CHAPITRE 75 : UNE RENCONTRE INATTENDUE

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Je n'arrive pas à l'oublier, pas avec ses cheveux qui brillent sous les lumières, ses tatouages qui racontent une histoire que je ne comprends pas encore, et cette attitude désinvolte qui me fascine. Dans ce tourbillon de musique et de bruit, elle est la seule chose qui semble réelle.

Je l'aperçois de nouveau. La serveuse. Elle revient avec une démarche tranquille, mais assurée, portant un plateau chargé de verres et de diluants. Elle pose les verres avec précision, sans un mot, et s'apprête à repartir, mais je ne peux pas la laisser s'éclipser sans essayer de la connaître. Il y a quelque chose chez elle, quelque chose qui me pousse à en savoir plus.

— T'es nouvelle ici ? Je t'ai jamais vue avant, dis-je, ma voix légèrement rauque à cause de l'alcool.

Elle s'arrête, ses yeux verts perçants se posant brièvement sur moi. Une hésitation traverse son regard, puis elle répond calmement :

— C'est mon deuxième jour. Je ne veux pas d'ennuis, dit-elle, d'une voix ferme mais mesurée, comme si elle connaissait déjà le genre d'hommes que nous sommes. Pas d'ennuis... Ces mots résonnent, comme si elle anticipait quelque chose.

— Tatiana, ajoute-t-elle après une brève pause, se présentant avec une simplicité déconcertante.

Tatiana. Le nom roule dans ma tête comme une mélodie exotique. Mais ce n'est pas juste son nom. Il y a un accent dans sa voix, une touche étrangère qui attire immédiatement mon attention.

— Vous êtes d'origine russe ? Je demande, intrigué, en penchant la tête pour mieux l'entendre malgré la musique.

Elle acquiesce simplement, un geste à peine perceptible, mais ses yeux restent distants, comme si elle cherchait déjà un moyen de se dérober. Chaque réponse qu'elle me donne semble contrôlée, calculée, et cela ne fait qu'attiser ma curiosité.

Je voudrais en savoir plus, mais avant que je puisse poser d'autres questions, elle redresse ses épaules, prenant une posture plus autoritaire.

— J'ai d'autres clients. Je sais que vous et votre gang, vous vous sentez supérieurs, dit-elle, son regard devenant un peu plus dur, mais ici, je sers tout le monde à la même enseigne. Pas de traitement de faveur.

Ses mots me frappent, non pas comme un reproche, mais comme un défi. C'est rare que quelqu'un ose nous parler comme ça, surtout à moi. Mais loin de me rebuter, son caractère bien trempé attise encore plus cette flamme qui brûle en moi. Tatiana est différente. Elle n'a pas peur, ou du moins, elle ne laisse rien paraître.

Je la regarde s'éloigner, ses talons résonnant sur le sol du club. Un léger sourire étire mes lèvres alors que je prends une gorgée de vodka, la chaleur de l'alcool se mélangeant à une nouvelle sensation : l'excitation. Elle a quelque chose que les autres n'ont pas, une force intérieure, un feu qui brille derrière ses yeux verts, et ça me fascine.

Pour la première fois ce soir, j'oublie un peu Ellie, le vide en moi. Mon esprit est ailleurs, tourné vers cette énigmatique serveuse. Tatiana.

Angelo capte soudainement mon attention en riant de manière exagérée, son regard vitreux se posant sur moi.

— Elle te plaît, hein ? T'es un Black Angel, arrête de faire ta moviette, Eden. Invite-la à danser ou une connerie du genre, lâche-t-il d'une voix railleuse, tandis qu'il engloutit un nouveau verre de vodka.

Je serre les dents, mes doigts crispés autour de mon propre verre. Un frisson d'agacement me traverse, mais je décide de répondre sur le même ton, sans perdre mon calme.

— Et toi, Angelo, tu fais pas le malin quand il s'agit de ta Ellie, je balance, mon regard fixé sur lui.

Le sourire d'Angelo s'étire en un rictus sinistre, et il éclate d'un rire rauque. Il descend d'un trait son verre de vodka pure avant de se lever d'un bond, titubant légèrement. Je l'observe se diriger vers le bar, vers Tatiana. Un nœud se forme dans mon estomac, une montée d'adrénaline me traverse à l'idée de ce qu'il pourrait dire ou faire. Je me redresse instinctivement, mon cœur battant à mille à l'heure, l'appréhension m'envahissant.

Tatiana revient quelques minutes plus tard, ses cheveux flamboyants encadrant son visage avec un naturel désarmant. Elle s'arrête devant moi, un sourire amusé sur les lèvres. Elle ne semble pas intimidée, pas même par Angelo.

— J'ai ma pause dans vingt minutes. Rejoins-moi dehors, on pourra discuter, Lombardo, dit-elle en me lançant un clin d'œil.

Mon cœur rate un battement, et je me fige. Un sourire se forme malgré moi, mais à l'intérieur, je me sens complètement liquéfié. Je n'ai jamais été du genre à perdre mes moyens, mais elle... elle est différente. Elle me déstabilise.

Quand elle s'éloigne, je me tourne vers Angelo, toujours assis sur la banquette, un sourire satisfait sur le visage.

— Qu'est-ce que tu lui as dit ? je demande, inquiet, presque furieux.

Il éclate de rire, comme si la réponse était évidente.

— Ferme-la et rejoins-la, crétin. Moi, je vais me déglinguer la gueule avec Lenny, répond-il avant de s'éclipser vers le bar, l'air satisfait.

Je reste là, nerveux, essayant de comprendre ce que mon frère a bien pu dire à Tatiana. Mais une chose est sûre : je n'ai pas le choix. Le moment est venu de découvrir pourquoi elle m'a donné ce rendez-vous.

THE TWIINSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant