Chapitre 34 - Avoir froid dans le dos

174 23 37
                                    

21 juillet 2289 - Faraday-23 proche d'Alger

Mon sang se glace. Cet homme est le mal personnifié, et je sais à quel point il me déteste. Habitués à la pénombre, mes yeux distinguent à présent son regard de prédateur et son sourire pincé.

— Eh bien, j'ai cru que vous ne reviendrez jamais à vous ! s'exclame-t-il. Presque vingt heures d'inconscience, et votre cœur qui a failli lâcher. Vous n'êtes pas aussi chimiorésistante que vos nouveaux amis.

— Vous vous trompez, articulé-je à grand-peine. Je ne suis pas selcyne, je suis toujours moi.

— Oui, je sais. Je l'ai compris quand j'ai croisé votre regard insolent.

— Alors pourquoi me retenez-vous en otage ?

— Parce que vous nous cachez délibérément la vérité, me dit-il avec simplicité.

— Dites plutôt que vous craignez que je révèle vos petites expériences commanditées par le Général Muzhi depuis Pékin !

— Oui, aussi. Mais je maintiens que vous n'êtes qu'une sale petite cachotière. Vous mentez sur les raisons de votre enlèvement, vous mentez sur les liens qui vous lient à vos ravisseurs, vous mentez quand vous affirmez ne pas en savoir plus sur les secrets de notre ennemi. Je suis un militaire, Ferrat, je sais voir quand une personne en protège une autre. Et vous, vous protégez les selcyns. Hafid Hassan est probablement disposé à vous laisser du temps, mais nous, nous n'en avons pas. Les bases de Grande Asie s'apprêtent à agir.

— Que voulez-vous dire ? m'inquiété-je.

— Que ces babouins africains et leurs homologues Sudaméricains n'ont plus le monopole des armes de destruction massive. Nous allons leur prouver que le peuple de Grande Asie et ses alliés de l'Empire Russe peuvent régler la question Aliens mieux qu'ils ne semblent le faire. Nous avons... un nouvel argument de taille qui nous replacera au rang de première puissance mondiale, qui élèvera le Général Muzhi au rang de héros des Nations.

— De quoi s'agit-il ?

— Je voudrais bien vous répondre, Docteur, minaude-t-il d'un air narquois. Mais dois-je vous rappeler que vous ne semblez pas savoir tenir votre langue quand il s'agit d'informations classées top secret ? Je ne plaisantais pas quand je vous ai menacé de vous faire exécuter. Vous mourrez pour trahison, quand vous m'aurez donné les informations que je désire. L'appareil médical alien attire tout particulièrement notre attention. En tant que médecin, je suis certain que vous pouvez comprendre cela. Tout comme je ne doute pas qu'une petite fouineuse comme vous n'a pas manqué de s'y intéresser de près. Et votre propre transformation est un sujet d'étude à ne pas négliger. J'ai étudié de près les résultats des tests que les médecins de Faraday-23 vous ont fait subir. Je suis impressionné, sincèrement. Sans être égales à celles de nos adversaires, vos capacités physiques sont à présent supérieures à la moyenne. La nécessité de recourir à une double dose de sédatif en est une preuve supplémentaire. Voici donc ma conclusion : non seulement Tavira possède cet appareil miraculeux, contrairement à ce que vous nous avez affirmé, mais en plus vous y avez eu recours.

— Je ne vous dirai rien, marmonné-je, furieuse.

Lee se lève et se dirige vers moi avec assurance. Je me redresse pour ne pas lui montrer ma peur, et il en profite pour m'asséner une violente gifle qui propulse ma tête sur la gauche. La mâchoire douloureuse, je prends néanmoins sur moi pour me redresser rapidement et ne rien laisser paraître.

— Celle-là, c'est pour avoir parlé au Général Hassan de notre petit secret, clame-t-il avant d'abattre à nouveau sa main sur mon visage.

La force de ce second coup est telle que je reste quelques secondes tête baissée à voir trente-six chandelles. Le goût du sang envahit ma bouche.

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant