Chapitre IV : 8

Depuis le début
                                    

- Kikoru !

Sans réfléchir, Kafka s'élance et disparaît de ma vue avant que je ne puisse l'en dissuader.

Bordel !

Je tente de le rattraper mais il est bien plus rapide que moi. Son odeur est diffuse, je n'arrive pas à déterminer la direction qu'il a empruntée pourtant je me fie à mon instinct et continue.
Il y a quelque chose d'étrange, une autre odeur. Ce n'est ni celle de Kafka, ni celle des yojus.

La mort.

Mon corps est projeté avec force dans un ruelle isolée. Le choc se répercute à travers mes os et je sers les dents pour ne pas hurler, ma cheville est brisée.

- Ichihara.

Le vice capitaine est sur moi, son bras bloquant ma trachée. Ses yeux luisent dans la pénombre, d'une lueur dangereuse.

- Vice capitaine. Je le toise d'un air mauvais en espérant que mon insubordination suffise à détourner son attention de ma cheville.

- Tu mériterais une punition exemplaire pour ce que tu as fait.

J'hausse les épaules et déglutis péniblement.

- Pas la peine de me faire la morale sur les risques, je suis encore en vie. Et puis...

Je m'avance assez pour que mon visage soit proche du siens, son souffle rauque caressant mes joues.

- Si vous êtes là, ce n'est pas pour vous assurer de mon état. Je ne suis pas aussi idiote.

Le silence qui s'ensuit est la réponse que j'attends. Le supérieur mis au pied du mur par le rookie qui le provoque sans vergogne.

- Alors tu es encore plus stupide que je ne le pensais.

Ma bouche s'ouvre puis se referme, que dois-je répondre à ça ? Quelle est cette sensation ?

Hoshina recule lentement, puis me tends la main.

- Ta cheville, tu vas pouvoir courir ?

Quoi ? Ça aussi il l'a vue ? Il n'est pas devenu vice capitaine sans raison.

- Ça ira, c'est juste une foulure. Je réponds machinalement en remuant la cheville pour le lui signifier.

- Alors ne perdons pas de temps, tu dois évacuer avant que le complexe ne soit prit d'assaut par ces choses.

Ces choses ?
Je n'ai pas le temps de poser davantage de question que nous nous engageons à toute vitesse entre les rues lézardées du terrain d'entraînement.
Combien de temps s'est écoulé depuis que nous nous sommes séparés avec Kafka ? J'ai la nette impression que ça fait des heures, mais pourtant ce n'est pas le cas.

Pendant notre fuite, je constate plusieurs dépouilles de yojus qui semble reprendre vie de manière inexplicable, les organes serpentent sur le sol pour se glisser dans les cadavres.

- Centre de contrôle, paré pour extraction.

Je détaille notre environnement, écoutant le vice capitaine d'une oreille distraite.

- Stop ! Son bras viens s'enrouler autour de ma taille.

Encore cette sensation, qu'est-ce que c'est ?

- Monsieur ? Je l'interroge du regard mais l'expression de son visage me dissuade de continuer.

En réponse, ses doigts se resserrent autour de moi, me coupant le souffle l'espace d'un bref instant. Cette proximité est tout bonnement indécente mais mon corps -  lui - ne s'en plaint pas.

- La zone d'extraction est devant, cours et ne te retourne pas.

Il me relâche précipitamment avant de disparaître. Mon esprit rationnel veut que j'aille me retrancher avec les autres participants, là où je ne risque pas de révéler mon monstre.
J'avance vers la grosse porte métallique quand une onde de choc secoue mon corps. Un Kaiju, sa puissance est démesurée.
Sa force écrasante me cloue sur place, mes pieds refusent de faire un pas de plus.

Il y a deux hypothèses, soit il s'agit de la présence que j'ai sentis et qui se manifeste ou ... c'est Kafka.

Desperate Heresy  - Soshiro Hoshina (Kaiju no 8)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant