Chapitre 18 - La fleur au fusil

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Je suis sur mon petit nuage. Techniquement, je suis même au-dessus puisque nous atteignons à peine la stratosphère. Ce moment avec Kalen était juste... waouh ! Je n'ai qu'une envie : recommencer ! Mais mon chéri a dû se résoudre à reprendre les commandes de son gros engin. Je parle de Cassy-3 bien évidemment. Je ricane comme une imbécile. Que c'est bon d'être amoureux, que c'est doux. J'ai l'impression d'être légère, comme sous l'emprise d'une drogue euphorisante. Il est ma drogue. Excès de dopamine et de sérotonine. Bon sang, je me mets à parler comme lui. Nouveau sourire idiot sur mon visage.

— Mon amour, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, m'annonce Kalen. La bonne c'est... Chaton ? Pourquoi tu souris ?

— Pourquoi toi tu souris, si tu as une mauvaise nouvelle ? répliqué-je.

Car oui, mon flegmatique K affiche lui aussi un rictus niais depuis qu'il m'a fait l'amour comme l'apollon extraterrestre qu'il est. J'en frissonne encore, brrr ! Mon délicieux amant me rejoint en deux enjambées et me plaque contre lui. Il m'embrasse férocement. OK, on ne peut pas rester en orbite quelques heures de plus ?

— Hu-um, commence Kalen en détachant à peine ses lèvres des miennes, donc la bonne nouvelle c'est que nous n'avons pas été suivis.

— Heureusement, car tu n'étais pas en état de défendre le navire, soufflé-je dans son oreille, provoquant chez lui une légère secousse.

— La faute à qui ? Petite terrienne dévergondée.

Je ris doucement dans son cou, et ses bras se resserrent davantage autour de moi. Malheureusement, il se recule bien trop vite à mon goût.

— La mauvaise nouvelle ? demandé-je en soupirant.

— Impossible de joindre Faraday-51. J'ignore comment Varely a procédé pour y parvenir. J'ai tout de même pu contacter un camp situé dans la ville de Brasilia. Nous ne pouvons échanger que par message écrit, ce n'est pas mon point fort.

— Tu as besoin de mon aide ?

— Oui, s'il te plaît, Chaton.

Le Chaton a carrément envie de se mettre à ronronner (émettre des vibrations pour exprimer mon bien-être, dixit Malyan), mais je me fais violence pour le suivre vers l'écran de contrôle. Trois petits points clignotent. Kalen appuie sur une touche et un message s'affiche en lettres bleutées sur un fond noir :

à SOS, SOS, demande d'assistance (message automatique).

à Brasilia camp de la Félicité, nous vous écoutons.

— Ok, tu veux que je tape un message ?

— Je te pense plus qualifiée que moi pour prendre contact avec une communauté de terriens. Ce bouton active la saisie vocale.

Je m'approche et tends mon doigt à deux millimètres de la touche. Je prends une grande inspiration et me lance.

— Bonjour, je m'appelle Lyna Ferrat, je suis médecin originaire d'Amsterdam. J'ai habité Faraday-4 pendant deux ans. Je suis accompagnée de deux selcyns : une femme nommée Malyan et un homme, Kalen F4... F3... il s'appelle Kalen. Nous venons en paix solliciter votre aide. Je répète, nous ne sommes pas hostiles et avons besoin de vous.

Je relâche mon doigt et interroge du regard mon Kalen F je-ne-sais-plus-combien. Il acquiesce lentement, le visage tendu et les yeux rivés sur l'écran. Mon message est retranscrit à l'identique à l'écrit.

— Nous pouvons rejoindre ces gens en une vingtaine de minutes, mais j'aime mieux les entendre nous dire qu'ils ne nous accueilleront pas avec des armes.

Corps étrangers [TERMINÉ] Where stories live. Discover now