Entre l'ombre et le désir

Chapitre 12

Sofia prit une profonde inspiration et releva la tête, son regard croisant celui de Giovanni.

— Conduis-moi à lui, déclara-t-elle d'une voix ferme.

Giovanni la fixa un moment, cherchant à déceler ses intentions. Puis, sans un mot, il se retourna et lui fit signe de le suivre.

Ils marchèrent en silence à travers les couloirs du manoir, la tension palpable à chaque pas. Giovanni la conduisit jusqu'à une porte qu'elle n'avait jamais remarquée auparavant. Derrière celle-ci se trouvait une pièce sombre et spacieuse, éclairée seulement par la lumière tamisée d'une lampe.

Alessandro se tenait là, près de la fenêtre, le regard tourné vers le jardin. Entendant la porte s'ouvrir, il se retourna lentement, ses yeux sombres se posant sur Sofia avec une intensité qui la fit frissonner.

— Giovanni t'a parlé, commença-t-il, sa voix basse résonnant dans la pièce.

Sofia hocha la tête, incapable de détacher son regard du sien.

— Alors, tu as pris ta décision ? demanda-t-il, s'approchant d'elle avec une lenteur calculée.

Sofia sentit son cœur battre plus fort. Elle savait qu'à cet instant, tout pouvait basculer. Chaque fibre de son être lui criait de fuir, mais elle était comme paralysée par la présence magnétique d'Alessandro.

— Pourquoi maintenant ? demanda-t-elle, tentant de comprendre ce qui le poussait à agir ainsi.

Alessandro esquissa un sourire froid, ses yeux ne quittant pas les siens.

— Parce que la situation avec Lopez devient trop dangereuse, répondit-il. Je n'ai pas le temps de m'occuper d'un imprévu comme toi. J'ai d'autres choses plus importantes à gérer. Tu voulais ta liberté, tu l'as. Mais si j'apprends que tu as parlé... tu peux oublier ta liberté à jamais, menaça-t-il, sa voix se faisant plus dure.

La tension était palpable, chaque mot résonnant comme une menace à peine voilée. Sofia savait que son choix ne se limitait pas à une simple décision de partir ou de rester.

Elle jouait avec des forces qui la dépassaient, et Alessandro venait de lui rappeler brutalement la réalité de la situation. Mais derrière cette dureté, elle percevait quelque chose de plus profond, un conflit intérieur qu'il ne laissait transparaître qu'en de rares instants.

Il avait dit tout ce qu'il avait à dire. Sofia, la gorge serrée, le regarda une dernière fois, scrutant ses yeux à la recherche de la moindre trace d'hésitation ou de vulnérabilité. Mais Alessandro demeurait implacable, son regard aussi rigide qu'une forteresse. Consciente que tout avait été dit et que prolonger leur échange ne ferait que creuser le fossé entre eux, elle se détourna sans un mot, sentant la pression de son regard sur son dos alors qu'elle quittait la pièce. Giovanni la suivit en silence, son ombre silencieuse et inquiétante.

Ils avancèrent dans les couloirs déserts, le silence uniquement troublé par le claquement régulier des talons de Sofia sur le marbre. Chaque pas la rapprochait de ce qui semblait être une forme de liberté, mais en réalité, c'était un chemin pavé de nouvelles incertitudes et de doutes. Elle aurait dû se réjouir à l'idée de quitter cet endroit, de retrouver une certaine autonomie. Pourtant, une partie d'elle se sentait arrachée à quelque chose d'indispensable, une tension persistante malgré la distance croissante entre elle et Alessandro.

Giovanni, fidèle à son rôle, demeurait stoïque. L'atmosphère semblait chargée d'une menace invisible. Elle se remémora les mots d'Alessandro : "La situation avec Lopez devient trop dangereuse." Qui était vraiment ce Lopez, et quel danger représentait-il ?

En arrivant au hall d'entrée, Giovanni s'arrêta et se tourna vers elle.

— Vous serez escortée jusqu'à la sortie. Une voiture vous attendra pour vous conduire chez vous, dit-il d'un ton professionnel, mais empreint d'une gravité palpable.