Loris était donc bel et bien là cette nuit.
Ça remue dans mon ventre et je me recroqueville.
Mince.
Je me connais, c'est pas bon, ça, mais c'est plus fort que moi. Ilyès m'a attiré comme ça, la première fois, avec son incroyable gentillesse et sa prévenance. J'ai développé un besoin maladif qu'il prenne soin de moi, afin d'éloigner la solitude qui pesait constamment. Ses absences me rendaient malade, m'angoissaient.
Je ne suis quand même pas en train de retomber dans mes travers ? Avec Sohan qui m'a été pris, je suis probablement en train de tenter de m'accrocher à la première personne qui fera attention à moi. Et je sais qu'il aime aussi les garçons...
Je repousse les draps et me lève brusquement, comme pour chasser ces pensées. Je ne suis plus un enfant ! Je m'asperge le visage d'eau et frotte énergiquement ma peau pour faire disparaître toute trace d'égarement. J'inspire face au miroir et m'ordonne :
— Déconne pas.
Je descends les escaliers en tentant de faire le moins de bruit possible, mais ma cheville droite craque une marche sur deux. En bas, tout semble calme. Quelle heure est-il ? Sont-ils tous réveillés ? Je ne sais pas ce qui est le pire : qu'ils soient déjà tous partis sans que je n'ai pu les saluer – le comble de l'impolitesse après avoir déserté hier –, ou qu'ils soient tous là, à attendre mon réveil ?
Le salon est baigné de soleil. Le rideau en voile légère ondule sous une brise venant de dehors. À l'ombre d'un parasol, lunettes de soleil sur le nez, Loris semble trop détendu. Sa tête est tournée sur le côté, son t-shirt à manches longues dévoile une partie de son cou et de sa clavicule. Ses mèches vénitiennes tombent en désordre sur son front, sa bouche est entrouverte.
Charles le désigne d'un sourire moqueur et pose un index contre ses lèvres. Il délaisse son manga et se lève de son transat pour me faire signe de le suivre.
— T'as faim ? Il reste des gaufres, c'est Olympe qui les a faites.
Il me désigne l'assiette encore pleine de sucreries qui trône sur la table. Un coup d'œil au four m'indique qu'il est déjà quatorze heures douze. Je manque de m'étouffer avec ma propre salive. Je n'ai jamais dormi aussi longtemps ! Mon ventre gargouille bruyamment, alors que Chopper rentre dans la cuisine et me fait la fête, la langue pendante. Sa fourrure est brûlante, comme s'il avait pris un bain de soleil. Je le gratte doucement derrière les oreilles.
— Oui, je... Désolé. Tout le monde est parti ?
— Oui, ne t'inquiète pas.
Pourquoi suis-je autant soulagé ? Un poids s'ôte de mes épaules, mais je sais que ce n'est pas bien.
Ses amis ont pourtant l'air géniaux.— Non, c'est rien, ils auraient pu rester.
Ce sont-ils sentis mal à l'aise ? Obligés de partir ?
— Écoute Aloyse, je suis désolé, OK ?
Ses yeux verts, identiques aux miens, sont emplis de culpabilité.
— J'aurais dû te demander avant si je pouvais les inviter. En fait, j'avais hâte de te les présenter, j'ai pas réfléchi à comment tu le prendrais.
— Non, t'inquiète ! Ils ont l'air sympas, je t'assure. Ils ont tout de suite essayé de me mettre à l'aise.
— Mais c'était un peu trop d'un coup ?
— Peut-être.
On s'échange un sourire un peu gêné, tiraillés entre la volonté de nous ouvrir un peu plus et celle de nous arrêter là pour aujourd'hui. Charles brise ce moment en tirant l'assiette de gaufres entre nous et je prends le pot de pâte à tartiner à la noisette bio.
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Une cuillère et demie de chocolat en poudre
RomanceRémission. Un espoir devenu réalité, un combat gagné. Ces gros titres font la première page des journaux peoples et réjouissent les fans de l'ancien couple d'acteurs Rey-Joly qui a déjà traversé tant d'épreuves. Charles, leur fils, a vaincu son canc...
Chapitre 15
Depuis le début