Saosa et Rymian

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Cette vue rappela la niméenne à la réalité, lui rappelant qu'elle était elle-même à l'origine de la situation de l'autre jeune femme, bien qu'elle ait agit par instinct de défense. Reprenant ses esprits, elle vint s'agenouiller auprès des deux copies humaines et approcha ses mains du bras encore prisonnier de la glace.

- Je suis désolée, je devrais pouvoir faire fondre ce que j'ai fait.

- Tu n'as pas l'air vraiment sûre de toi.

- C'est que, hésita un instant Altéria, je n'ai utilisé le Nolensat pour générer de la glace qu'une seule fois avant.

La jeune femme la fixa de ses yeux pâles un instant avant de se tourner vers son double.

- Si jamais je perds mon bras ce soir, je veux que nous soyons tous d'accord que je l'ai perdu pour vous sauver d'un raid grom sur le chemin de cette habitation.

- Un raid de grom, répondit l'autre d'un air fatigué.

- Parfaitement.

- Dans le Lasilein...

- Un groupe d'élite, renchérit son interlocutrice.

- A Agathil, finit par conclure le jeune homme sur le même ton las.

- Tu comprends pourquoi il a fallu que je sacrifie mon bras pour que tu aies la vie sauve mon cher frère.

- Ce ne sera pas nécessaire, assura Altéria en tentant de maintenir une apparence sereine malgré sa concentration intense pour ne pas blesser par erreur celle qui, elle était en train de le comprendre, serait sa compagne d'habitation pour les prochaines années.

Calmant sa respiration du mieux qu'elle le put, elle posa ses mains sur l'enveloppe glacée qui emprisonnait le bras de la jeune femme aux cheveux sombres. Etonnamment, alors que cette dernière s'était plainte de la morsure du froid sur sa peau, Altéria ne sentit aucune douleur, ni même aucun froid émaner de la gangue transparente. Laissant cette idée dans un coin de sa tête, elle se concentra et sentit l'emprise du Nolensat qui, presque à son insu, continuait de forcer l'eau dans sa forme solide. En prenant conscience de cette situation, Altéria prit aussi conscience de la fatigue qui commençait à l'attaquer, comme un muscle qui souffrirait de crampe à force de maintenir une pression sur un objet. Elle inspira et, en expirant, fit l'effort de relâcher totalement son don de saphir. La gangue de glace se liquéfia d'un seul ensemble, libérant le bras de la jeune femme et ne laissant qu'une flaque inerte de glace fondue au sol.

Au grand étonnement d'Altéria, sa victime nouvellement libérée soupira de dépit.

- Dommage, annonça-t-elle en regardant son bras avant de commencer à bouger de nouveau ses doigts, je trouve que « l'amputée » ça avait un sacré cachet comme surnom. Qu'en penses-tu Rymian ?

- Je pense que ferai mieux de ne pas souhaiter avoir de titre de ce genre, répondit l'autre en se relevant pour reposer la lampe qu'il avait utilisée jusque-là.

- Quel rabat-joie !

- Excuse-moi de ne pas trouver le même plaisir que toi à imaginer ma sœur gagner un titre lié à ta mutilation.

- Aucune légende ne se forge sans sacrifice, clama cette dernière d'un air grandiloquent, quand les bardes chanteront mes victoires je préfèrerai qu'ils trouvent mieux que leurs habituels adjectifs féminins.

- Et moi je préfèrerais ne jamais avoir à entendre l'histoire de Saosa la pourfendue, répliqua Rymian d'un ton acide, celle de notre mère me suffit.

Le Joyau d'OrlegonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant