𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞-𝐞𝐭-𝐮𝐧

Depuis le début
                                    

Le vent balayait ses deux mèches autour de son visage. Un frisson la gagnait. Dans quelques minutes, nous diront au revoir à cette année mais pas encore à l'hiver. Je coinçais ma cigarette entre mes lèvres afin d'avoir les mains libres et de retirer ma veste. Je la lui déposais sur les épaules.

— Je ne voudrais pas que tu tombes malade par ma faute, justifiais-je mon geste.

Elle me souriait pour me remercier. Je me laissais de nouveau tomber le dos contre les barrières. J'aspirais le plus de fumée possible. Je laissais la cigarette et tous ses effets nocifs me consumer à petits feux. Je la laissais avoir de l'emprise sur moi. Je la laissais décider ce qu'elle voulait faire de moi.

Je fermais les yeux afin de sentir le danger de cette fumée en moi. Elle s'immisçait dans mes poumons aussi vite qu'un battement de cil. Elle était un poison. Mais un poison qui me soulageait. Je décollais légèrement mes lèvres et la fumée s'en échappait.

Peu à peu je commençais à me détendre. Cette conversation avec ma sœur m'avait mis sur les nerfs. On en revenait sans cesse au même point. On n'était d'accord sur rien. On ne s'écoutait pas. Et ça finissait dans les cris. L'espoir de nous réconcilier était réduit à néant.

J'avais perdu la personne qui m'était la plus chère. La seule famille qu'il me restait. Cela à cause d'un fichu papier que je ne voulais pas signer. À cause d'une greffe que je refusais. J'acceptais mon destin tragique ; mais elle, elle le refusait. Pour elle, la mort n'était pas une solution. J'avais beau lui dire que pour moi, elle l'était. Elle ne comprenait pas. On ne se comprenait plus.

Ma dispute avec Abby avait plombé la soirée de tout le monde. J'avais gâché la soirée d'Hazel et je m'en voulais plus que tout. Elle avait nourri tant d'espoir dedans. Je commençais à croire que je décevais tout le monde. Même Dylan. Pourtant, elle restait à mes côtés.

— Qu'est-ce que tu dessines ? lui demandais-je en la voyant inspiré.

Sans lever les yeux sur moi, elle déclarait :

— Tu verras.

Je n'insistais pas plus. Je savais qu'elle finirai par me montrer son dessin. Et je n'avais qu'une seule hâte ; la découvrir à travers sa passion. Je n'avais jamais été très fan de l'art mais si cet art était le sien ; je serai son plus grand fan.

— Vous avez pu parler avec Abby ?

J'écrasais le bout de ma cigarette sur le sol. J'aurai du me douter qu'elle finirait par me poser la question. Éviter le sujet paraissait impossible. J'avais cette dispute sur le cœur et elle y était encrée de façon indélébile. Je donnais toute ma force pour l'effacer mais elle restait là telle quelle.

— Pas vraiment, enfin, on parlait chacun de notre côté mais personne ne s'écoutait, lui expliquais-je en me remémorant la scène.

— Je vois... Elle te reproche quoi au juste ?

Face à sa question, mon corps tout entier se tétanisait. Je ne pouvais pas lui dire. Je ne pouvais pas lui raconter toute l'histoire. Cela me paraissait insurmontable. Pourtant, si je ne disais rien, elle pensera que je ne lui fais pas assez confiance. Et elle ne m'accordera plus la sienne. Je ne voulais pas que cela arrive. Alors je décidais de lui raconter mais en omettant quelques détails.

— C'est vraiment compliqué et je pèse mes mots.

— Tout est compliqué dans nos vies, ce n'est pas nouveau. En tout cas, saches que si tu as besoin d'en parler, je serai là pour écouter, me disait-elle d'une voix douce.

Elle continuait de donner des tas de coup de crayon sur la feuille. Elle ne me regardait pas une seule seconde. Elle était tellement concentrée dans ce qu'elle faisait. Cela m'impressionnait. Et ne pas sentir son regard sur moi, me rassurait pour lui parler :

Éphémère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant