Chapitre 11 - Fort de café

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Purée de chiotte, ma minable tentative de fuite a pris fin au bout de trois minutes et quarante-six secondes, à peu près. À quoi ça m'a servi ? À me mettre dans une mouise encore plus grande. Non seulement je n'ai pas réussi à comprendre le système d'ouverture de leurs portes, mais en plus j'ai fait la connaissance des charmants compagnons de K (je plaisante, c'est des gros glands). L'un d'eux, un brun à la peau olive, m'a attrapée comme si j'étais une simple marchandise et m'a ramené à mon nouveau copain, messire Kalen en personne. Ce dernier lui a dit un truc dans une langue bizarre et me voilà à présent dans une pièce minuscule entièrement vide. Pas de fenêtre, pas de meuble, que du blanc partout et cette espèce de porte quasi invisible. Oh, j'oubliai le plateau avec un de ces gâteaux verts vu préalablement. D'ennui, je me suis résolue à goûter ce truc. Immonde. Je comprends que le temps du chocolat est révolu.

Déclic, suivi d'un bruit de frottement : l'entrée de ma cellule se lève telle une herse moderne. C'est K et un autre type, un blond. L'inconnu suit Kalen, mais s'intéresse plus à mon plateau qu'à moi. Il prononce quelque chose dans sa langue avant de me dire :

— Vous n'avez visiblement pas faim.

— Détrompez-vous, je meurs de faim, le contredis-je, agacée.

— Dans ce cas, je vous laisse votre repas.

— Quel repas ? Vous parlez de ce truc infect ? Vous essayez de m'empoisonner ?

— Absolument pas Docteur Lyna Ferrat, intervient K. Il s'agit d'un aliment complet et équilibré qui vous permettra d'avoir rapidement un sentiment de satiété tout en vous donnant de l'énergie et les nutriments essentiels au maintien de votre bonne santé.

Quoi ? Il se croit dans une publicité ? Je le regarde, abasourdie. Je dois avoir reçu un coup sur le crâne et je suis probablement en plein cauchemar délirant... Kalen interprète mal mon expression sidérée, car il croit bon d'ajouter :

— C'est très bon pour vous.

— Je m'en brosse le nombril !

Cette fois, à lui d'afficher une mine perplexe. Ses yeux passent de mon visage à mon ventre à plusieurs reprises. OK, il a appris la langue internationale, mais ne comprend rien aux expressions. . E.T bis hausse les épaules et repart en me laissant ce truc vert immonde, au cas où j'aurais envie de retenter l'expérience. K reste seul avec moi, le visage d'une neutralité agaçante.

— Vous avez toujours envie de me tuer, Docteur Lyna Ferrat ?

— Oui ! m'exclamé-je. Vous avez tué quelqu'un qui m'est cher, vous m'avez enlevée, vous avez envahi ma planète, mis mon monde à genoux ! Vous avez tué des gens pour leur voler leurs corps. À cause de vous, je n'ai pas revu mes parents depuis presque huit ans, et... euh... ça fait déjà un beau palmarès.

Je reprends ma respiration. K n'a pas bougé une oreille. Il me regarde, presque sans cligner des yeux.

— Autre chose à me reprocher, Docteur Lyna Ferrat ? me demande-t-il après quelques secondes.

— Oui ! Arrêtez de m'appeler par mon matricule complet à chaque fois que vous vous adressez à moi !

— Que dois-je dire ?

— Votre Altesse.

— Ah bon ?

— C'est une boutade, soupiré-je. Appelez-moi Lyna, ou éventuellement Docteur.

— Bien Lyna. Je suis désolé de vous annoncer que vous passerez la nuit dans cette pièce. Tant que vous conserverez des intentions hostiles à mon égard, je ne pourrais pas partager mon lit avec vous.

Corps étrangers [TERMINÉ] Where stories live. Discover now