Chapitre 22 Ghost

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— Endormie, me dit-elle. Où sommes-nous ?

— Je t'ai ramenée au QG de notre club, dans ma chambre et dans mon lit, fais je avec un clin d'œil. Je vais te laisser dormir encore un peu, il n'est que sept heures du mat. Et si cela ne te dérange pas, je vais aller rejoindre ma sœur, elle est dans la chambre en face de la nôtre, au cas où tu aurais besoin de moi.

— Vas-y chico guapo, je t'en prie, cela fait six ans que tu attends, je peux te partager avec ta sœur le temps de vos retrouvailles.

Je me penche et viens lui déposer un baiser sur ses lèvres.

— Dors ma Tigresa, je reviendrai plus tard te réveiller et te faire couler un bon bain.

Ses paupières papillonnent, j'attends que sa respiration ralentisse m'indiquant qu'elle s'est assoupie. Je l'embrasse une dernière fois sur le front, à la racine de ses cheveux et quitte la chambre. Je traverse le couloir pour entrer doucement dans la chambre de ma sœur, la perfusion lui a été retirée juste avant que l'on atterrisse. Je vois que la lampe de chevet est allumée et que Falco est assis à ses côtés, lui tenant la main. Elle ne dort plus et regarde fixement le plafond. Il tourne la tête vers moi quand je pénètre dans la chambre, son regard me percute, je peux y lire tout le désespoir qui habite ses yeux. Toute la douleur que l'état de ma Nini lui provoque. Il a dû pleurer car ses yeux sont rougis. Je lui fais un signe de tête en me rapprochant, lui indiquant que je prends la suite. Il libère la main de ma sœur et la repose délicatement sur le matelas à côté de son corps frêle. Il se lève, me pose la main sur l'épaule puis sort de la pièce.

Je m'approche du lit.

— Nini, c'est moi mon ange, comment te sens -tu ?

Elle tourne le regard vers moi, ses yeux sont vides d'émotion et éteints. Je comprends Falco, c'est un coup de poignard en plein cœur que je prends, le néant l'habite, son corps est là mais où est son esprit ? Pour elle, je dois tenir, ne pas lui montrer ce que son état me fait.

— Ma princesse, je vais te faire couler un bain chaud, pour retirer toute cette odeur qui t'imprègne. Je vais essayer d'effacer ce cauchemar, même si je sais que cela prendra du temps. Tu veux bien ma princesse ?

Elle hoche doucement la tête. Je me dirige donc vers la salle de bains, ouvre les robinets pour commencer à remplir la baignoire. Je trouve dans son armoire de toilettes, des sels de bain, senteur orange pamplemousse, ses préférés. Personne n'a eu le droit de pénétrer dans sa chambre, à part pour y faire le ménage. Personne n'a eu le droit de toucher ne serait-ce qu'un de ses vêtements. J'ai créé cet espace pour elle, car je n'ai jamais perdu espoir de la retrouver. J'ai fait ramener toutes ses affaires ici et j'ai fait décorer sa chambre à l'identique de l'autre, pour qu'à son retour, elle ait ses repères afin de s'y sentir bien.

Une fois le bain prêt, je me dirige vers le lit, elle n'a pas bougé, regarde toujours le plafond, je me penche sur elle, lui indiquant doucement ce que je m'apprête à faire, pour qu'elle n'ait pas peur.

— Je vais te retirer ton jeans, sœurette puis te retirer ton sweat.

Je joins mes gestes à la parole. Je fais glisser son pantalon entraînant son string. Mon dieu on ne voit que les os de ses hanches, elle est rachitique. Je continue à la déshabiller.

— Je vais retirer maintenant ton sweat-shirt.

Au fur et à mesure que je soulève le tissu, pour le passer par-dessus sa tête, ce n'est qu'une vision d'horreur qui me prend aux tripes. J'ai un haut le cœur que je réfrène tellement en me mordant la lèvre inférieure, qu'un goût de sang envahit ma bouche. Ses côtes sont saillantes, on peut les compter. Je sens les larmes envahir mes yeux mais les refoulent du mieux que je peux, car elle ne me quitte pas des yeux et les siens sont vides. Son regard me fixe sans être vraiment là. Un abîme l'a engloutie. Je ne sais pas dans quelle sphère elle navigue, mais elle n'est pas dans cette chambre, sur ce lit à cet instant précis. Lorsque son sweat est à terre, je m'aperçois que ses bras ne sont pas plus épais que de gros bambous, je pourrais faire deux fois le tour avec ma main, j'en suis sûr. Je pourrais les briser si j'appuyais un peu trop fort, c'est l'effet que cela me fait. Elle ne porte pas de soutien-gorge. Je la soulève dans mes bras, elle est plus légère qu'une plume, je n'y avais pas fait attention lorsque je l'ai portée dans sa cellule, sa cellule pourrie ! Sa pourriture de cellule ! Je vais le faire souffrir. Le colis qu'on a ramené de Las Vegas c'est lui, Caleb Noslocin et sa mort va être longue et douloureuse. Pour l'instant, il est dans le hangar ficelé comme un saucisson.

SUDDEN DEATH TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant