Chapitre 9 - Détaler comme un lapin

118 16 22
                                    

20 août 2289 - Cassy-1

La porte coulisse en émettant ce son feutré si caractéristique. Nous sautons tous sur nos pieds, tendus comme des arcs (ou des strings, dirait Mei). Varely entre d'un pas lourd. Ses longs yeux bridés sont si plissés qu'il me paraît improbable qu'il puisse voir où il met les pieds. Son teint laiteux a viré au livide, et il maintient ses bras le long du corps, les poings serrés à s'en faire blanchir les articulations. Malyan surgit derrière lui, sourcils froncés. Nous comprenons tous instantanément que quelque chose ne va pas. Je me précipite vers eux, pensant au pire.

— La bombe est déjà tombée ? Tu dois nous amener à notre exécution ?

— Non, et non, grogne-t-il.

— C'est Ranissa, soupire sa comparse. Elle a disparu. D'après nos sources, elle serait interrogée par une partie de la première garde du Grand Consul.

— Sa rébellion a été découverte ? questionne Mei.

— De ce que j'en sais, ils n'ont aucune preuve contre elle, marmonne Varely. Aucune... sauf le bracelet de sécurité donnant accès aux vaisseaux d'évacuation.

— Il faut la libérer et quitter ce vaisseau, déclare Kalen. Si le mouvement contestataire de Ranissa est découvert, nous serons tous condamnés sans délai. Et quand je dis tous, ça vous inclus Ranissa, Malyan et toi, Varely.

— Plus tous nos alliés sur ce vaisseau, rajoute Malyan. La quasi-totalité des Scalts... et donc des femmes.

— Rany est gardée sous haute surveillance, murmure Varely en courbant le dos. Et je dois conduire Jofen, Kalen et Mei au Grand Consul pour assister à l'explosion. Nous n'aurons pas d'autres occasions de le neutraliser... Une fois notre chef mort, nous pourrons renverser le pouvoir et mettre Rany et les nôtres hors de danger.

— Mais nous voulons quitter Cassy-1 au plus vite ! protesté-je. Vous nous aviez promis une aide pour quitter cette prison !

— Le bracelet est avec Rany, réplique sèchement Varely avant de s'adoucir. Si vous la trouvez, elle vous mènera aux vaisseaux d'urgence.

— Je persiste à penser qu'il serait plus simple de faire atterrir Cassy-1, grommelé-je.

— Pas tant qu'il y aura cette menace de bombe super massive, Chaton ! s'exclame Kalen. C'est l'extinction de tout un peuple qui est en jeu. Mon peuple.

— Ok, ok..., abdiqué-je.

— Sayan, Sam et toi, vous viendrez avec moi, m'indique Malyan. Nous partirons à la recherche de Ranissa et du bracelet. Mon frère et le reste de votre groupe ont une mission de la plus haute importance. Dès que le reste de l'escorte sera présent, nous mettrons notre plan à exécution. À tout de suite.

Nous n'avons rien le temps de répondre que déjà la porte se referme sur eux. Nous attendons cinq minutes en nous regardant, trop perdus pour parler. Puis l'ouverture se déclenche à nouveau, et cette fois-ci, Varely est accompagné de sept autres gardes.

— Kalen F3-548, Jofen F3-549 et l'humaine traductrice, veuillez nous suivre !

Kalen me prend dans ses bras.

— On se revoit très vite, murmure-t-il dans le creux de mon oreille avant de déposer un baiser rapide, mais délicat sur mes lèvres.

Mei étreint Sam, puis Jofen avant de m'étouffer à moitié.

— Fais gaffe à ton p'tit derrière d'oie blanche en mon absence, me lance-t-elle avec une joie qui sonne faux.

Je lui souris faiblement, et lui offre un petit smack dont elle a habituellement l'initiative. La surprise sur son visage fait vite place à un sourire amusé. Un dernier clin d'œil, et elle disparaît derrière l'escorte. Jofen est le dernier à venir vers moi.

Corps étrangers [TERMINÉ] Where stories live. Discover now