Chapitre 31 - Comme cul et chemise

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31 août 2289 - Campo Santa Maria, Papuda

Je vérifie une nouvelle fois les réflexes de la jeune femme. Comme le craignait Sayan, elle n'a pas totalement récupéré des séquelles qui ont suivi la morsure de serpent dont elle a été victime. Les zones nécrosées de son encéphale le sont restées, et le flaster n'a fait que stimuler sa plasticité cérébrale. Mei hausse les épaules, légèrement déçue, ce qui n'est pas le cas de Luisa qui, à ses dires, ne s'est jamais sentie aussi bien de sa vie. Sa prosodie reste lente et reconnaissable, mais elle voit le bon côté des choses, alors je lui adresse mon plus sincère sourire avant de la libérer.

Je laisse le médecin officiel du campo prendre le relais et me retire avec Mei. Les garçons, Malyan et Sam ne sont toujours pas rentrés. Nous prenons une douche et les attendons patiemment en discutant de tout sauf de cette guerre qui se prépare. Car oui, il s'agit bien d'une guerre. Ma brève visite sur Cassy-7 me l'a fait réaliser.

La nuit est tombée quand, enfin, Sam vient nous chercher pour que nous les rejoignions au réfectoire. Nous y trouvons la même équipe qu'hier. À cette heure tardive, il n'y a que peu de locaux en train de se restaurer, mais chacun d'eux a les yeux braqués sur nous. On entendrait presque le bruit de leur mastication.

— Alors, quel est le programme ? demande Mei. La fin de l'ultimatum du Consul approche.

Les trois Temens lèvent la tête comme un seul homme vers Kalen qui répond par un raclement de gorge irrité. Cette attitude machiste commence à sérieusement me taper sur le système. Aston se tourne finalement vers ma meilleure amie.

— Nous avons sondé quelques bases dont nous sommes proches, et certains Temens nous ont assuré de leur appui stratégique le moment venu. Mais pour résumer la situation, l'immense majorité des bases maintient sa position et refuse de s'engager d'un côté ou de l'autre. Avec les données de Kalen et les informations recueillies ce jour, je pense que nous pouvons faire une estimation de trente mille sympathisants. En plus des hommes présents ici : vingt-deux mille deux cent quarante-sept soldats, et elle.

— Malyan, je m'appelle Malyan ! grogne cette dernière. Nous pouvons également compter près de sept cent mille rebelles disséminés dans des bases et des vaisseaux en stationnement dans l'atmosphère, d'après mon frère. Tous ne pourront pas combattre, par manque d'armes et de formation au combat, mais comptez sur plus de la moitié de cet effectif pour vous appuyer au sol.

— C'est énorme ! siffle Jarod en nous rejoignant avec deux amis.

— Pas tant que ça, soupire Kalen. Cassy-1 compte près de neuf millions d'habitants, et au moins un quart d'entre eux restera fidèle au Grand Consul jusque dans la mort.

— Mais ils sont dans un vaisseau, intervient un soldat du campo en poste près de la fenêtre. Ce devrait être facile de les encercler.

— Avez-vous une idée de la taille du vaisseau en question ? demande Jofen sans agressivité.

— Non, aucune, avoue l'homme.

— Mais selon la configuration du site, il reste possible de les prendre en tenaille, nous lance une femme en se rapprochant. Avez-vous vu des images du lieu où se situe ce vaisseau ?

— Très peu, avoue Kalen.

— J'ai quelques enregistrements, annonce Kiodo, irrité par les interventions des Brasiliens. Nous pourrions tenter une manœuvre de type kromblei, la grande ombre.

— Si le consul est réellement sur ses gardes, il s'y attendra, réfléchit mon compagnon. Il nous faut le maximum d'images satellitaires et nous choisirons la meilleure stratégie à adopter.

Corps étrangers [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant