Chapitre 17 - Tout vient à point à qui sait attendre

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Presque immédiatement après ma démonstration de force, nous arrivons dans un immense hangar. Non, immense est encore trop faible pour décrire cet endroit. C'est juste... démentiel ! Des mini-Cassy y sont alignés à perte de vue. L'entrée par laquelle nous arrivons amène sur une étroite plateforme qui contourne ces gigantesques machines par le haut. Je baisse les yeux. Tout en bas, des hommes font des tours de garde. D'où je me tiens, ils paraissent minuscules, comme des fourmis.

— Nous devons trouver mon vaisseau, me dit Kalen.

Il jette un œil à Malyan, elle a perdu connaissance.

— Et vite, ajoute-t-il.

— Cassy-3 ? Mais comment le reconnaître, ils sont tous identiques !

— Tu plaisantes j'espère ! Cassy-3 est parfaitement reconnaissable.

Je hausse les épaules en l'écoutant m'énumérer les différences pourtant si évidentes entre son bébé d'acier et les autres : sa couleur légèrement plus claire, ses moteurs plus larges et en plus en arrière... Ok. Je suis certainement meilleure pour reconnaître des molécules que des vaisseaux extraterrestres.

— Je n'ai les codes de démarrage que pour cet appareil-là. Et le pisteur détérioré par Sayan n'a probablement pas été réparé. Même si le Consul ne tardera pas à comprendre que nous sommes en Amérisud, ça reste un avantage si nous sommes pourchassés. Là-bas ! Cassy-3 est là-bas !

Je tourne la tête dans la direction indiquée par son mouvement de menton. Hum, bon, je vais le suivre. Nous nous déplaçons sur les grilles de la passerelle comme des ninjas. Purée, le vertige me prend et rend mes jambes flageolantes. Au niveau du sol, je repère un mouvement anormal de Selcyns. Un nouveau son de carillon me parvient aux oreilles. Une alerte. Est-ce pour nous, ou les rebelles sont-ils parvenus à détourner l'attention des techniciens ? Je ne m'attarde pas sur la question et fais de mon mieux pour suivre Kalen. Malgré la présence de Malyan dans ses bras, il reste plus rapide et plus furtif que moi. Notre nouvelle amie a besoin de soin de toute urgence, aussi, je ne tente pas de le ralentir. Nous contournons un premier vaisseau, puis un deuxième. C'est à ce moment-là que je vois une goutte carmin tomber au sol. La selcyne perd bien trop de sang.

— Il faut accélérer, déclaré-je, pourtant déjà essoufflée. Ou alors, nous arrêter pour bander la plaie.

— Pas le temps. Nous y sommes presque.

J'oublie le mode furtif et allonge le pas. Purée de chiotte, le sang continue de tomber. Et crotte, une des gouttes traverse le sol grillagé pour prolonger son voyage jusqu'au niveau inférieur. Troisième vaisseau, ce n'est toujours pas Cassy-3.

— C'est encore loin ? demandé-je en soufflant comme un bœuf.

— Le prochain, tu ne reconnais pas son...

Des cris en provenance du bas interrompent mon Kalen. Nous penchons la tête en même temps pour constater avec horreur qu'un attroupement composé d'une dizaine d'individus s'est formé vingt mètres plus bas. Tous nous désignent du doigt. Sans nous consulter, nous nous mettons tous les deux à courir. Nos pas tambourinent sur la grille et j'ai soudain le sentiment que cet immense hangar sert de caisse de résonance. Nous arrivons enfin à Cassy-3 (qui soit dit en passant n'a clairement rien de différent des autres vaisseaux, mais ce n'est pas le moment de le faire remarquer à mon compagnon). Je n'ai pas le temps de me questionner sur la façon d'entrer dans ce mastodonte que K fait passer Malyan sur son épaule pour s'accrocher à une échelle.

— Attends en haut ! m'ordonne-t-il.

J'obéis, mais me penche pour voir ce qu'il trafique. Pianotant une surface noire et lisse de ses doigts, je devine qu'il nous déverrouille l'accès. Un bruit métallique précipité me fait comprendre que je vais bientôt avoir de la visite. Je me relève, hésitante. Un groupe de Borls en combinaison verte typique de la première garde arrive en courant vers moi. Je dégaine mon laser et tire dans leur direction. Aucun recul, c'est incroyable, mais j'ai visé comme un pied. Et qui sème le vent, récolte la tempête. Mes adversaires s'emparent de leurs armes pour riposter. Tant pis pour la consigne, je bondis sur l'échelle pile au moment où Kalen déverrouille le sas.

Corps étrangers [TERMINÉ] Where stories live. Discover now