Prologue : Vie nocturne

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Ça y est, il se fait tard, Papa n'est pas encore rentré du boulot. Je vais de nouveau passer la soirée seule, c'est devenu une habitude. Pour passer le temps, j'adore regarder les photos que mon père a installées au salon avec son équipe. Le voir joyeux me rend heureuse et me fait oublier cette solitude. D'ailleurs, je plonge souvent dans le passé car tout y était parfait. Tout était beau. On était si proche mais plus les années passent, plus on s'éloigne. On déménage souvent et j'ai du mal à m'y habituer, comme lui.

J'essaye d'avancer car rien ne redeviendra plus comme avant. Le temps passe et il faut que je l'accepte. Après m'être remémoré le bon vieux temps, je suis partie me coucher sans lui. Quelques heures plus tard, je me réveille brusquement à cause des bruits de pas. Super ! Il est enfin rentré !

Je cours dans les escaliers, je le vois et là, quel choc ! Mon père me regarde avec un visage complètement tuméfié, des griffures plein le torse.

C'est là que je me rends compte à quel point ce métier peut le rendre fou et même pire, le tuer. Être policier, ce n'est pas facile. Je ne veux pas le perdre après ma mère, je n'ai que lui. J'essaye d'arrêter de le regarder avec insistance et d'en savoir un peu plus sur ce qui s'était passé mais il coupe court à la conversation et je n'ai même pas eu le temps de lui demander. Il ne veut pas en parler. Il doit être énervé, je veux calmer l'atmosphère.

« Pourquoi tu n'es pas parti à l'hôpital ? »

« ZYNEB ! Tu vas me poser cette question combien de fois ? Je n'ai pas besoin, c'est le boulot, comme d'hab'. »

« C'est le boulot. » C'est ce que mon père dit souvent quand il rentre de temps en temps tous les soirs dans un mauvais état. À chaque fois que je lui demande d'aller voir un spécialiste, il ne veut pas. La dernière fois, j'avais pris contact avec un hôpital pour qu'il se fasse soigner mais quand il l'a su, il m'a hurlé dessus.

Au fond de moi, je suis de plus en plus inquiète, mon cœur bat tellement fort. À chaque fois que je le vois dans cet état, je me sens tellement impuissante. J'en ai l'habitude, c'est vrai. Il revient souvent avec de nouvelles blessures, mais aujourd'hui, je ne l'ai jamais vu comme ça. Ça ne sert à rien de chercher à comprendre, il semble être épuisé et en colère.

Étant moi-même exténuée, je fronce les sourcils en montant dans ma chambre. Je me résigne à contrecœur et j'abandonne l'idée d'en savoir plus. Je m'apprêtais à franchir ma chambre quand tout à coup, j'aperçois l'insigne de mon père sur le buffet. Je m'interroge alors, s'il n'était pas au travail, que pouvait-il bien faire à une heure aussi tardive ?

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