Chapitre 23 - La bagatelle

210 20 13
                                    

Après un repas simple un peu fade (endives nature et saucisson), Kalen me porte jusqu'au flaster pour continuer le traitement sur ma cheville. Le trajet se fait en silence, je suis révoltée par ma condition de prisonnière, mais pas autant que je le devrais. Quand j'ai parlé de mélange des races, je pense que je n'y croyais pas vraiment moi-même. Je ne m'attendais pas à ce que Kalen me prenne au mot. Il y a bien trop de haine entre les selcyns et les humains, enfin les terriens. Le Grand Consul ne changera jamais d'avis. Je suis donc condamnée à rester ici jusqu'à avoir la forme nécessaire pour retenter une évasion.

Nous arrivons à l'infirmerie. Je regarde les imageries de mon pied : je me suis fait un déchirement ligamentaire latéral externe. Quand K me retire l'attelle, je m'aperçois qu'à cet endroit, ma peau arbore une teinte jaunâtre, trace d'un hématome récent dont le flaster a accéléré la guérison. Je lutte pour ne pas finir en tenue d'Eve.

— Tu ne peux pas garder tes vêtements dans cet appareil, Lyna, tes données corporelles pourraient être mal interprétées.

— Fais en sorte qu'il ne traite que ma cheville ! rétorqué-je vivement. Je dois pouvoir garder un shorty et une brassière pour soigner une entorse, quand même !

— Je ne suis pas certain de savoir faire... je dois demander à Sayan.

— Oui, je préfère, tu t'es assez rincé l'œil la dernière fois. J'étais à moitié dans les vapes, mais je me rappelle clairement que j'étais complètement à poil !

— Lyna, nous l'avons fait pour te soigner...

— Nous ? demandé-je, affolée.

— Jafro et moi. Mais rassure-toi, ton corps d'humaine ne provoque pas chez nous de pensées perverses. Je te l'ai déjà expliqué. Physiologiquement, je suis maintenant un humain comme tu me l'as rappelé, mais dans mon esprit, je reste un selcyn. Ta nudité ne me fait ni chaud ni froid.

Je hoche la tête, trop vexée pour avoir envie de plaisanter. Je ne suis peut-être pas aussi bien roulée qu'Adèle, mais j'ai du mal à accepter que mon corps puisse laisser Kalen indifférent. Je scrute son visage avec attention pour essayer d'y déceler une hésitation, mais mon selcyn reste neutre. OK, mon petit gars, on va voir si tu gardes ton balai dans le postérieur ! Je lui adresse un petit sourire satisfait et lui demande de ne pas déranger Sayan le Viking. Puis je retire lentement ma brassière avec un air innocent. Je reste à l'affût de la moindre réaction de K. Il me semble voir ses yeux s'écarquiller légèrement. Je poursuis avec mon shorty, mais K reste figé sur ma poitrine encore quelques secondes. Je jubile intérieurement, je suis presque certaine que mes mini obus ne le laissent pas indifférent. Une légère gêne commence alors à m'envahir. Est-ce que je suis vraiment en train d'essayer de l'allumer ? Je pique un fard, mais très vite, Kalen reprend son air détaché pour ne plus le quitter. Il m'allonge dans le flaster, active deux ou trois commandes et se recule pour fixer un écran de contrôle. Ce silence me pèse, je me sens tellement vulnérable. Je décide de parler pour évacuer mon malaise.

— Est-ce que cette machine peut modifier mon corps comme elle a modifié les vôtres ?

— Ne bouge pas, Chaton.

— Je ne bouge pas, je parle. Je trouve que ma vue est plus aiguisée, mon ouïe aussi... je crois.

— Possible. Arrête de parler.

— Alors, toi, parle-moi.

— Je te prépare une surprise pour demain. Je me suis bien renseigné, j'espère ne pas commettre d'impair.

— Pourquoi veux-tu me faire une surprise ?

— Tu es bavarde comme une poule !

— On dit bavarde comme une pie. Alors, cette surprise ?

Corps étrangers [TERMINÉ] Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ