Chapitre 1 : Un choix 2/4

Start from the beginning
                                    

- Je vous écoute.

- Étais-tu consciente que tu étais dans le test ?

- Oui. Dis-je naturellement.

Soudain, elle prend un tout autre air qui ne me rassure pas du tout.

- Qu'y a-t-il ? Demandai-je inquiète.

- Ce n'est pas normal d'être conscient lors des simulations...

Quelques secondes passent avant qu'elle ne reprenne la parole.

- On appelle ça la divergence Laur'. Dit-elle le visage fermé.

- Non, ce n'est pas possible. Mes parents prônent l'idée que les divergents sont des meurtriers, des dangers publics et qu'il faut absolument les éliminer. Or, je n'en suis rien de tout ça.

- La divergence n'est pas synonyme de meurtre. Tu colles à plusieurs factions, ce qui est censé être impossible. Cela fait peur à nos dirigeants et les amènent donc à éradiquer les divergents.

- Je ne savais pas que c'était ça être divergent... Mais je dois faire quoi ? Puis vous m'avez dit Audacieux. Je n'appartiens pas à d'autres factions ? Demandé-je totalement submergée par la peur et la stupéfaction.

- Ne dis rien à personne, même à ta famille et réfléchis bien à ton choix pour demain. Ta vie en dépend. Bref, je n'aie pas le temps. Au revoir Laure.

- Mais ...

- Tu étais consciente lors du test. Tu as du manipulé la simulation. Tu aurais sûrement eu plusieurs résultats si tu n'avais pas été consciente. Certains divergents n'agissent pas de façon naturelle quand ils savent qu'ils sont dans un lieu virtuel. Au revoir Laur'. Me répète-t-elle en ouvrant la porte.

Je sors de la pièce et pars du bâtiment encore sous le choc. Ce n'est pas possible... Moi ? Une divergente ? Non, ce n'est qu'un mauvais rêve. Mais pourquoi tuer des divergents ? Juste parce qu'on n'est pas conforme à leurs règles ? Je trouve ça révoltant de tuer des personnes innocentes pour quelque chose que l'on n'a pas demandé, et qui n'est pas malsain. Je ne suis pas une tueuse... Je ne conçois pas pourquoi on les chasse. Il va falloir que je fasse attention à ce que je dis et à ce que je fais, car je risque la mort à tout moment. Je ne comprends pas ce que je suis, et surtout, je ne saisis pas pourquoi je dois me cacher. J'aimerais pouvoir dire à tout le monde que je suis divergente et que je ne suis pas un danger pour la population. Il doit y avoir une erreur... Je n'arrive pas à concevoir le fait que les divergents sont peut-être tous des gens comme moi et qu'on les tue quand même... Je repense aux paroles de ma mère quand elle me disait qu'il ne fallait pas aller à l'encontre des Érudits. Je pense qu'elle voulait me dire qu'il ne fallait pas aller à l'encontre des factions et être divergent ou sans-faction, c'est être contre notre système. Je ne sais pas si ma mère me disait ça en parlant de la divergence ou en parlant juste des Érudits... J'aimerais savoir mais je ne dois rien dire et rien laisser paraître même à ceux qui me sont le plus proche. Je trouve ça terrible de se dire que sa propre mère pourrait nous tuer juste pour une histoire de non-concordance à un système politique. Je ne rentre pas dans une de leurs cases donc je dois mourir. C'est extrêmement angoissant...

Je décide d'aller me changer les idées en traînant dans le secteur Altruiste, histoire de calmer la tempête qui sévit dans mon esprit. Puis, je préfère repousser le moment où je vais devoir affronter mon père et sa fureur. Je me focalise sur ce qui m'entoure pour oublier tout ce qui me tracasse. Je marche sur des sentiers de graviers grisâtres et essaie de me repérer dans ce dédale de ruelles identiques les unes aux autres. C'est une sorte d'immense labyrinthe, et il m'est appréciable de me donner comme défi d'y sortir sans aide. Les maisons sont carrées ou rectangulaires suivant le nombre de personnes habitant à l'intérieur. Elles sont grises et ont un petit portillon pour entrer dans leur minuscule cour. Je ne pourrai pas vivre comme eux dans l'oubli total de moi-même en faisant toujours passer les autres avant moi. Fêter un anniversaire est considéré comme un acte vaniteux, tout comme se regarder dans le miroir... Je ne parviens pas à comprendre leurs règles et j'avoue que ça me dépasse totalement. Mais je ne veux pas abandonner l'idée qu'un jour je comprendrais ce qu'ils sont. Le fait d'être Érudite ne m'aide pas vraiment à concevoir le but de leur abnégation.

Je prends le chemin du retour en me dépêchant afin de ne pas arriver en retard pour le dîner. Je toque à la porte de l'appartement et entre sans attendre que ma mère ouvre. Après tout, je suis chez moi. Elle m'embrasse et m'invite à prendre place à table.

- Ça va petite boxeuse ? Tu n'as pas trop éclaté les côtes de notre mère aujourd'hui ? Demandé-je la bouche collée à ma petite sœur barbotant dans sa piscine bientôt trop étroite pour elle.

J'entre dans la salle à manger et me poste auprès de mon père qui me lance un regard noir dès qu'il m'aperçoit.

- C'est à cette heure-là que tu rentres ? Me questionne-t-il en serrant les accoudoirs de sa chaise.

- Oui, j'étais à la bibliothèque. Je suivais ton conseil de ce matin pour faire monter ma moyenne en math. J'ai révisé et approfondis la leçon des systèmes dynamiques et des équations différentiels.

- Comment s'est passé ton test ? Demande ma mère pour changer de sujet.

- Il me semble que je n'ai pas le droit d'en parler maman.

- Laisse tomber, ta mère est une sotte... Ne prête pas attention à elle Laure. Déclare-t-il la voix pleine de dédain.

Je baisse les yeux et prend place à table dans le silence pour ne pas éveiller la colère de mon père. Je débarrasse ma table ainsi que celle de ma mère pour éviter qu'elle ne bouge trop. Elle doit faire attention à elle et au bébé...

- Tu te comportes comme un Altruiste maintenant ? M'interroge ce père de plus en plus agressif.

- Comment ça ?

- Tu aides trop ta mère ces temps-ci. Dans notre faction c'est chacun pour soi Laure.

- Je le sais très bien mais elle est enceinte et je ne veux pas qu'elle se fatigue.

- Être enceinte n'a jamais été une maladie. Maintenant, va dans ta chambre et baisse les yeux. Ton insolence m'exècre ! Hurle-t-il en tapant d'un coup sec son poing sur la table pour me faire déguerpir au plus vite.

Je fuis rapidement la salle à manger sans prêter attention à sa remarque. J'obéis pour éviter qu'il explose de rage. Je m'assois sur mon lit et enlève mes vêtements pour mettre quelque chose de plus léger pour dormir. Je vais discrètement dans la salle de bain pour me démaquiller et mettre de la pommade sur mes contusions. Je retourne dans ma chambre et prend un livre de biologie en attendant la visite certaine de Richard. Au bout de trente minutes de lecture, j'entends son pas lourd s'approcher de ma porte. Mon corps est ébranlé malgré toute l'énergie que je mets à l'œuvre pour retenir l'effroi qui s'empare de moi. Mon père entre. Un petit sourire est inscrit sur le coin de ses lèvres. Ses bras puissants me font pâlir. Je suis assise aux pieds de mon lit, les genoux recroquevillés contre mon buste en guise de carapace. Il se poste devant moi avec un regard frappé par la folie. Je le sens différent ce soir, j'ai un mauvais pressentiment.

- Notre petit différend de tout à l'heure n'a pas été réglé Laure. Je ne te laisserai pas t'en tirer ainsi, et ça tu le sais très bien. Jamais tu n'auras le dernier mot.

- Évite le visage par contre... Je te rappelle que demain j'ai ma cérémonie du choix. Dis-je pour ne pas me démonter devant lui.

- Ne t'en fais pas pour ça.


Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
Divergente: La face cachée d'ÉricWhere stories live. Discover now