Chapitre 37 {Gabriel} Jeu de mains, jeu de vilains

Depuis le début
                                    

— T'es amoureux ?

— Quoi ? m'étranglé-je en me relevant brusquement. Mais ne raconte pas de conneries plus grosses que toi ! Je la connais à peine et je ne suis pas du genre à tomber amoureux. C'est juste qu'elle est... différente.

— Il fallait bien que ça t'arrive un jour. Le maître de l'indifférence vient de se faire dépasser par plus fort que lui.

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Paris

2023

Depuis trois jours que nous avons quitté le cabanon de pêche du grand-père d'Élisa, c'est un véritable festival de souvenirs qui m'assaille de toute part. Plus une seule seconde mon cerveau n'arrive à se mettre sur pause pour juste se laisser porter. Depuis que j'ai revu Gabrian, je repense à tous nos moments ensemble. Avant l'arrivée de la blonde dans ma vie, à son passage furtif dans celle-ci et puis à tout ce qui a suivi. L'enlèvement de mon meilleur ami, mon frère, son silence, sa tentative de suicide.

L'horreur et l'impuissance me gagnent à chaque fois que j'y songe. Je ne comprends toujours pas pourquoi il a fait ça ni comment il peut être ici, en France, aujourd'hui alors que j'ai son passeport. La seule réponse plausible, c'est que c'est quelqu'un d'influent qui s'est chargé de l'avoir fait sortir de cette foutue clinique pour lui faire passer le pays. Par contre, ça ne m'explique pas pourquoi et encore moins ce qu'il foutait avec Élisa.

Je bouillonne de rage et de questions, mais j'ai écouté le conseil de la blonde. Je n'essaie pas de l'approcher, je lui laisse du temps. Convaincre Élisa et son mari de se planquer dans la maison de son enfance, ça a été relativement simple à côté de convaincre Gabrian. D'après elle, ça a été comme convaincre un bourricot d'avancer et je n'ai pas eu gain de cause pour le chemin du retour. Seul dans ma voiture, j'ai repris le chemin du retour pendant qu'Élisa, son mari et Gabrian me suivaient.

Un danger plane toujours au-dessus de sa tête et ça me rend fou qu'elle se permette encore de me tenir tête alors qu'à ce jour, je suis son meilleur allié. Pourtant je l'ai laissé faire, je lui ai même laissé le choix. Elle a posé des jours de congé à son boulot, son patron n'avait pas l'air ravi, mais il n'a pas eu le choix que d'accepter. Max est parti chez ses beaux-parents pour s'occuper de leur fille, car Élisa refusait qu'elle soit seule, autant qu'elle refusait de la mettre en danger en sa présence.

J'ai bien vu que c'était un crève-cœur pour elle de prendre cette décision et je n'ai pas mon mot à dire. Mes connaissances sont arrivées. Le milieu de tueur à gages est un milieu solitaire, mais au fil du temps, j'ai fait des rencontres qui auraient pu se finir par un bain de sang mais qui, au lieu de ça, ont fait naître une amitié. C'est comme ça que j'ai réussi à convaincre cinq de mes connaissances de débarquer en guise de renfort, parce que seul, je ne suis pas assez fort pour lutter contre la menace dont je ne sais rien de plus depuis l'appel de cet enfoiré.

Ce n'est pas faute de chercher. Mon informateur à L.A fait ce qu'il faut pour remonter sa trace ,mais évidemment, l'autre l'a bien couverte. Voilà trois jours que j'ai revêtu mon masque de tueur à gages, totalement insensible à ce qui l'entoure, faisant taire absolument chacun de mes sentiments. Rien ne doit me détourner de mon objectif, retrouver celui qui est derrière tout ça.

Deux de mes connaissances montent la garde chez  les parents de la blonde où elle fait de temps à autre, des sauts pour voir sa fille. De mon côté, je continue mon enquête en faisant comme si elle n'était pas là pour ne pas me laisser distraire. Plus facile à dire qu'à faire, surtout en sachant qu'elle se trouve dans la même maison que moi, à dormir dans une chambre toute proche.

Vise le cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant