- Au revoir...

Natalia donna un coup de coude à Faustine, le regard accusateur.

- Tu pourrais être un peu plus loquace avec lui. Il fait pas mal d'effort.

- Je ne veux pas qu'il se fasse des idées. Je n'ai qu'une peur, c'est qu'il contacte mes parents pour leur demander ma main. Plaisanta l'intéressée en regardant son collègue s'éloigner.

- Tu penses qu'ils accepteraient ?

- Ils en seraient capables. Ils ont l'espoir que l'amour me fera revenir en France... En plus, Luc est de bonne famille. Argument auquel mes parents ne résisteraient pas.

- Tu m'étonnes...

Faustine et Natalia allèrent poser leur plateau sur le tapis roulant, menant aux cuisines. Elles saluèrent plusieurs connaissances, ne s'éternisant pas pour ne pas faire attendre leur patron. Elles rejoignirent rapidement la salle de regroupement où Mr Mori les attendait déjà. Natalia et Faustine le saluèrent d'un hochement de tête.

- Bonjour Mesdames. Asseyez-vous.

- Les autres ne sont pas, encore, arrivés ? Demanda Faustine, observant autour d'elle.

- Je n'avais besoin de voir que vous. Vous avez été choisi par le client.

- Oh... Et pourquoi une convocation ? Ce n'est pas la première fois qu'un client choisit son accompagnant.

Mr Mori se redressa de son siège. Son physique ingénu contrastait avec sa réputation de patron difficile. Il toussota pour s'éclaircir la voix, ce qui annonçait une annonce compliquée. Son malaise était palpable, si bien que Faustine se mit sur ses gardes. Natalia, de son côté, se montrait enchantée d'avoir été choisie par un client.

- Eh bien... Mr Sticoner, qui vous a choisi, souhaiterait se rendre dans un endroit bien spécial.

- Lequel ?

- Tout d'abord il faut que vous sachiez que cet homme est considéré comme le client d'honneur. La compagnie ne peut rien lui refuser vu qu'il finance beaucoup de nos projets.

La remarque inquiéta, d'autant plus, Faustine. Un tel argument, mise en avant, n'annonçait rien de bon pour elle.

- Et que souhaite-t-il ? Demanda Natalia.

- Il souhaiterait qu'on lui fasse visiter les ruines de Lorny.

Faustine redressa son regard vers Mr Mori, n'étant pas certaine d'avoir bien entendu. Elle ne connaissait pas encore, avec précision, les différents territoires du pays mais ce nom était plutôt connu, depuis son arrivée.

- Les ruines de Lorny ? N'est-ce pas proche de la frontière ?

- Je sais et je suis désolée de vous demander ça mais nous n'avons pas le choix.

Les excuses n'en étaient pas réellement et Mr Mory espérait clore la discussion rapidement, par ce tour de passe-passe.

- Sans vouloir me montrer tatillonne, cette partie est interdite à toute personne ne faisant pas partie de l'armée ou ayant une autorisation du gouvernement... Ajouta Faustine, ne souhaitant pas en rester là.

Son patron balaya l'argument d'un geste de la main.

- Le client a arrangé tout cela. Il a eu les accords nécessaires.

- Et si jamais nous croisons des personnes du clan Lacole ?

- Cela fait bien longtemps que l'armée ne les a pas croisés, dans cette partie de la région. Ils maintiennent le site fermé, pour ne pas prendre de risque.

Natalia suivait la conversation, sans trop comprendre, mise à part que l'attitude de son amie lui faisait penser que la situation n'était pas la plus safe. Se sentant mise à l'écart, elle rejoignit le débat.

- Quelqu'un peut-il m'expliquer de quoi il en retourne ?

- Tu ne connais pas le Clan Lacole ? Demanda Faustine, étonnée de la question.

- Non... Pas vraiment...

- Ils font la une, depuis plusieurs mois, des journaux. C'est un genre de secte qui se développe, dans les régions limitrophes. Ils ont une vision assez archaïque et patriarcale de la société.

- C'est-à-dire ?

- Les femmes ne sont que des objets, les personnes ne faisant pas partis de leur clan sont plus faibles qu'eux... Ce genre d'idéaux.

Faustine avait passé plusieurs jours, avant son départ de France, à se renseigner sur les dangers possibles du pays où elle se rendait. Le Clan Lacole revenait souvent et, même à son arrivée, les membres de cette secte semblaient en inquiéter plus d'un.

- Sympa... Et c'est vraiment dangereux d'aller sur cette zone ?

- Bien s... Commença Faustine.

- Non ! La zone a été sécurisée et il n'y a pas eu trace du Clan depuis plusieurs mois. La coupa Monsieur Mori.

Natalia observa son amie, pas emballée par cette idée. Néanmoins, elle ne pouvait se permettre de refuser l'offre. Les excursions spéciales, à la demande des clients, étaient celles où le pourboire était le plus important et elle en avait besoin. L'argent qu'elle gagnait partait, pour la grande majorité, à ses parents malades. L'inquiétude des répercussions sur son travail, si elle refusait l'offre, rajoutait un argument à sa prise de décision. La jeune femme se leva de son fauteuil, sûre d'elle.

- Nous accompagnerons Monsieur Sticoner avec grand plaisir.

Faustine dévisagea son amie alors que Monsieur Mori se tournait vers elle.

- Puis-je compter sur vous ? Demanda-t-il à la réfractaire.

Si elle avait été seule, Faustine aurait refusé, se moquant des répercutions et réprimandes. Néanmoins, maintenant que Natalia avait donné son accord, elle ne pouvait pas la laisser s'y rendre seule. Elle acquiesça, non convaincue. Son chef sourit et tapa dans ses mains, satisfait de la fin de l'échange.

- Très bien, votre excursion commence dans une heure... Vous verrez, Monsieur Sticoner est une personne admirable.

Les deux employés ne répondirent rien et le saluèrent, d'un signe de tête, avant de sortir. Une fois la porte du bureau refermée et certain que personne ne l'entendrait, Monsieur Mori soupira et se laissa tomber dans son siège de bureau.

- Maintenant, il ne reste plus qu'à croiser les doigts que tout se passe bien...

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