La domination de l'écarlate

Chapitre II

L'assistant prenait des notes avec ardeur, tournant à un rythme effréné les pages de son bloc-notes. Pour eux, c'était une enquête comme les autres. Pour moi, c'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Ils affichaient des visages sereins et des airs détachés. Cela eût le chic de me foutre encore plus en rogne. Je me levais et lorsque j'arrivais à la porte, le lieutenant m'appela pour me demander mon numéro de téléphone. Je le lui donnais et quittais la maison. Je décidais de rentrer à pied, au milieu des sirènes aveuglantes et bruyantes des voitures des services d'intervention. Des curieux traînaient autour de la maison pour savoir ce qui s'était passé.

Ainsi, elle avait été assassinée. Penser à tout cela était au dessus de mes forces. Quelqu'un avait tué de sang-froid la fille que j'aimais ! J'étais persuadé que Nathan y était pour quelque chose ! Lui et Miguel avaient peut-être complotés ensemble et simulés une bagarre pour effacer toutes les pistes. Je trainais dans les rues de New-York un long moment et lorsque je fus suffisamment calme et que mon esprit fût vidé, je rentrais à la maison. Il était aux environs de minuit. Mon père s'était endormi sur le canapé en m'attendant sans doute. Je le réveillais :

- P'pa, c'est moi Jensen. Je suis rentré.

Il fût déboussolé au début et parla d'une voix endormie.

- Ah c'est toi... Alors c'était bien la fête ?
- J'ai connu mieux...
- Comment ça ? Il s'est passé quelque chose ?
- N'y pense plus et va te coucher. On en reparle demain d'accord ? Bonne nuit papa.
- Bonne nuit fiston...

Et il s'en alla dans sa chambre. Je fis de même et allais m'effondrer sur mon lit. Je regardais mon téléphone et y vit une avalanche de messages et d'appels manqués. Ils étaient en majorité de Aaron et de Jake. Je lançais un appel vidéo avec eux. Étonnamment, ils répondirent dès la deuxième sonnerie :

- Bon sang Jensen tu m'as foutu une de ces peurs ! J'ai cru que t'étais en train de faire quelque chose de stupide voire de dangereux ! s'écria Jake.
- Il s'est passé quoi là-bas demanda Aaron ?

Jake lui raconta tout. Lorsqu'il eût fini, Aaron qui au début écoutait de la musique et jouait éteignit tout et devint silencieux avant de reprendre la parole :

- Putain de merde... Pourquoi c'est tombé sur elle ? C'était vraiment un amour cette fille... Il... Il faut... Putain excusez-moi les mecs mais je dois encore avaler tout ça...
- C'est Miguel et Nathan les responsables, dis-je.
- On n'en sait rien mec, il faut que t'arrêtes d'accuser comme ça. Tu risques d'avoir des ennuis à force, répondit Jake.
- Ouais je risque d'être tué moi aussi parce que j'en saurais trop c'est ça ? Et bien, sache que j'ai fait la promesse à Amy de découvrir l'identité de son assassin ou plutôt de ses assassins et de leur faire payer !
- Leur faire payer comment ? demanda Aaron.
- Je ne suis pas comme eux. Je vais les livrer à la police et ils moisiront en taule! Parce que c'est ça la justice !
- Tu comptes t'y prendre comment ? demandèrent-ils.
- Dès demain, je m'occuperai du cas de Miguel et son complice Nathan. Je mènerai mon enquête de mon côté et je trouverai les coupables bien plus vite que la police.
- Cette histoire va te miner peu à peu et tu risques de te faire mal mec, me rasséna Jake.
- Peut-être bien, mais en tout cas, je ne compte pas rester les bras croisés. Et Elena alors ? Elle tient le coup ?
- Je l'ai raccompagné chez elle après un passage au bar du centre. Chacun gère sa tristesse comme il l'entend pas vrai ? En tout cas, actuellement elle est ronde comme une queue de pelle, paisiblement endormie... Du moins je l'espère... soupira Jake.

Ensuite, nous parlâmes encore quelques minutes puis je m'endormis avant d'être réveillé le matin par Roxanne lorsqu'elle vint m'appeler pour le petit déjeuner. Je passais par la salle de bain, pris l'appareil photo de Christian car j'allais passer une journée très intéressante et prendre en photo les preuves de la culpabilité de Miguel et Nathan. Déterminé, je descendais dans la salle à manger, où je retrouvais tout le monde sauf maman. Elle était sûrement fatiguée après la nuit qu'elle avait passé. Mon père s'activait aux fourneaux. Il s'était rasé, avait noué son tablier blanc et dansait en nous tournant le dos. Lui aussi je l'aimais beaucoup. Il était grand, avait un petit ventre quelque peu rebondi, et accordait un soin particulier à tout ce qui se rapportait à la pilosité faciale, des cheveux à la barbe. Il avait assisté au premier rasage de Christian et espérait assister très bientôt au mien. J'espère qu'il est patient.