20 ⚜️ Faux espoir

Depuis le début
                                    

J'esquisse un sourire empli de provocation à son encontre pour accentuer sa colère naissante. Ça m'amuse, oui, parce qu'il ne compte même pas se fatiguer à me punir lui-même. Et puis, qu'est-ce qu'il pourrait faire, de toute façon? Me frapper avec sa canne? Il a tendance à oublier qu'il n'est plus tout jeune et que je le mettrais au tapis en moins de deux secondes si je le voulais vraiment.

-Tu n'as même pas été fichu de déflorer cette salope de Wallace. Au prochain écart, tu diras adieu à ton bras gauche pour de bon.

-Je ne suis pas toi. Je n'ai jamais aspiré à être toi et je me porte même mieux sans l'être. Je ne violerai pas une fille pour te faire plaisir. Et je ne me priverai pas de ce que j'aime en réponse à ton chantage.

Thompson tourne la tête vers le hublot, sûrement trop tendu pour observer le reste de la conversation. Je ne suis même pas surpris de faire face à sa lâcheté en direct. Il est dans une situation idéale, après tout. Il se fait passer pour l'homme à tout faire de mon père pour qu'on le plaigne et qu'on le respecte mais par la même occasion, il s'arrange pour ne jamais être mouillé.

-Quand je te regarde, je vois ta mère, grince l'autre. Quand je t'écoute, j'entends ta mère. Je supporte suffisamment ta présence, alors ne me pousse pas à mettre mes menaces à exécution, mon fils.

J'espère bien que tu la vois et que tu l'entends. C'est ta punition. Connard.

-Tu n'as qu'à faire un autre gosse et l'élever toi-même. Peut-être qu'il ne sera pas une telle déception.

Ses dents commencent à faire un bruit inquiétant et je ramène mes cheveux en arrière. Je ne vois pas venir sa gifle mais je ne sursaute pas pour autant. Ma joue pique. Je souris dans sa direction parce que je sais que j'ai gagné cette bataille en le mettant en rogne. Il le sait aussi.

-Oh... Pardon, dis-je. C'est vrai que tu ne peux plus avoir d'enfants.

Cette fois, il envoie valser sa tasse de thé et Thompson se lève automatiquement pour ramasser les dégâts. Il s'apprête à déverser toute sa colère sur moi mais, au lieu de ça, le pilote de l'avion met son micro en marche et nous informe que nous allons atterrir.

Je me lève et m'en vais m'asseoir sur un autre siège pour m'attacher. Je l'ai suffisamment fréquenté pour la semaine. Il me rend nerveux et je déteste être dans cet état.

J'ai conscience de n'être que sa solution de secours. S'il avait pu faire d'autres enfants, plus obéissants, il ne s'en serait pas privé. Quand on est parrain de la mafia, on aime avoir une descendance fructueuse. Il aurait tout le loisir de désigner le meilleur fils comme héritier, mais il n'a que moi sous la main et cette réalité le ramène sans cesse à son incapacité de mettre une femme enceinte. Ça doit être pour ça qu'il baise à tout va... Son égo en prend un coup à chaque fois qu'il y pense.

Comment il m'a eu? Sûrement un coup de malchance.

Ma mère est tombée enceinte plusieurs fois avant moi, mais elle a fait une dizaine de fausses couches. Quand ce fut mon tour, elle n'y croyait même plus. Ah... Le destin fait bien les choses. Plus j'y pense et plus je me demande... Pourquoi voulaient-ils un enfant à ce point? Pour terminer comme ça... Je n'en vois pas l'utilité.

L'avion atterrit sans souci à L.A et nous sommes accueillis par toute une armée de limousines noires. J'évite celle de mon père et grimpe dans la plus éloignée en m'allumant une clope. Le chauffeur transpire, ce doit être son premier jour parmi nous.

-Bonjour, lâché-je en ouvrant ma vitre.

La chaleur écrasante de la côte-est pénètre dans le véhicule climatisé et je recule la tête pour être un peu plus à l'ombre.

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