Chapitre 33

Depuis le début
                                    

Alors, j'ai accepté.

Les portes face à moi s'ouvrent lorsque j'arrive face à ces dernières, me laissant accéder à l'accueil du service de chirurgie. Monsieur Hopkins est assis sur l'un des sièges de la salle d'attente, caressant tendrement la tête de sa femme endormie. J'attrape deux gobelets près de la fontaine et les remplis d'eau, me dirigeant vers le couple avec la meilleure nouvelle qui soit.

Le mari relève la tête vers moi, réveillant doucement sa femme. Je les admire. Ils ont passé la journée sur les dures sièges de la salle d'attente, attendant des nouvelles de leur fils, même s'ils savaient que l'opération risquait de durer des heures. Ils ont patiemment et courageusement attendu que je vienne leur annoncer le succès ou le désastre de cette transplantation, la survie ou la mort de leur petit garçon.

— Docteur Sanders ? Comment va Tom ?

Je leur tends les verres d'eau alors qu'ils se relèvent pour me faire face, entrecroisant leurs doigts si forts que je jurerais voir leurs mains devenir blanches.

— L'opération a été plus compliquée qu'escomptée. Lorsque nous avons commencé à retirer son cœur, Tom a fait une hémorragie. Mais nous avons réussi à l'arrêter. L'opération a été un succès. Il nous faut maintenant attendre afin de voir s'il ne rejette pas la greffe, mais nous sommes en bonne voie.

Les jeunes parents lâchent un soupir à s'en décrocher les poumons, vidant leurs gobelets d'une traite. Je vois leurs yeux s'embuer, des larmes de soulagement ne tardant pas à perler aux coins de leurs yeux.

— Merci, docteur Sanders. Merci infiniment.

— Merci à vous d'élever un petit garçon aussi fort et courageux que Tom.

Ils m'adressent un sourire radieux alors que je prends congé, les laissant entre les mains expertes de l'un des infirmiers de mon service. Je rejoins mon bureau presque au pas de course, m'enfermant dans ce dernier.

Je me laisse tomber sur le fauteuil derrière le grand meuble en bois, prenant ma tête entre mes mains. Je me repasse le déroulement de l'opération, cherchant l'instant même où nous avons pu commettre l'erreur qui a failli tuer mon patient. L'erreur était-elle humaine ou bien était-ce son artère qui était trop fine, trop fragile ?

Je sais que les choses ne m'auraient pas autant touché s'il avait été question d'un adulte. Je manipule tellement rarement de si petits cœurs... Être médecin, c'est aussi faire face à l'injustice du monde. De si petits et innocents êtres ne sont malheureusement pas épargnés par les maux, tant physiques qu'abstraits. Mais il reste toujours une infime petite chance de pouvoir guérir ces maux. C'est pour cela que je suis devenu médecin.

Pour embrasser cette toute petite, minuscule, chance.

Des coups retentissent contre la porte de mon bureau et je relève la tête, essuyant d'un revers de la manche rageur les larmes qui avaient commencé à dévaler le long de mes joues. Je lance un vague « entrez » en me redressant, tentant de reprendre de ma superbe.

— Aaron ?

Une tête blonde que je reconnaîtrais entre mille passe la porte entrouverte. Je me lève et rejoins l'entrée de la pièce m'étant réservée en quelques enjambées. Lilibeth ouvre la porte en grand et je la serre dans mes bras à peine a-t-elle mis le pied dans mon bureau. Je niche ma tête dans son cou et hume son parfum à pleins poumons.

— Quel accueil !

Son rire retentit en moi comme une douce mélodie, venant panser mes maux. Elle n'imagine pas à quel point elle ne pouvait pas mieux tomber.

By Lilibeth LockwoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant