𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟑

Depuis le début
                                    

           Elle a dû nécroser elle-même ses tissus et les maintient maintenant en vie grâce à sa magie. Son cœur ne ressemble littéralement qu’à un fruit flétri et rancie dans sa poitrine. Il ne bat plus.

           Mais elle l’anime grâce à sa magie.

— Le conseils des Pages Ancestraux commence en ce jour. Je soussignée Lycus, maitresse de cérémonie, plaignante.

           Dès que la voix de cristal de la femme retentit, douze sièges s’illuminent, autour de moi.

           Je réalise alors je suis assise au centre d’une table. Tout autour de moi, un long pupitre a été construit en forme de cerceau. Assis à celui-ci, dans des trônes incrustés de leur pierre de naissance, les douze prêtres et prêtresses me regardent.

           Un frisson me parcourt et mon souffle de bloque.

           Bien que je ne reconnaissance aucunement la légitimité de ces personnes, l’expérience de me retrouver dans la même pièce que chacun d’entre eux, en même temps, est particulièrement frappante.

           Mes doigts tremblent. Je les cache sous le manteau et inspire son parfum pour m’apaiser.

           Mes yeux croisent ceux d’Hector, assis sur un siège décoré de citrine, qui m’adresse un clin d’œil. Mais Lycus, assise juste à sa droite, parée d’une longue robe émeraude sur laquelle tombent ses cheveux de givre, se montre bien moins ravie de me voir.

— Je ne suis pas sûr d’être très jouasse à l’idée d’avoir été convoqué pour un vulgaire problème d’égo. Lycus, tu as intérêt à avoir une bonne explication pour m’avoir arraché à la bonne compagnie dont je profitais.

           Me tournant, je découvre un homme aux cheveux noirs noués en un chignon bas. Deux mèches tombent délicatement devant son visage fin, l’adoucissant. Cependant, l’expression qu’il affiche, elle, est d’une dureté absolue.

           Ses yeux noirs marqués d’un pli épicanthique fusillent la femme aux ascendance elfique. Puis, sa langue pousse joue dans un geste impatient.

           Yevhen. Prêtre bélier. Assis sur un siège incrusté d’œil-de-tigre, la pierre de naissance des béliers.

— Il ne s’agit aucunement d’un problème d’égo, tonne la femme pour se défendre.

— Oui, c’est vrai que venant d’une femme ayant massacré une population parce qu’elle ne la vénérait pas, convoquer une assemblée et déranger ses douze membres très occupés pour sanctionner une femme ayant porté la même couleur qu’elle serait surprenant, raille Hector.

           Aussitôt, un fracas retentit, m’arrachant un sursaut. Brutalement, Yevhen vient d’abattre son poing fermé sur la table devant lui.

— Encore cette histoire de couleur !? Alors tu m’as réellement interrompu pendant que je m’occupais de ma plus jeune sœur parce qu’une paysanne n’y connaissant rien s’est pavané dans ta couleur !?

— Une paysanne ? Mais il s’agit ni plus ni moins que de la femme du duc Fushiguro, mon cher. Et je vous signale qu’il est le seul noble de tout l’empire à s’être permis d’exprimer publiquement son irrespect vis-à-vis de nous.

           Cela semble calmer le dénommé Yevhen qui tourne la tête, réfléchissant quelques instants. Ses yeux se posent sur moi, m’analysant brièvement. Je déglutis péniblement.

𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐌𝐏𝐋𝐀𝐈𝐍𝐓𝐄 𝐃𝐄𝐒 𝐃𝐄𝐂𝐇𝐔𝐒. toji x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant