Chapitre 62

Depuis le début
                                    

- Hey, jeune fille.

Je me retourne brusquement à l'entente d'une voix drôlement proche de moi. Un homme se tient à quelques centimètres, une bouteille d'alcool en main. Il n'a pas l'air dans son état normal.

- Euh, bonsoir.

Je ne cherche pas à comprendre, je referme rapidement la voiture et m'apprête à rentrer de nouveau dans l'hôtel, les affaires en main mais cet étrange homme me barre le chemin.

Il chancelle sur place. Je n'ai pas peur. Je sais que cet homme est dépourvu d'énergie et que je n'ai rien à craindre. Il m'est arrivé de croiser ce genre d'individu au Cambodge. Même à l'âge de 7 ans, je savais me débrouiller, enfin je savais surtout bien courir.

- Monsieur, je souhaiterais rentrer dormir. J'ai passé une très longue journée et j'imagine que vous aussi avez besoin de retrouver votre ... euh lieu de nuit ?

L'homme sourit et dévoile ses dents grisonnantes. Je compatis sincèrement, cet homme ne doit pas avoir la vie facile. Je ne sais pas ce qui l'a poussé à se mettre à boire mais je sais que vivre dans la rue, ce n'est pas simple.

- Tu sais, les filles comme toi quand elles me croisent, elle s'en vont en détalant. Personne ne prend la peine de m'adresser la parole.

J'ai un pincement au cœur. Je sais ce que ça fait de demander de l'aide sans que personne ne nous remarque et c'est peut être pour ça, qu'au fond je n'ai pas envie de fuir cet homme. Il soufre.

Je suis surprise de découvrir quelqu'un d'autre sortir de l'hôtel. Il est vêtu d'un peignoir brodé et porte des chaussons de chambre. On dirait bien qu'il a un problème. Et puis quand la silhouette s'approche suffisamment des grandes portes d'entrée de l'hôtel, je le reconnais. C'est Denis !Je n'ai qu'une envie c'est de m'écrouler de rire devant cette image. Son allure est hilarante mais l'expression que lui il arbore est tout sauf drôle.

Il s'approche de moi et me tire vers lui.

- Casse toi ! Lâche-t-il au pauvre homme en face de nous.

L'homme me lâche un sourire avant de s'en aller.

- Bon courage, Monsieur. Lui dis-je alors.

Denis dépose son pouce sous mon menton et dirige rapidement mon visage en sa direction. Je ne l'avais jamais vu aussi inquiet, enfin si peut être. Ce matin, lorsque je l'ai découvert dormir devant la porte de sa propre chambre, c'était pareil.

- C'est quoi ce délire putain. Tu fous quoi ici en train de parler à un toxico !

- Mais il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, je t'assure. J'étais seulement descendue prendre nos affaires et puis cet homme...

- Quoi qu'est-ce qu'il ta fait ?

- Mais rien, Denis ! Pourquoi tu penses toujours au pire ?

Denis me fixe toujours l'air en colère, je vois sa mâchoire se contracter plusieurs fois avec qu'il ne finisse par rentrer.

La réceptionniste dévisage étrangement Denis lorsque nous passons. Oui il est en peignoir et alors ? Ça ne sert à rien de l'observer comme ça !

De retour dans la chambre, je tends le sac de Denis dans ses mains tandis que je commence à décharger le mien dans l'armoire. Je déteste que mes affaires se froissent même si c'est pour l'affaire d'une nuit. Je les plis soigneusement en prenant soin de laisser une étagère pour les vêtements de Denis.

En parlant de Denis, il est déjà de retour dans la salle de bain. Pour se changer, j'imagine. Je n'arrive pas à croire qu'il est descendu tout nu enfin en ne portant que ce peignoir très joliment décoré. C'était tellement hilarant et improbable. Cette image restera gravée pour toujours dans ma mémoire.

Trésor d'une vie (T1 + T2)  | En pause Où les histoires vivent. Découvrez maintenant