Chapitre 45 - Tomber dans l'oreille d'un sourd

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8 août 2289 - Nord de Chicago, zone d'exclusion

Mon esprit a du mal à assimiler l'information. Alors ça y est, ça va commencer ? Dans deux heures, la Terre va rentrer dans une guerre nucléaire ?

— Combien ? murmuré-je.

— De quoi parles-tu ?

— Combien d'habitants sur Bleiselcyon ?

— Environ huit millions, répond Kalen.

— Il faut les prévenir, soufflé-je. Il faut le faire, le plus vite possible. Pour qu'il puisse évacuer. Je ne sais même pas si deux heures seront suffisantes.

— Je suis d'accord avec toi, mais tu comprends que ça implique que nous risquions de nous faire repérer par le Grand Consul ?

— Je sais, mais il est hors de question de ne rien faire. Nous n'avons qu'à lancer l'alerte et partir au plus vite vers une nouvelle planque ?

— Pour aller où ? me demande Kalen. J'ai retourné le problème dans tous les sens, nous ne sommes les bienvenus nulle part !

— Il existe des zones très faiblement peuplées plus au nord, je suis certaine que nous pouvons trouver un autre lieu de repli.

— Nous pouvons essayer... Je me charge de joindre le Grand Consul et Bleiselcyon. Va prévenir nos compagnons afin qu'ils se tiennent prêts au départ.

J'acquiesce et me rhabille en deux temps trois mouvements. Avant de quitter la pièce, j'offre un baiser passionné à Kalen.

— J'ai confiance en toi, nous allons y arriver. Nous sauverons les tiens, et nous survivrons au Grand Consul.

— Je ferai au mieux pour ne pas te décevoir. Je t'aime, Chaton.

— Je t'aime, K.

— Pour toi, je décrocherai la lune.

J'explose de rire et pars en courant en direction des chambres. Celle des selcyns est la première où je m'arrête. Je colle mon oreille contre la porte. Aucun son ne me parvient. J'hésite à enclencher l'ouverture. Je ne tiens pas à voir Jofen et Sayan frotter le lard ensemble... Le temps presse, tant pis, je me lance. La paroi coulisse, et je découvre les deux selcyns dans le lit, mais absolument pas en pleine action. Sayan écrit des choses sur sa tablette tandis que Jofen regarde un documentaire sur le cerveau sur un mini écran holographique. Ils sont tous les deux à moitié dévêtus, mais hormis ce détail, rien ne laisse penser qu'ils aient pu avoir une relation sexuelle. Ils ne m'accordent qu'un bref regard, pas le moins du monde perturbés par mon intrusion. C'en est désobligeant. Je leur rapporte donc les dernières nouvelles sans fard. Sayan sort des draps et bondit sur ses pieds. Il est à poil. OK, j'en déduis qu'il s'est bien passé quelque chose. Je me retourne avant que mes yeux ne s'attardent là où ils ne devraient pas, et les informe que je file prévenir les filles.

Rebelote devant la porte de ma chambre. Vais-je interrompre quelque chose ? Quand je pense que Kalen et moi, on aurait pu... Je réalise que je ne suis pas si déçue que ça. J'ai aimé ce moment passionnel, j'ai vibré au contact de sa peau. Encore une étape de franchie, j'apprécie de nous voir découvrir nos sentiments et explorer nos corps en prenant notre temps. En espérant que nous vivions assez longtemps pour pousser l'expérience plus loin. Bref, je suis devant ma chambre. Connaissant Mei, je juge plus prudent de toquer fortement sur la paroi avant de l'ouvrir. J'entends quelqu'un me répondre et j'entre. Mei et Sam sont en plein visionnage de film. Je renouvelle mes explications. Sam semble compréhensive, mais Mei râle en comprenant que nous allons encore devoir fuir. Cette situation ne pourra pas durer éternellement, elle a raison sur ce point. En manque d'argument, j'écoute ses revendications sans réagir alors que nous marchons d'un bon pas vers les trois selcyns.

Corps étrangers [TERMINÉ] Where stories live. Discover now