Chapitre 10 - Avoir une araignée au plafond

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18 avril 2289 - Cassy-3

Allongée bien confortablement sous mes draps, je m'étire. J'ai l'impression d'avoir dormi mon compte. Minute... Je suis dans un lit avec des draps ? J'ouvre les yeux et me redresse brutalement. Je ne suis ni à Faraday ni à Hanoï. Allongée sur un matelas immense intégré au sol, je regarde sans comprendre cette chambre étrange au mur d'un blanc parfait. Pour seul meuble, je vois une sorte de tableau de bord avec un nombre incalculable de boutons, des écrans radars et vidéos et des lumières partout. Une fenêtre ronde à la vitre teintée de gris me donne une vue sur... la nuit ? Purée de chiotte, je me souviens ! J'ai été enlevée par les copains de K ! Est-ce que j'ai été torturée ? Je me palpe le corps et bouge mes articulations. RAS hormis un léger hématome sur la cuisse. Posé au sol, à côté du lit, un plateau contenant une sorte de biscuit vert, un verre d'eau et deux carrés de chocolat m'attend bien sagement. Je me frotte les yeux, incertaine d'avoir bien vu. Du chocolat ! C'est une denrée rare, de nos jours. Je me penche prudemment et constate qu'un papier plié se trouve sous ce délicieux trésor. Je le saisis et l'ouvre. Stupeur.

Bon anniversaire Docteur Lina Fera. K. Il me faut quelques secondes pour retrouver l'usage de mes neurones. K m'a emmené ici, et plutôt que de me torturer, il m'offre du chocolat pour mon anniversaire. Euh... OK ! C'est peut-être du poison ? Je saisis délicatement un premier carreau, le renifle, rappe un micromorceau avec mes dents. Si j'étais forte comme a l'air de le penser Mei, je refuserai ce cadeau, je me lèverai et j'irai venger Saïd. La simple évocation de son nom me met dans une colère folle. Je mange tout de même le chocolat (réflexion faite, je n'allais pas laisser un truc pareil !) et me lève comme une furie.

Je remarque alors que je ne porte plus les mêmes vêtements. Le jean a été remplacé par une sorte de legging noir ultra moulant et mon tee-shirt rose par un gris et tout aussi près du corps que le pantalon. Je constate avec effroi que je n'ai plus de brassière, et le tissu fin épouse le moindre relief de ma poitrine. C'est carrément indécent ! Petite vérification : j'ai toujours une culotte, mais ce n'est clairement pas celle que j'ai enfilée la dernière fois que je me suis habillée. Je suis mortifiée à l'idée que K ou ses potes m'aient vue nue. Si seulement Mei était là... Mei, purée ! Ils lui ont fait du mal ! Les poings serrés, je me dirige vers ce qui me paraît être une porte, bien qu'il n'y ait pas de poignée. Je tape dessus comme une hystérique en appuyant ce geste par tout un florilège d'insultes. Après cinq minutes, je suis épuisée. Je vais au hublot. Dehors, tout est d'un noir absolu. Je suis dans leur fichu vaisseau, c'est certain. Quelle heure est-il ? Nous n'étions qu'en début d'après-midi quand les selcyns ont débarqué.

Je reporte mon attention sur l'espèce de tableau de bord. Je ne suis pas experte, mais le radar semble indiquer la présence d'engins autour de nous. Un écran montre une salle avec des machines étranges, un autre ce qui me paraît être le poste de pilotage. Je vois un volant, ou guidon, enfin le truc pour diriger qui tourne tout seul. Pilote automatique. Le dernier écran affiche les images d'une machine ressemblant à un scanner. Bon... et si j'appuyais sur tous les boutons pour mettre un peu d'ambiance ? Mauvaise idée, si je fais crasher ce vaisseau, je meurs avec tous mes nouveaux amis (ironie). J'observe plus attentivement la console. Je distingue ce qui ressemble à des signes, peut-être une sorte d'écriture. Rien de compréhensible. À ce moment-là, un homme apparaît sur l'écran qui montre le scanner. C'est le brun aux cheveux courts qui m'a attrapée comme un sac à patates. Il retire l'intégralité de ses vêtements et s'allonge dans la machine, tapote sur des boutons et ferme les yeux. Je profite tranquillement de la vue (pas désagréable) quand l'image se brouille légèrement, comme s'il y avait des turbulences. L'homme ne bouge plus. Sa musculature est impressionnante. À croire que les selcyns ont dopé aux stéroïdes les corps qu'ils ont assimilés. Quelques poils sont visibles entre ses pectoraux, mais c'est très léger. Une tache noire attire mon attention sur sa clavicule, mais je n'arrive pas à distinguer ce que c'est. J'essaye de ne pas regarder plus bas... et échoue lamentablement. Après tout, celui qui m'a habillée m'a vue nue, alors, zut ! Hum... Il n'a pas à rougir de ses attributs, celui-là.

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant