maison se fit en silence. Mon père s'installa sur le canapé et regarda l'écran de la télé, éteint. M'asseyant à son côté, je lui pris la main mais il la retira, et la bombe éclata.

Détruire pour se reconstruire...Where stories live. Discover now