Cauchemars | Bakugo x oc

Dire la verité.

-c'est pas aussi profond que tu l'imagines. Mentit elle, esquissant un sourire tout en essuyant une larme sur sa joue.

Elle avait beau tenter de reprendre contenance, Kirishima n'était pas aussi dupe qu'elle pouvait le croire. Par conséquent, il ne crut pas un mot de ce qu'elle venait de dire.

-assez pour te mettre dans cet état en tout cas. T'es amoureuse de lui c'est ça ? Rétorqua t'il.

Il espérait pouvoir la convaincre de se confier et peut être allait il finalement réussir. Les larmes redoublèrent alors, brouillant la vision de la brune et donnant ainsi à Kirishima une réponse à sa question, une réponse positive.

-nan ! Tu sais très bien comment ça finirait si c'était le cas. Ça ne marcherait jamais. Se défendit elle, perturbée d'avoir été ainsi mise devant le fait accompli.

Cela sonnait comme une confirmation pour son ami qui malgré la situation laissa échapper un léger sourire. Si un jour quelqu'un lui avait dit que ses deux meilleurs amis qui accessoirement se vouent une haine profonde partageaient en réalité des sentiments l'un pour l'autre, il aurait cru qu'on lui racontait le scénario d'une de ces comédies romantique que pourrait regarder Ashido.

-donc t'es bien amoureuse de lui. Pourquoi ça marcherait pas alors ? Parce que vous avez tous les deux des sales caractères ?

Il aurait certes préféré apprendre une telle nouvelle dans d'autres circonstances mais cela ne l'empêchait pas d'être ravi quoique tout de même un peu inquiet. Tout un tas de questions fusaient dans son esprit, tant de questions qu'il voulait poser mais qu'il n'osait pas. Kana n'était pas dupe, elle s'imaginait bien que de telles révélations engendreraient leur lot d'interrogations. De plus, c'était l'occasion parfaite pour elle d'éluder ses questions précédentes.

-vas y, tant qu'on y est tu peux me poser les questions auxquelles tu penses. Lui dit elle sans répondre à sa question précédente.

-t'as sûre ? Elle acquiesça directement. Ça ressemble à quoi vos disputes ? Parce que tous les deux on peut pas dire que vous soyez de nature très calme alors quand vous vous y mettez ça fait presque flipper.

-c'est pas hyper joli. Répondit elle le plus simplement du monde.

-ça dure depuis quand vous deux ?

-depuis la semaine de stage. Expliqua t'elle tout aussi brièvement que précédemment.

-depuis tout ce temps ? Demanda t'il visiblement choqué. Wow je m'attendais vraiment pas à tout ça. Ça fait beaucoup en une soirée. Quelqu'un d'autre est au courant à part moi au lycée ?

-nan t'es le seul à savoir et il faut vraiment que tu gardes ça pour toi.

-bien sûr, je comprends pas trop comment ça a pu arriver et ça me regarde pas mais je suis content pour vous deux. Ça va me faire bizarre de vous savoir amoureux mais je finirai par m'habituer. Dit il de son éternel ton bienveillant.

Une autre fois, Kana fut obligée d'entendre le terme « amoureux » pour désigner sa relation avec Katsuki. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle était censée faire de cette information, jamais aucun d'eux n'avait mis de mot sur leur histoire, d'ailleurs aucun d'eux ne voulaient s'y risquer. Effectivement, que ce soit elle ou bien lui, ils savaient que s'impliquer dans de grandes réflexions à propos de l'autre finirait par leur faire reconnaître leurs sentiments.

-je sais pas si on peut vraiment parler d'amour. Nia t'elle une nouvelle fois.

Évidemment que l'on pouvait parler d'amour. Que ce soit du point de vue de Kana ou de celui de Katsuki, ils étaient tous les deux fous amoureux l'un de l'autre. Cependant, une question demeurait : elle savait désormais qu'elle était amoureuse de lui mais Katsuki partageait il ses sentiments ? Cette question ne trouvait pas de réponse dans l'esprit de la brune et elle ne risquait pas d'en avoir avec un Katsuki prisonnier de Tomura Shigaraki. Au fond, elle savait bien qu'elle ne le laissait pas indifférent mais était elle en droit de parler d'amour ? Elle ne demandait qu'à être fixée sur la question. Cependant, faire avouer ses sentiments à Katsuki Bakugo n'allait pas être une tâche facile et Kana en avait parfaitement conscience, dans son esprit, cela relevait plus d'une tâche impossible d'ailleurs.

-toi tu l'aimes ? Demanda Kirishima comme si la question était d'une simplicité enfantine.

Peut être l'aurait elle été si la personne questionnée n'avait pas été Kana.

-nan. Lâcha t'elle machinalement.

-pourquoi t'arrives pas à le dire ? T'as peur qu'il ressente pas la même chose ? C'est humain tu sais.

Encore une fois, il avait touché dans le mille si bien que Kana décida d'enfin arrêter de mentir. Sa fierté en prenait un énorme coup mais elle avait conscience que face à elle, elle n'avait personne d'autre que son meilleur ami, une personne de confiance qui jamais ne la jugerait.

-pour être honnête j'en sais rien, je crois bien que je l'aime et c'est plus terrifiant que ce que je croyais. Il m'a vu dans mes pires états, il sait les pires choses qui ont pu m'arriver, il peut me détruire d'un mot et moi, j'ai l'impression qu'il ne s'ouvrira jamais à moi. Finit elle enfin par avouer dans un soupir de tristesse.

Kana elle même n'arrivait pas à croire que de tels mots aient pu sortir de sa bouche, ils étaient bien trop vrais pour qu'elle ait pu les prononcer à voix haute. Pour être encore plus honnête qu'elle ne l'était déjà, elle était terrifiée par le jour, le moment où tout deux devraient avoir une véritable discussion à propos de leur relation mais aussi de leurs sentiments. Précédemment déjà, dans sa propre salle de bain, elle avait empêché une telle conversation. De toute manière, à quoi cette discussion pourrait elle bien mener à part à leur faire tout deux comprendre la fatalité : chacun d'entre eux aimait désespérément l'autre mais l'amour ici n'était pas suffisant, ils avaient bien trop peur. L'amour pour eux n'impliquait pas une vie remplie de joie, une vie ensoleillée, calme et paisible. Bien au contraire, que ce soit du côté de Kana ou bien de Katsuki, l'amour était synonyme de malheur, de rancoeur, il était ravageur. Que ce soit Kana ou bien Katsuki, aucun d'eux ne pouvait laisser l'autre le rendre aussi faible qu'ils ne l'étaient lorsqu'ils étaient ensemble. Katsuki en particulier, n'accepterait peut être jamais cette part de faiblesse qu'avait fait naître Kana en lui. Les faits étaient là, comme l'avait dit précédemment la brune, Katsuki savait tout de ses faiblesses et il savait parfaitement comment s'en servir. La preuve, il l'avait déjà fait et par amour, elle l'avait pardonné. Cependant, les choses n'avaient pas évolué depuis ce jour ci. Katsuki n'avait toujours besoin que d'un mot pour lui faire du mal tandis qu'elle, elle avait l'impression qu'à chaque pas qu'elle faisait vers lui, il faisait tout son possible pour reculer aussi loin d'elle qu'il le pouvait.

-vous aurez tout le temps de discuter de tout ça quand il reviendra, parce que c'est sur qu'il reviendra, il est trop bruyant les vilains tiendront à peine une heure avec lui avant de le dégager de leur groupe. Dit il lâchant un léger rire avant de fixer quelques secondes le ciel sans rien dire. Écoute, je le connais peut être pas aussi bien que toi mais je suis sûr que tu comptes pour lui, il aura sûrement besoin de temps mais il restera pas comme ça pour toujours tu verras. Finit il la voix teintée d'espoir.

-c'est exactement ce que son père m'a dit. Soupira t'elle.

-son père ? Attends t'as rencontré ses parents et vous avez discuté de tout ça ? Et tu penses encore qu'il s'ouvre pas assez ?

-c'est une longue histoire mais c'était une coïncidence que je rencontre ses parents et une erreur en plus de ça. Rétorqua t'elle.

-dis pas ça et puis qui sait, peut être qu'après tout ce qui est en train de se passer il se rendra compte de certaines choses comme toi à l'instant. Aller viens on rentre, la police arrive et t'auras pas mal de chose à leur dire.

Une main fut tendue à Kana, la main d'une des personnes les plus bonnes et bienveillante qu'elle ait pu rencontré : celle de Kirishima. Une main qui l'accompagna à l'intérieur, un peu plus apaisé et désormais libéré d'un poids. Elle n'avait plus à garder ses doutes et ses inquiétudes pour elle. Désormais, une oreille attentive serait là pour l'écouter et l'aider au mieux. Enfin, c'était bel et bien la première fois qu'elle se déliait de sa fierté ainsi, avouant ce que son cœur désirait à haute voix.