La vieille horloge n'a pas eu le temps de sonner les sept heures du soir que Jon frappait déjà à la porte. J'étais occupée à mettre un peu de poudre sur mes joues. J'ai voulu me précipiter pour ouvrir, mais papa m'a retenu par le bras.
- Je vais lui ouvrir. Vous n'êtes pas pressés si ? Le bal n'est qu'à huit heures et nous vivons à à peine vingt minutes à pied de l'école. Retourne te poudrer le nez.
Ce que je craignais allait donc ce produire. J'ai jeté un coup d'œil à maman qui a haussé les épaules en signe d'impuissance tandis que mes deux idiots de frères riaient comme des otaries dans le divan.
Jon est rentré dans le salon et Dieu, qu'il était beau. Il avait ramené ses cheveux en arrière. Il lui arrivait juste en haut de la nuque et certaines mèches rebelles rebiquaient en boucles toutes tirebouchonnées. Il avait rasé sa barbe de trois jours et j'étais presque certaine qu'il avait un peu plus de poils entre ses deux sourcils quelques jours plus tôt.
Il portait un costume gris ligné et une chemise blanche. Il dégageait aussi une forte odeur d'eau de Cologne qui laissait penser qu'il avait dû vider un bon quart de la bouteille quand je n'avais mis que quelques gouttes de Joy, un parfum ramené de France par madame Claude qui m'avait donné son flacon presque vide en même temps que ses perles.
Il n'a rient dit en me voyant rentrer dans le salon, mais ses yeux marrons si expressifs parlaient pour lui.
Nous nous sommes regardés plusieurs secondes avec tellement d'intensité que l'air dans la pièce en est devenu électrique. Je suis certaine que j'avais un petit sourire niais, mais ce n'est rien, lui aussi en avait un.
- Assieds-toi donc mon garçon, a dit la voix grave de papa.
Aussitôt que mon père eut parlé, le charme fut brisé.
Jon s'est exécuté en s'installant sur le fauteuil près de maman. Il a jeté un coup d'oeil vers moi et m'a fait un sourire rassurant. S'il était impressionné ou même mal à l'aise, il n'en a rien laissé paraître.
Papa l'a questionné pendant ce qui m'a semblé durer des heures. A aucun moment Jon ne s'est démonter. Il a répondu poliment à toute ses questions et n'a pas réagit aux réflexions déplacés sur ses parents. Il ne manquait pas de subtilité pour renvoyer à mon père ses piques provocatrices.
- Il est dix-neuf heures trente, on ferait mieux d'y aller, suis-je intervenue.Jon m'a jeté un regard reconnaissant, mais papa n'en avait apparemment pas encore fini avec lui.
- Declan laisse donc tranquille ce pauvre garçon, est intervenue maman.
Il allait rétorqué mais le regard noir qu'elle lui a jeté l'a convaincu de cesser les hostilités.
- Bon, et bien bonne soirée tout le monde, ai-je dis à la hâte en attrapant la main de Jon pour le faire se lever.
- Tu comptes ramener ma fille à quelle heure au juste Jon ? a demandé papa.
J'ai roulé des yeux en tirant un peu plus Jon vers la sortie.
- Jon ? a insisté papa.
- Une heure ? ai-je décidé à sa place.
- Du matin ?! s'est étranglé mon père.
- Declan..., a essayé de tempérer maman.
- Vingt-trois heures, pas une minute de plus.- Papa !
- Declan, c'est un bal, et Catrina ne sort jamais de la maison, lui a rappelé maman en lui donnant un coup de coude dans les côtes.
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Entre deux mondes - Tome 1
RomanceEntre l'Irlande et l'Ecosse, l'amour naissant de Catherine et Blaine se doit d'être secret. En effet, le père de Catherine s'est remarié avec la mère de Blaine et s'ils ne partagent pas le même sang, ils ont peur du scandale que cela pourrait provoq...
Chapitre 14
Depuis le début