Boué de Lapeyrère est satisfait, vingt années à cracher sur la jeune Ecole et son obsession des torpilleurs et le voilà qui commence à renverser l'issue de la bataille avec eux. S'il revient vivant de cette bataille, il n'a pas fini d'en entendre parler au ministère.
Enfin, il avait trouvé comment les utiliser avec ses cuirassés.
Sans eux, sans la cuirasse de ses navires, jamais les torpilleurs d'escadre ne seraient parvenus à approcher à distance de lancement et à foudroyer les cuirassés austro-hongrois.
Deux cuirassés et un croiseur qui coulent, deux autres désemparés et la ligne austro-hongroise disloquée, pas mal pour trois torpilleurs perdus.
Les torpilleurs français, après s'est repliés, sont rejoints par les destroyers britanniques et virent de bord pour aller s'interposer entre la flotte française et les torpilleurs austro-hongrois qui viennent seulement de doubler la ligne de leurs navires cuirassés. Les croiseurs français et anglais accélèrent dans leur sillage pour les couvrir de leur artillerie à tir rapide.
Pendant ce temps, les cuirassés français, suivant le navire amiral, tirent salve sur salve sur leurs adversaires qui ne peuvent riposter que de façon désordonnée.
Le Erzherzog Ferdinand Max, qui tourne sur bâbord, hors de tout contrôle, est très vite touché à de multiples reprises par les 305 français. Si sa ceinture blindée résiste aux premiers impacts, plusieurs obus dévastent les superstructures et la passerelle, privant le bâtiment de tout commandement.
Ses batteries continuent de riposter pendant quelques minutes, avant qu'un projectile du Jean-Bart n'explose à proximité des soutes à munitions de son artillerie principale. L'incendie provoqué se communique rapidement aux munitions et la soute explose, soulevant le monstre cuirassé de l'eau et projetant des débris sur des centaines de mètres. Le Erzherzog Ferdinand Max, éventré, coule en quelques minutes.
Le reste de la ligne française engage les autres unités autrichiennes et l'enfer se déchaîne sur les cuirassés austro-hongrois et plus spécialement sur les 1ère et la 2ème divisions lourdes.
En dépit de la désorganisation et des pertes qui s'enchaînent, le bon entraînement des marins sur les bâtiments austro-hongrois permet à ces derniers de se remettre en position et de riposter de toutes leurs pièces.
Mais le courage ne peut pas tout suppléer, la flotte française aligne tout simplement plus de canons de gros calibre que son opposante.
Le Erzherzog Franz-Ferdinand et le Prinz Eugen sont touchés successivement par les Danton et les Courbet français et flambent de bout en bout. Plusieurs de leurs tourelles, lourdement blindées, résistent à des tirs directs et continuent à répondre alors que les cuirassés eux-mêmes semblent hors de contrôle.
La mise hors de combat des deux cuirassés se fait dans la douleur, le Voltaire est pris pour cible et un tir fait exploser ses torpilles, ouvrant la coque comme une boite de conserve. L'eau s'engouffre dans tout le navire, brisant le compartimentage endommagé par l'explosion interne. Avant même l'ordre d'évacuation, les marins français se jettent à l'eau ; en pure perte, quelques minutes plus tard, le Voltaire prend rapidement de la gite et chavire avec son équipage.
La République, touchée à plusieurs reprises, quitte la ligne en vomissant une épaisse fumée, sa ceinture blindée perforée par les obus ennemis.
La mêlée entre les torpilleurs alliés et austro-hongrois reste indécise, trois navires français sont mis hors de combat ou coulé, ainsi qu'un destroyer britannique ; les Autrichiens ne perdent que trois bâtiments mais sont incapables de se positionner pour lancer leurs torpilles contre les grosses unités françaises.
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Bataille en mer Adriatique
Historical FictionA l'aube de la 1ère guerre mondiale, la flotte austro-hongroise sort du port de Pola pour affronter la flotte française qui est venue la provoquer en mer Adriatique. Historiquement, les Autrichiens ne répondirent pas aux provocations de la Marine Na...