Les sourcils froncés, le plus jeune des deux hommes toisait l'autre d'un air indécis. Il réfléchissait : devait-il le poignarder discrètement et s'en aller, ou seulement le frapper et s'en aller ?

- Mais ils ont raison d'être heureux. Le maire était vraiment mauvais pour les affaires.

- Qu'est-ce que vous me voulez, putain ? grommela Kassyen.

- Du calme, gamin, dit-il en levant les mains en l'air. Je me suis juste dit que tu aimerais savoir que les jumeaux assis cette table, commença-t-il en désignant deux hommes sur leur gauche, t'ont reconnu il y a vingt minutes. Ils ont alertés les poulets. Ils arriveront dans une dizaine de minutes je pense.

Kassyen se figea. Les jumeaux l'avaient dévisagé pendant un moment, mais avaient fini par reprendre leur conversation avec leurs amis. L'assassin s'était dit qu'ils n'avait pas saisi son identité. Il avait apparemment tord.

- Les jumeaux Derkach feraient n'importe quoi pour de l'argent. Même s'entre-tuer. Ils ne sont pas très intelligents et n'ont pas une once d'affection l'un pour l'autre. La seule chose qu'ils aiment c'est le pognon.

- Comment est-ce que je peux être sûr que vous ne me mentez pas ? le coupa Kassyen.

- Tu ne peux pas. Mais je suppose que tu ne veux pas prendre le risque.

Au moment où l'homme finit sa phrase, la porte du bar s'ouvrit à la volée. Cinq policiers portant l'uniforme gris de la police osnovienne pénétrèrent dans la pièce, faisant sauter sur leurs pieds toutes les personnes qui s'étaient réunies ici pour célébrer la mort du maire. La plupart étaient des criminels, et ils devaient tous penser qu'ils étaient là pour les arrêter.

- Oups, on dirait que c'était moins de dix minutes, gloussa l'homme grisonnant.

Kassyen le fusilla du regard et réajusta sa capuche sur sa tête.

- Nous venons arrêter l'assassin connu sous le nom de Kassyen Tsekhov !

Quelques murmures se répandirent dans la salle. Les gens échangeaient des regards confus en détaillant leurs voisins, se demandant si l'homme auquel appartenait ce prénom se cachait sous leurs traits. Son nom était connu, mais son visage beaucoup moins.

- Montre-toi Tsekhov, tu es cerné ! s'exclama le policier à l'avant.

Une confiance excessive transparaissait dans sa voix. Il pensait qu'il avait déjà gagné. Mais ce n'était pas la première fois que Kassyen se faisait surprendre, et ce ne serait certainement pas la dernière.

L'assassin se leva lentement et se fraya un chemin dans la foule d'ivrognes pour rejoindre le centre. Les gens s'écartaient sur son passage, à la fois curieux et effrayés. Arrivé en face des policiers, Kassyen fit tomber sa capuche et leva les mains en l'air.

- Je me rends, dit-il.

Un sourire se dessina sur les lèvres du policier. Il devait avoir une dizaine d'années de plus que celui qu'il était venu arrêter. Il avait des yeux bleus, des cheveux blonds et un nez busqué.

- Le roi sera heureux d'apprendre ta capture, s'exclama-t-il.

- Je n'en doutes pas, répliqua Kassyen en regardant ses collègues, un sourire en coin venant étirer sa bouche. Malheureusement, à la place, il entendra surtout parler des derniers policiers incompétents qui m'ont laissé filer.

Le policier fronça les sourcils, commençant seulement à se méfier de l'assassin. Mais c'était trop tard.

Kassyen fit glisser le poignard qui se trouvait dans sa manche jusqu'à ses doigts et le lança. Il percuta le front de l'homme, qui tomba au sol, raide mort.

The Assassins - T1. Le Royaume des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant