Chapitre 49 - Ne pas être sur la même longueur d'ondes

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D'autres lumières s'allument, et la première chose que je vois, c'est Kalen et Sayan pointant leurs armes sur... moi. Ou plutôt sur l'homme qui accapare le corps de mon père et qui se sert de moi comme bouclier. La deuxième chose, ce sont les dizaines de soldats selcyns, au moins cinquante si ce n'est plus, qui eux, braquent leurs lasers sur mes deux amis. Mei est toujours allongée à quelques mètres de Sam qui me regarde, les yeux écarquillés d'effroi. Et moi, je sens mes organes se liquéfier. Je ne peux pas les perdre. Pas Mei, pas mon père, s'il vous plaît...

— Eh bien, docteur Ferrat, ricane mon assaillant d'une voix trop machiavélique pour appartenir à Marius Ferrat. Voilà qui est intéressant : je deviens à la fois le géniteur de Kalen, et le vôtre. Quelle drôle de sensation que de se voir contraint par un corps si faible.

Le monde autour de moi se met à tourner, provoquant un léger déséquilibre qui ne passe pas inaperçu auprès de mon ravisseur.

— Oui, ma chère, vous avez bien compris. Je suis le Grand Consul et je me suis enfin décidé à glisser. J'y ai été en réalité contraint par cet atterrissage forcé sur votre planète. Il paraîtrait que cette idée de sabotage vient de vous. Il m'a donc semblé normal de m'approprier le corps de celui que vous appelez père. Prenez ça comme un hommage.

—NON ! hurlé-je, déchaînée.

Le Consul... mon père... mon cerveau refuse d'intégrer cette réalité. Je me débats si vivement que je manque de nous renverser tous les deux.

— Calmez-vous, ou ma garde exécute Kalen ! m'ordonne-t-il.

Ces quelques mots m'immobilisent immédiatement. Je viens de perdre mon père et peut-être Mei, je refuse de perdre Kalen. Je trouverai une solution pour le faire payer, mais réagir à chaud ne fera qu'aggraver la situation.

— Puis-je la tuer, Général ?

Nous pivotons légèrement et, malgré mes larmes de rage, je vois le Général Lee accompagné de Gatien, son fidèle toutou à la nouvelle carrure d'armoire à glace, se rapprocher d'un pas décidé. Mon ex porte encore son vêtement taché de sang. Son nez me semble un peu de travers, mais je ne vois aucune trace d'hématome malgré la puissance des coups que je lui ai infligés à notre dernière entrevue. Il reste en retrait, et je me concentre sur ce tocard de Lee. Mon ancien supérieur avance jusqu'à moi et nous nous fusillons du regard. Puis, d'un geste que je ne vois pas partir, il m'assène un violent coup de poing au niveau du ventre, coupant le peu de souffle qui me restait.

— Lily ! crie Kalen en s'avançant.

Mais il est vite calmé par un tir ennemi qui vient frôler ses pieds. Je me sens tellement en colère, impuissante, ivre de rage. Tous les coups que je pourrais recevoir ne seront jamais aussi douloureux que cette vérité : le Consul m'a pris mon père. Qu'est-ce que je vais pouvoir dire à ma mère ? En admettant que je sorte d'ici en vie, ce qui est mal engagé.

— Vous me le paierez, grogné-je, encouragée par une fureur incontrôlable. Je vous tuerai tous vous, Lee, Gatien et ce taré de Muzhi !

J'entends le chef des Selcyns ricaner dans mon dos.

— Soyez rassurée, Muzhi est déjà mort, lâche tranquillement le Général Lee tandis que Gatien recule d'un pas en baissant la tête. Il y a un peu plus de vingt-quatre heures. Tué par ces chiens à la botte de Silva, le traître lécheur d'aliens. Un peu comme vous. La super massive est surement démantelée, à l'heure qu'il est. Votre Maréchal doit jubiler. Mais c'est la seule bonne nouvelle que j'ai à vous annoncer, docteur Ferrat. Muzhi disparu, je deviens le chef des opérations humaines et l'associé principal du Grand Consul. Et vous, misérable Européenne, vous contrariez mes plans depuis trop longtemps.

Corps étrangers [TERMINÉ] Where stories live. Discover now