Sauve-moi (tome 2 de Dénonce-moi)

Chapitre 15 - Un coup de pied dans la fourmilière

— Tu vas choper la mort dans cette tenue à l'extérieur, m'horrifié-je.

— Te ferais-tu du souci pour ma poire, poupée ? Comme c'est mignon, mais t'en fais pas pour moi, j'ai l'habitude des températures négatives. Déjà debout ? Et habillée qui plus est, il me semblait bien avoir entendu du bruit dans la salle de bain à l'étage en passant.

Son petit sourire malicieux me fait rougir de honte jusqu'aux oreilles. Est-ce qu'il nous a entendus ? Est-ce qu'il sait que c'était moi ?

— Détends-toi, y'a pas mort d'homme. Le sexe le matin c'est une excellente motivation pour se lever et passer une bonne journée. J'en déduis que ton plan a marché si vous avez remis le couvert.

— Mon plan ?

— Ouais, pour reconquérir ton ex.

— Léandre... Je ne cherche pas à le reconquérir, c'est... bien trop compliqué, crois-moi.

— Autant pour moi, j'ai cru que c'était pour ça le roulage de pelle hier soir et notre petit jeu dans la chambre.

Il pince la bouche pour expirer toute la fumée toxique de sa cigarette et un malaise grandit de plus en plus en moi. Comment ai-je pu mettre en place un plan aussi stupide pour atteindre Livio ? Parce que la jalousie et la colère sont mauvaises conseillères, sûrement. Ce qui me peine davantage c'est de voir que mon ami semble lui aussi être triste. Lui qui est d'habitude si joyeux, là, même de profil je vois bien qu'il me cache un truc.

— À propos de ça... Je suis vraiment désolée, je n'aurais jamais dû me servir de toi de cette façon.

— Oh, mais tu te sers de moi quand tu veux, poupée.

— Arrête, on est amis et j'ai merdé. Je regrette ce qui s'est passé.

— Pas moi... souffle-t-il avec un nouveau nuage de fumée.

— Attends, t'es sérieux là ? Tu voulais vraiment qu'on aille plus loin qu'un simple baiser ?

— Va savoir, répond-il en haussant les épaules.

Oh c'est la merde ! Est-ce que j'ai envoyé des signaux contradictoires pour qu'il pense que quelque chose est possible entre nous ? Soyons clair, j'adore Léandre, on passe de super moments ensemble, mais je le vois juste comme l'ami qu'il est. Rien de plus. De me dire que sa proposition de faire du bruit pour faire croire que nous étions en train d'avoir un rapport sexuel parce qu'on était sûrs que Livio monterait pour intervenir, était peut-être sincère, j'en ai un pincement au cœur. Jamais je n'ai voulu lui faire du mal alors qu'il m'aide tant depuis des mois. 

— Léandre, je ne voulais pas te faire de la peine.

— C'est rien, poupée. C'est juste pas agréable d'être à la place de celui qu'on jette après l'avoir utilisé. Viens par là.

Il me tend la main pour que je vienne m'asseoir sur ses genoux et caresse ma joue.

— Juste un conseil, méfie-toi de ce type. Je ne le sens pas. Y'a quelque chose de louche chez lui.

S'il savait...

— Je serai prudente, je te le promets.

— Je t'aime, p'tite chaudasse, ricane-t-il en frottant son nez contre le mien.

— Je dérange ?

La voix du Sicilien se fait entendre, interrompant à la fois ce moment gênant et cette conversation qui me déstabilise. Pour une fois, je suis contente qu'il soit là et pour une raison qui m'échappe, je me faufile rapidement hors du contact de mon ami en rentrant à l'intérieur sans rien répondre. Je ne suis pas d'humeur à me placer entre eux et ça, même si j'en suis la cause. J'ouvre un tas de placards à la recherche de ce qu'il faut pour me préparer un thé à la menthe tout en repensant à ce que Léandre vient de dire. Dois-je vraiment me méfier de Livio ? Il est vrai qu'il m'a prouvé qu'on ne connaissait jamais assez bien le vrai visage de quelqu'un, mais d'un autre côté, il m'a aussi sauvée de son frère quand celui-ci avait une arme braquée contre ma tête. Il a mis sa vie en péril pour moi, est-ce une raison suffisante pour lui accorder de nouveau ma confiance ? Je suis paumée et je préfère laisser le temps faire son œuvre plutôt que de me précipiter. Puis après tout, il m'a bien laissée patauger dans ma souffrance pendant trois mois en le croyant mort donc il peut bien attendre à son tour que je prenne une décision.