Chapitre 47 - Aux prémices du cœur

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— Tu voulais pas réviser tes maths aussi, Akemi-chan ? Je croyais que Rin devait t'aider !

— Ah bon ? s'étonna Rin lui-même. T'essaies pas plutôt de fuir tes propres révisions ?

— Mais ça fait au moins une heure et demie que je fais de l'anglais, bougonna la jeune Suna.

Ils argumentèrent au gré d'échanges fraternels auxquels Akemi était habituée, avec sa sœur, alors qu'elle laissait de nouveau son regard courir sur le ciel lointain. Les nuages se faisaient de plus en plus sombres au fil des minutes, et sans doute le tonnerre ne finirait-il plus par tarder à gronder ; elle ne connaissait cette rengaine que trop bien. Pourtant, en dépit de cette phobie persistante, l'adolescente devait bien admettre que les choses n'étaient plus les mêmes que deux mois auparavant.

L'orage était toujours effrayant. Mais maintenant, il apportait avec lui un sentiment différent, à mi-chemin entre la mélancolie et la placidité, lorsque le visage impassible de Suna s'illustrait au même titre dans son champ de vision. Les réminiscences de cette fin d'après-midi passée à la gare de Suma hanteraient certainement son esprit pendant encore bien longtemps, mais ce n'était pas une mauvaise chose pour autant.

— Alors file. En plus tu voulais faire un gâteau avec maman cet aprèm, non ? lança le volleyeur à l'attention de sa cadette, rattachant au passage Akemi au monde qui l'entourait.

— Si !

— T'as intérêt à avoir au moins quatre-vingt-dix à ton exam d'anglais, sinon Akemi sera déçue.

— J'aurais même cent, vous verrez !

Atsuko accompagna ses mots d'une moue fière, les mains posées sur ses hanches.

— Toi aussi Akemi, en maths, n'est-ce pas ? continua Suna en se tournant vers l'intéressée, l'esquisse d'un sourire moqueur sur les lèvres.

Akemi se contenta de lui tirer la langue pour toute réponse, sans prendre la peine de rétorquer quoi que ce soit – de toute manière elle voulait bien réviser, un cent en maths paraissait plus qu'impossible. Son petit-ami devina de toute évidence ses pensées, car le sourire moqueur qu'il arborait s'étira davantage encore.

Un grondement sourd et lointain se fit entendre à travers les parois de l'appartement, pour parvenir dans un faible écho jusqu'aux trois adolescents. La lycéenne en tressaillit de manière quasiment imperceptible, alors que la prise sur son stylo se resserrait légèrement, si légèrement qu'Atsuko ne put pas en prendre conscience.

— Allez oust, reprit Rintarou à l'attention de sa sœur. Laisse Akemi travailler aussi, elle passe plus de temps à t'aider qu'à réviser pour elle-même.

La cadette Suna arqua un sourcil perplexe face au changement de ton de son frère, puis se renfrogna dans un bougonnement non dissimulé. Elle lança à l'attention de sa professeure particulière une œillade implorante, avant de se résigner en n'apercevant aucune réaction – chose rare venant d'Akemi, qui se contentait de fixer la fenêtre.

— D'accord, mais si vous avez besoin de quelque chose, vous m'appelez !

— Bien sûr, on t'appellera si on galère sur le programme de maths du lycée.

— Méchant, grommela la jeune fille en ramassant toutes ses affaires qui traînaient sur la table du kotatsu. Merci beaucoup pour ton aide, Akemi-chan !

Elle s'inclina poliment, manquant au passage de renverser le contenu de sa trousse sur le sol, et finit par disparaître dans l'embrasure de la porte qu'elle ferma derrière elle. Contre toute attente, Suna ne se redressa pas pour autant et resta ainsi immobile, toujours allongé sur son lit.

À l'encre indélébile | Haikyū!!Where stories live. Discover now