La décision

Depuis le début
                                    

“-J’en suis désolée, mais les Grands Sages ont décidé que le seul moyen de déclencher le bon fonctionnement de tes pouvoirs était de t’envoyer en mission risquée. Ils pensent que seul le danger est capable d’accomplir ce que nous n’avons pu faire. Pardonne moi ma fille, j’ai retardé cette option autant que je l’ai pu, mais tu le sais, je ne peux m'opposer bien longtemps aux Sages. Ils ont choisi de t'envoyer tuer Erialimis.”

La sentence tombe brusquement. Soudain, mes jambes frissonnent, ma bouche tremble, et sans prévenir, je m’effondre au sol. Erialimis est une dangereuse fouine qui tyrannise toute la côte ouest depuis des décennies, défiant le temps et l’ordre de toute chose. Lorsque les enfants ne veulent pas manger leur légumes, c'est ce tyran qu’on évoque ! On dit qu’il rit de la pauvreté de ses sujets, et qu’il part sans arrêt à la guerre ! Et on me confie à moi, la seule fée adulte incapable de contrôler ses pouvoirs, de tuer ce monstre ? Car oui, jamais je n'ai réussi à enchanter correctement, malgré les multiples efforts de ma mère.

A l’instant même où je commence à sangloter, je sens une patte écailleuse se poser sur mon bras. Doucement, la patte me relève et me mène jusqu’à l’endroit ou je me sens le mieux au monde : le toit du palais. D’ici, je peux apercevoir Ganélia qui s'étend sur des hectares. Je peux voir le gigantesque lac Agoez dans lequel vivent les bêtes les plus mystérieuses, probablement même des espèces que nous ne connaîtrons jamais. Je peux voir les montagnes peuplées de tant de légendes.

Lentement, je me retourne, et sourit faiblement à mon ami. C’est un petit dragonnet que j’ai découvert l’année de mes sept ans lors d’une promenade en forêt. Instinctivement, je l’avais alors nommé Luno. En fait, il est petit d’un point de vue dragon, mais, malgré son un mètre trente à quatre pattes, dressé sur ses pattes arrière comme il l’est actuellement, il mesure trois mètres quarante ! Et six mètres quarante de long pour trois mètre cinquante d’envergure, peut on décemment dire que c’est “petit” ? Ses écailles jaune citron luisent dans la lumière du soleil, et de minuscules écailles dorsales rouges pointent du bout de son museau jusqu’à la pointe de sa queue. Sa patte gauche est enserrée par un épais bracelet d’or gravé de milles volutes qui s’entrelacent en motifs compliqués. C’est un cadeau que je lui ai offert. Ses griffes noires comme la nuit sont ses seules armes, mais il est si tendre qu’il ne ferait pas de mal à une mouche, fut-elle agressive. 

Comme toujours lorsque je vais mal, Luno est là pour moi, et je me plonge dans ses yeux. Argent liquide dans or en fusion. Pupille ronde dans pupille fendue. Cette fois encore, son regard m’enveloppe et me réchauffe.

“-Tu sais, cette mission n’est pas forcément une punition… Non seulement elle te permettra peut être de maîtriser tes pouvoirs, mais en plus, elle débarrassera Zolm d’un tyran si tu la réussi - et te connaissant, tu réussiras ! me dit-il de sa voix chaleureuse.

-Oui je sais mais… Est ce que je suis prête ? Cette mission est extrêmement dangereuse !

-C’est tout son intérêt ! Les Grands Sages te l’on dit, ils pensent que le danger est ce qui déclenchera le bon fonctionnement de tes pouvoirs.

-Et si je meurs ? Ou même si je suis blessée ? Comment réagira ma mère ? 

-Ta mère t’envoie en mission en toute connaissance de cause, j’en suis certain.

-Si tu le dis…”

Avec regret, je pars préparer mes affaires. Je passe ma main dans mes cheveux nacrés, avant de les attacher en une épaisse queue de cheval. Mes boucles retombent sur mes épaules. J’emporte avec moi le strict minimum, car je dois pouvoir me déplacer facilement. Mon bagage se résume donc en une simple sacoche de cuir tanné.

Aïna, fée et bien plus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant