Chapitre 16 - Avoir le feu aux fesses

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Ok, je reviens sur mes a priori de petite terrienne. Les skates selcyns, c'est plutôt cool, même si ça manque de stabilité. J'en oublierai presque ma peur, main dans la main avec Kalen. Je n'arrive pas à m'empêcher de sourire, et je sens que ça l'amuse beaucoup de me voir ainsi. Cela ne l'empêche pas de garder sa main libre sur son arme. Le danger n'est jamais bien loin, on a l'habitude.

— Nous allons vers les vaisseaux d'évacuation ? demandé-je en regardant les couloirs défiler.

— Non, depuis la fuite de vos amis, la zone est étroitement surveillée et nous n'avons plus de bracelet de sécurité, m'explique Malyan. Nous rejoignons les hangars de stationnement en passant par une porte de service technique. Deux groupes doivent faire diversion pour nous permettre d'entrer.

— Les hangars de stationnement ? m'étonné-je.

— Oui, nous partirons à bord d'un vaisseau Cassy, m'explique Kalen avec un sourire.

— Mais nous serons pistés !

— Cassy-1 va atterrir. Ils auront d'autres chats à fouetter.

— Des chats ? répète Malyan en fronçant les sourcils.

— Les terriens adorent parler comme ça.

— Ces mammifères vous obsèdent. Il est vrai qu'ils sont vraiment très mignons avec leurs grands yeux et leurs petites pattes. J'ai entendu dire que certains humains en possédaient chez eux. J'aimerais tellement en avoir un à moi !

Malyan rêve d'adopter un chat. Quelle information cocasse ! Mais je n'ai pas le temps de profiter de la légèreté de la situation. La belle brune se redresse pour stopper son engin.

— J'ai entendu quelqu'un, chuchote-t-elle.

Loin d'être si habile, je freine trop brusquement et me prends un gadin monumental, entraînant malgré moi Kalen, que je n'ai pas eu le réflexe de lâcher. Oups. Je pousse un cri lorsqu'il s'effondre sur mon dos. Quelques secondes plus tard, les voix me parviennent.

— Il faut partir ! s'écrie notre guide. Debout, et vite !

Aidée par mon compagnon, je me remets sur ma planche et nous filons comme si nous avions le feu aux fesses. Nos poursuivants sont-ils équipés du même moyen de transport que nous ? Je n'ai pas envie de me retourner pour le savoir. Cheveux blonds au vent, toute ma concentration se porte sur mon équilibre. Les virages deviennent compliqués à négocier avec la vitesse et l'inévitable se produit : une deuxième chute. Cette fois, j'ai lâché K. Rien n'a donc freiné l'impact avec la paroi métallique. Je finis sur les fesses, complètement sonnée.

— Lily ! s'écrie Kalen.

— Remonte sur ta planche ! m'ordonne Malyan. Kalen, pourquoi elle ne réagit pas ?

— Je viens de me manger un mur ! m'indigné-je en luttant pour retrouver une vision nette.

— Très étrange, mais nous ne devons pas rester immobiles.

— Je n'ai pas très envie de remonter sur cet objet, couiné-je. J'ai mal à la tête.

— Tu as une sacrée bosse, fait Kalen en s'accroupissant. Nous terminons à pied. Je pense que nous ne sommes plus très loin.

Malyan acquiesce, et sans me demander mon avis, K me soulève comme si je ne pesais rien. J'ai beau protester, il refuse de me reposer.

En effet, nous atteignons rapidement un couloir plus large. Malheureusement, celui-ci est occupé. Un grand type nous regarde et se met à parler dans sa langue sans lâcher K du regard. Il lui répond avec une évidente hostilité, et l'homme enclenche un truc sur sa ceinture. Aussitôt, une mélodie de carillon résonne entre les parois, suivie immédiatement du bruit caractéristique des lasers. Le selcyn s'écroule à genou. Une tâche écarlate grossit à vue d'œil au niveau de son thorax. Je tourne la tête vers Malyan. Elle tient toujours son arme pointée vers notre adversaire, ses yeux montrent une détermination sans faille. Vient-elle vraiment d'abattre un des siens de sang-froid. Je réalise alors que j'ai placé inconsciemment ma main sur ma propre arme. Les rebelles m'ont jugée digne de confiance pour recevoir un tel bien, et comme tous les résidents de Faraday-4, j'ai appris à tirer. Mais je ne suis pas à l'aise avec un tel joujou pour autant.

Corps étrangers [TERMINÉ] Where stories live. Discover now