04 | Olivia

Depuis le début
                                    

Sitôt je touchai le matelas, mon esprit s'évapora dans les bras réconfortants de Morphée.

***

Le lendemain, j'étais d'une humeur exécrable. Les emmerdes commençaient à s'accumuler, et je sentais que je ne tiendrai pas longtemps avant de prendre un ticket allée simple pour une île déserte. Cependant, blague à part, l'idée de déménager me trottait toujours dans la tête. Je n'étais pas sûre de pouvoir croiser la cause de mon profond désespoir durant mes années de jeunesse à chaque fois que je sortirais de mon appartement ou que je traînais dans le couloir.

Alors que je répondais une nouvelle fois à des mails – activité aussi palpitante qu'un escargot – la sonnerie de mon téléphone m'interrompit dans ma tâche. Je le pris en mains et lus le nom de mon agente, ce qui me provoqua une vague d'angoisse. Après ma crise d'hier, je n'avais pas voulu me rajouter d'avantages de choses auxquelles penser, alors j'avais mis le sujet syndrome de la page blanche de côté. Mais je savais que c'était pour cela qu'elle m'appelait, et j'étais aussi consciente du fait que ne pas répondre à l'appel ne servirait à rien et ne ferait que retarder notre conversation sans l'annuler.

Ce fut donc les mains tremblantes que je décrochai, avant de porter l'appareil à mon oreille.

« Allô ? »

« Bonjour, Olivia ! Comment vas-tu ? »

Je déglutis, la gorge sèche, avant de répondre sans m'étaler :

« Ça va. Et toi ? »

Je n'étais pas à l'aise avec la raison du pourquoi de son appel, mais je n'aimais déjà pas les appels de base. Je préférais de loin les messages, je pouvais réfléchir autant que je voulais à ce que j'allais répondre, à si l'autre personne pourrait mal le prendre, si elle comprendrait ce que je voulais dire, si mon message n'était pas trop ridicule. Mais en appel, évidemment, je devais donner une réponse directement, et je n'aimais pas cela.

« Ça va aussi. Mais peu importe, tu sais pourquoi je t'appelle, je suppose ? »

Oui, Lise, je le sais. Malheureusement.

J'abaissai les paupières, car je sentais des larmes venir à la pensée de mon incapacité à écrire de foutus phrases de rien du tout.

« Je ne veux pas te mettre la pression, tu le sais, mais ça commence à m'inquiéter. » continua-t-elle, voyant que je ne répondais rien.

« Je sais, je- je fais de mon mieux... Je te promets que, d'ici trois mois, tu auras un roman. »

Je perçus un soupir de son côté, et un poids sembla s'ajouter à ma poitrine déjà lourdement meurtrie.

« Olivia, je ne veux surtout pas que tu te mettes la pression. Oui, ça m'inquiète de savoir que tu n'écris pas, mais ta santé physique et mentale m'importe plus. »

Je repris le sourire, un peu rassurée par ses paroles, et nous continuâmes notre appel avec des sujets moins tendus. Nous raccrochâmes quelques minutes plus tard, et je laissai échapper un soupir, alors que je me laissai aller contre ma chaise.

Lise ne voulait pas mal faire, je le savais très bien, et en tant qu'agente c'était normal qu'elle m'en parle, mais cela n'empêchait pas que cela minait encore plus mon moral, ce dernier déjà au plus bas.

Je passai une main dans mes cheveux, et tandis que je m'apprêtait à reprendre mes mails, la sonnette de mon appartement résonna. Mes muscles se crispaient aussitôt et une vive inquiétude m'envahit.

Et si c'était Connard ?

Je ne voulais même pas aller voir, de peur que ce soit vraiment lui, mais je n'avais pas vraiment le choix, car la personne sonna une deuxième fois. Je me levai doucement, le cœur battant à toute allure, un mal de tête pointant le bout de son nez. Mes pas silencieux étaient lents, comme pour retarder le plus possible mon arrivée à ma porte d'entrée. Je sortis de ma chambre, entrai dans le salon, Plume me frôlant lorsqu'elle passa afin d'aller manger. La voir m'apporta un réconfort que j'accueillis avec bienvenue. Je savais de toute façon que j'arriverais un jour ou l'autre à la porte, alors autant ne pas faire trop monter la tension qui m'habitait déjà, n'est-ce pas ? Ainsi, j'accélérai subtilement l'allure de mes pas, soudainement pressée d'en finir avec cette rencontre. La sonnette retentit une troisième fois, et l'on pouvait dire que j'étais à présent en marche rapide. De cette façon, je fus en quelques secondes devant ma porte, et avec une main tendue de stress, je levai le judas.

Nos cœurs meurtrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant