A deux doigts de craquer, mon attention fut détournée par le raclement de gorge d'Erwin qui reprit la parole.
《Entre ces murs il n'y a aucun endroit qui soit sûr pour elle, si tu continues à l'isoler et à la materner, elle va se sentir opprimée et risque de se tourner vers d'autres solutions beaucoup plus dangereuses pour elle. Tu devrais lâcher du lest.
- Si tu tiens à Alice tu devrais aussi penser à lui prouver. Elle fait de son mieux pour ne pas le montrer, mais ces dernières semaines ont été vraiment éprouvantes pour elle. Sa jambe en a pris un sacré coup...
- Permet lui de faire un truc pour s'occuper l'esprit. Donne-lui un programme à suivre, des missions à accomplir. Montre-lui que malgré tes réticences tu comprends son point de vue et essaies de trouver un compromis.》
Je pris une gorgée de mon thé. Trouver un compromis...
Avais-je vraiment été trop loin la dernière fois? Le regard qu'elle m'avait lancé avant de quitter mon bureau m'apporta ma réponse.
Je l'avais réellement blessé hier...《Tch.
- Aller Livai te laisse pas abattre! Même les meilleurs finissent par faire des erreurs et comme tu es loin d'être le meilleur c'est normal que tu en fasses plusieurs!》
Je la foudroyai du regard.
《Ce que Hanji veut surtout dire ici c'est que le plus important c'est d'apprendre de ses erreurs et d'œuvrer à réparer ce qui peut encore l'être.》
Je pris une nouvelle gorgée de mon thé en m'adossant au dossier de ma chaise. Il était hors de question qu'Alice reprenne les entraînements et si sa haine est le prix à payer pour sa sécurité alors ainsi soit-il. En revanche je ne pouvais plus la maintenir enfermé à l'infirmerie maintenant qu'elle arrivait à se déplacer sans béquille. J'allais donc bien devoir trouver un compromis...
《Bon maintenant que je t'ai fait part de mes inquiétudes, je vais te laisser y réfléchir tranquillement, déclara Erwin en se relevant.》
On regarda Erwin se lever, Hanji s'apprêta à le suivre mais je ne lui en laissai pas l'occasion.
《Toi!》
Je la saisis par le col avant qu'elle n'ait l'occasion de rejoindre la poubelle qui lui sert de bureau. En comprenant ce que je comptais faire, la peur traversa son regard et elle se mit à se débattre et à s'égosiller comme un porc en appelant à l'aide, mais ses appels à l'aide restèrent silencieux. Erwin nous souhaita la bonne soirée et sortit de mon bureau sans un regard en arrière. Je pus donc trainer Hanji jusqu'à ma salle de bain pour l'enfermer à l'intérieur afin qu'elle lave enfin la chose la chose qui lui servait de corps.
Elle ressortit peu de temps après, mais fait fut obligé d'y retourner après s'être seulement rincé à l'eau. N'ayant pas envie d'y passer la soirée, je voulus la laver personnellement, quitte à l'attacher dans cette baignoire, mais elle me vira à l'extérieur. Et heureusement la deuxième fois, elle sortit entièrement propre dans des vêtements neufs que j'étais parti lui chercher.
Elle me rejoint à la sortie de mon bureau.
《Alice est dans mon escouade alors je te le dis de Chef d'escouade à chef d'escouade: ne la mets pas ainsi de côté, ça ne l'aide pas.》
Je soupirai.
《Sors.
- Si tu ne la laisses pas-
- Sors!crachais-je en la poussant à l'extérieur de mon bureau avec mon pied.》
Elle manqua de s'écraser au sol et me hurla dessus, mais mon bureau était à présent fermé.
Je soupirai de nouveau et me rendis dans ma chambre. Je fermai la porte derrière moi et m'avançai dans la pièce pour venir m'installer dans mon lit.
Un calme apaisant y régnait. Cependant ce calme était désagréable. Ce lit était inconfortable et me rappela surtout mon dernier cauchemar. Quand était la dernière fois où j'avais bien dormi?
La réponse apparut dans ma tête comme une évidence. Je me relevai et partis saisir un papier dans les tiroirs de mon bureau avant de prendre la direction de la salle de repos près des dortoirs; Il n'y eut personne.
Je me rendis sur le toit, puis sur les terrains d'entraînement, et enfin dans la forêt mais ne trouvai toujours personne.
C'est assise sur un banc dans la cour principale que je finis par l'apercevoir. Elle était là, en robe de chambre à attendre de choper la crève en regardant les étoiles.
En entendant quelqu'un approché elle baissa le regard et sembla surprise de me voir, mais très vite son expression se changea en de la colère.
《Si tu as fait tout ce chemin pour m'interdire à présent de prendre l'air tu peux aller te faire v-》
Je vins sceller nos lèvres ensemble. Je ne pus retenir le frisson qui traversa mon corps au contact de sa peau, ni le désir qui coulait dans mes veines quand je la voyais. Elle chercha à me repousser mais j'introduis ma langue dans sa bouche et la sentis fondre contre moi. Elle s'agrippa à ma veste en gémissant.
Je la laissai alors reprendre sa respiration. Elle me dévisagea avec force.
《Tu as envie de me frapper mais tu n'en as pas les couilles, déclarais-je.》
Elle me foudroya du regard. Je m'approchais à nouveau d'elle m'arrêtant à quelques centimètres de ses lèvres. A son regard il n'y avait aucun doute qu'elle me détestait. Pourtant tout comme mon corps appelait le sien, son corps réclamait le mien.
Bien consciente de cela, elle franchit les centimètres qui nous séparaient et vint passer une main le long de ma nuque en effleurant ma peau. Elle déposa un premier baiser dans mon cou. Mon corps se tendit sous ses caresses. Depuis combien de temps ne m'avait-elle pas touché?
《Laisse-moi reprendre les entraînements Livai, chuchota-t-elle à mon oreille.》
Je compris alors ce qu'elle essayait de faire et bien que ce n'était pas l'envie qui manquait, je ne comptais pas faiblir sur mes positions.
Je pris sur moi et m'écartai d'elle pour sortir de la poche de ma veste le papier plié en quatre que j'avais pris dans mon bureau avant de venir ici. Je lui tendis.
《Je te laisse t'occuper de ça.》
S'attendant à une blague elle hésita à prendre mon papier, mais en voyant que j'étais sérieux elle s'empressa de le saisir et de le déplier le regard plein d'espoir. Toutefois elle perdit tout sourire en lisant ce qu'il y avait écrit dessus.
《J'espère que tu te paies ma tête Livai...》
Je m'écartai d'elle.
《Un balai en bois en branche de sorgho, du savon noir, de l'huile de lin, du thé blanc!?Ce sont tes courses que tu m'envoies faire?!!
- Tu voulais faire quelque chose, je t'y autorise. La calèche qui se rend à Shiganshina part à 11h, tâche de ne pas la louper.》
Je me détournais d'elle et repris ma route. Je l'entendis m'insulter de tous les noms derrière moi et bien que ça colère était compréhensible je ne m'en voulais pas. Elle me détestait sur le moment, mais au moins elle restera vivante.
Et ça c'était un choix que je ne regretterais pas.
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LivaixOC Les ailes de la vérité
Fanfiction《Dans ce monde impitoyable, la vie est un privilège qui n'est accordé qu'aux vainqueurs.》 Alice est née dans l'enceinte des murs et si sa vie aurait pu être faite d'or et d'argent ce fut les coups et la solitude qui marquèrent son enfance. Prisonniè...
Chapitre 60
Depuis le début