La cérémonie

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La journée commença dans les cris de joie et les rires d'allégresse. Un événement fabuleux se préparait, une union amoureuse placée sous le signe de l'honneur et de la pudeur. Mon amie Jamila allait enfin quitter le nid familial et jouir des merveilles du mariage avec son époux.

La transition de fillette à jeune femme était un moment admirable qui soulevait tous les habitants du village. J'avais goûté à cette fraîcheur festive lorsque je sortis dans la rue ce matin, ma robe de chambre sur le dos, tantôt aux côtés de voisines hélant le bonheur, chantant les refrains lancés d'un coin à l'autre de leurs maisons, tantôt courant dans la foule bondée et traversant les étalages du marché avec ces mêmes refrains accompagnés des airs entraînants de la musique des tambours vibrants.

Ma course accomplie, je retournai chez moi. Cet événement, je ne l'aurais manqué pour rien au monde. Papa m'avait devancé depuis plus d'une demi-heure. Je lui avais promis de terminer les tâches quotidiennes que j'avais à la maison et à la boutique de légumes. Je ne voulais pas qu'il s'occupe de quoi que ce soit. Aujourd'hui c'était jour de fête pour tous. Pas de discussion. Cependant, j'avais encore un problème à résoudre. Un problème qui s'appelait Sidi et qui m'attendait devant la porte.

Sidi était un de nos jeunes voisins qui souffrait étrangement de chute de cheveux. Il disait toujours que ça ne l'inquiétait pas le moins du monde. Il aimait avoir le crâne chauve. Mais nous savions tous que c'était faux car il n'assumait jamais d'être vu sans couvre-chef. Peu importe, ce matin il était chez moi. Il avait profité de l'absence des gens pour ne pas attirer l'attention. Timide comme il était, je n'en attendais pas moins de lui.

Malgré le temps qui me faisait défaut, je ne l'aurais jamais empêché de profiter de mes services. Au cours des dernières années, j'étais devenue une très bonne conseillère en matière de mixture de guérison. J'aimais ce que je faisais et revoir ces gens sur pieds après avoir suivi leur traitement me ravissait au plus haut point. Tout le monde savait combien je m'adonnais cœur ouvert à ce passe-temps. Et heureusement pour lui, j'avais déjà réfléchi au remède qui lui conviendrait le jour où il se déciderait enfin à faire son choix.

— Je voudrais bien te l'acheter mais je n'ai que 5 kabal sur moi.

— Alors ne prends que la moitié. Quand tu auras assez, tu me paieras ce que tu me dois.

— Et tu penses réellement qu'avec ça mes cheveux repousseront ? Je ne sais pas trop si ça en vaut la peine...

— Sidi, comment veux-tu trouver une solution à ton problème si tu ne te laisses jamais de chance? Cette huile n'est rien d'autre qu'un mélange de gouttes d'huiles de menthe poivrée, de laurier noble et de citron mûr. Je l'utilise moi-même pour l'entretien de mes cheveux en particulier quand j'ai été très négligente. Tu ne trouveras rien de mieux pour accélérer la pousse de tes cheveux. Tu sais combien le poivre se fait rare en ce moment. C'est un prix d'ami que je te fais...

— Oui, tu as peut-être raison... Mais.

— Mais qu'il est agaçant ! (grommelais-je dans ma barbe après plus d'une demi-heure de négociation. Je passerais ma journée ici si cela ne dépendait que de lui.) Bien. Puisque c'est ainsi, viens par là !

— Pour... pour quoi ?

— Je vais t'appliquer cette huile moi-même et régler définitivement ce problème de chauve précoce.

Je sortis de la place du comptoir, retroussai les longues manches de ma tunique et saisis la tête du jeune homme un peu trop grand par rapport à moi.

— Tu n'es vraiment pas forcé de le faire pour moi, Adhara, et je ne me suis pas encore décidé...

— Arrête plutôt de gigoter, tu veux. Ce n'est pas la peine de faire le malin avec moi. Je sais ce dont tu as besoin et je sais que ton joli crâne réclame cette merveille. Voilà, c'est terminé ! Le jeune homme hagard s'éloigna de moi. Il semblait plutôt surpris de mon service expéditif.

Adhara Et Le Royaume Des Sables [ En Pause ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant