— Mais comment font-ils pour vivre dans ces conditions ? Chuchote ai-je

— Ils n'ont pas le choix, la plupart sont nés ici, ils ne connaissent que ça. Ils n'ont jamais connu le confort d'un royaume, alors pourquoi nous envirait-ils sans connaître la sensation ?

Il m'a parlé. Il a dit une longue phrase, qui de plus, était pleine de sens. Je tourne ma tête vers lui, espérant y voir une nouvelle expression, n'importe quoi. Mais il reste impassible. Comme si la vie ne lui avait jamais fait de cadeaux. Qu'ils subissaient le sort qui s'abat sur lui tous les jours. Un enfant traverse devant Arion, qui a un mouvement de recul.

— Pardon ! Hurle-t-il dans sa course.

Je ne devrais même pas être étonné de leur politesse, de le voir s'excuser, mais je le suis. Même à Sedith, certains ne s'excuseraient jamais, comme Rhéane. Jamais elle ne présentera des excuses à qui que ce soit, pas même à ses amies Vanille et Soléa. Elle ne sait que mépriser les autres. Peut-être est -elle malheureuse dans sa vie, comme Adelio ? Ma cuisse continue de me bruler, l'infection continue toujours de se propager. Je n'ai rien pour l'empêcher de s'empiré, je n'ai pas pensé en quittant Sedith à ces détails-là. Je suis bien trop bête. Mon ventre gargouille, mais je l'ignore. La chaleur me fait transpirer, on se rapproche de plus en plus d'Harenae, de Kassian. Son visage me hante jour et nuit. Je vois chaque trait de son visage, chaque détail, son sourire en annonçant ma surprise, ses yeux aussi vicieux qu'un serpent. Je veux que ce soit moi qui vois pour la dernière fois avant de mourir.

— Tu feras quoi une fois que tu l'auras tué ? Demande Adelio comme s'il lisait dans mes pensées. Ne pense même pas à retourner à Sedith, ce sera la mort. Harenae, ce sera la mort. Damhor, ce sera la mort. Tu ne pourras que déserter et vivre la même vie qu'eux, termine-t-il en pointant du doigt les habitants devant nous.

Je sais que je devrais renoncer à toute la vie et le confort qui m'était offert. Que je ne pourrais plus jamais revoir ma mère en public, ni Adélaïde, ni Nathara, plus personne. L'idée m'effraye, de me retrouver seule jusqu'à la fin de ma vie, avec Arion. Mais vivre sans Elysia, c'est dur. Elle me rend visite à chacun de mes cauchemars, et disparaît à mon réveil.

— Je le sais.

— Tu ne vivras pas longtemps.

Je le sais aussi.

— Si personne ne le tue, il faut que je le fasse.

Un vent frais commence à se lever, faisant virevolter les cheveux en l'air. Arion secoue sa tête, il n'est pas un grand fan du vent, alors que le froid ne le dérange pas.

— Pourquoi Kassian ?

Il ne me regarde même pas en posant sa question, son regard se pose sur les passants qui discutent ou se battent dans des ruelles.

— Il me l'a dit, je ne l'ai pas pris au mot.

Je serre les rennes, j'aurai pu éviter sa mort.

— Il était tellement content de me dire qu'il m'avait réservé une surprise avant de partir. Et Elyisa m'a dit le jour de sa mort qu'elle avait rendez—vous avec quelqu'un dans le château du roi.

— D'accord.

Je me retiens d'exploser. Il est la première personne à qui je confie de secret, le tout pour qu'il me réponde un seul mot. Il se fiche royalement de la mort d'Elysia.

— Pourquoi n'as—tu pas encore essayer de m'assassiné ici, en dehors du royaume ?

Il enlève la cape de son visage laissant apparaitre ses cheveux marbrés de noir et blanc.

Screaming HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant