Me retrouver seule avec cette femme, c'est ce que je craignais le plus à mon arrivée. Maintenant, c'est ce qui m'anime, ce qui m'intrigue et me donne de plus en plus envie.
Je la mate, parce que je ne peux pas dire que je l'observe, ce serait trop doux, trop innocent. Mes yeux parcourent tout ce qu'ils peuvent sans s'arrêter, profitant du moment où elle ne me devine pas.
Rien de tout cela n'a pour but de faire le mal. C'est uniquement pour moi une chance de pouvoir apprécier sa présence en toute liberté, sans craindre qu'elle ne se sente trop admirée.
Tout compte fait, je ne la mate pas, je l'admire.
Vraiment proche d'elle, je commence à percevoir la chaleur dégagée par son corps. Mes mains glissent le long de sa taille, comme si je me l'autorisais. Mes bras l'enlacent doucement et ma poitrine se repose contre son dos.
Je ressens un frisson la traverser entièrement ; elle m'a maintenant perçue.
- Mai... Soupire-t-elle.
Elle retire son appui du mur, posant ce qu'elle a entre les mains sur un meuble. Ses mains passent sur les miennes pour les caresser.
- C'est vraiment trop beau... Les chambres sont terminées ? Demandé-je d'une petite voix.
- Celle-ci presque, il ne reste que quelques détails. Pour l'autre, c'est pareil.
- Et celle de madame Arai ?
- On la finira au plus vite. Ambre n'aura pas besoin de partager une deuxième nuit avec elle.
- D'accord...
J'ose, avec une petite timidité refoulée, poser ma tête contre son dos, proche de son épaule. Elle serre davantage mes mains dans les siennes, nos doigts s'entrelacent naturellement.
Sans que je m'y attende, elle commence à tousser. Cela s'intensifie de seconde en seconde. Un son rauque résonne dans la pièce.
- Ah ? Fais-je surprise.
Je la sens vibrer contre moi, ses épaules tressaillant sous mes bras. Après quelques secondes, alors qu'elle s'épuise, sa respiration se calme et sa toux s'estompe.
- Tu es finalement tombé malade à ce que je vois... Je la taquine.
Elle se racle la gorge et répond avec assurance :
- Non, je ne tombe jamais malade... J'ai juste avalé de travers, c'est tout.
Je souris, amusée par sa tentative de minimiser ce qui vient de se passer.
- Ah, bien sûr... Dis-je en étouffant un rire. Avaler de travers... Un grand classique.
Elle se tourne légèrement vers moi, ses yeux me lancent un regard qui semble dire "Ne commence pas". Mais je perçois un certain amusement derrière ses traits qu'elle veut "sérieux".
- C'est vrai ! Proteste-t-elle en prétendant être offusquée. Tu crois vraiment que je serais assez faible pour tomber malade ? Ce serait le comble !
Je ris doucement, mon front se reposant contre son dos.
- Non, c'est évident... Toi, tu es immunisée.
Elle fait mine de s’éloigner, mais je resserre chèrement mon étreinte, refusant de la laisser s’échapper si facilement. Elle soupire, mais je sens son sourire, même sans le voir.
- Tu te moques de moi... Murmure-t-elle, un peu plus adoucie.
- Juste un peu...
Un blanc s'installe, il est agréable. Je me laisse aller dans cette position, me détendant contre elle. Elle reprend finalement ;
- Sinon... Qu'as-tu fait de ta fin de journée ? Sa voix est presque chuchotée, très calme.
Mes paupières se ferment et je profite de la douceur qui règne.
- Je suis sortie me promener dehors... Ça m'a rappelé des souvenirs avec Nora, j'étais nostalgique.
- Lesquels ?
- Nos étés à la campagne... Le soir, dans le jardin ou dans les champs. On s'amusait tellement... Lui confié-je avec une pointe de nostalgie.
- Elle doit être géniale, cette Nora, pour que tu m'en parles autant.
Elle ne bouge pas, et moi non plus. Son odeur subtile fait naître des papillons dans ma poitrine.
- Elle l'est... J'ai hâte que tu la rencontres.
Rose tourne légèrement la tête, juste assez pour que je puisse voir le coin de son sourire.
- D'ailleurs, je lui ai envoyé quelques messages tout à l'heure. Ça m'a fait du bien de lui parler.
- Je suis heureuse que tu sois si bien accompagnée. Prends soin d'elle et qu'elle prenne soin de toi, Mai. Répond-elle.
- N'aie aucune inquiétude par rapport à ça.
La jeune femme lâche mes mains. Elle se retourne doucement et m’enlace tendrement, resserrant ses bras autour des miens. Je suis totalement abasourdie ; jamais elle ne m'avait prise comme ça, de cette manière même, dans ses bras. Avec tant de soin et d'attention. Elle s'applique, m'enlace.
Mon cœur bat à vitesse grand V. C'est inattendu, rassurant. Je le savoure du mieux que je le puisse. J'ai du mal à décrire le sentiment qui persiste en moi. Mais putain, qu'est-ce que je l'aime.
Rose relâche finalement son étreinte et se dirige vers la sortie dans le plus grand des calmes.
- Il va être temps de dîner. M'annonce-t-elle doucement. Les autres vont nous attendre si nous traînons.
J'ai cessé de comprendre comment reprendre le souffle qu'elle m'a coupé.
- Tu as raison, allons-y. Réponds-je, en essayant de masquer l'émotion dans ma voix.
Je peine à me remettre, mais je la suis avec empressement vers la sortie où elle m’attend avec une élégance certaine. Nous achevons notre moment à deux, seules. Et moi, je suis enveloppée par ce sentiment inexplicable, cette pression qui m’étreint le buste et m’étouffe presque d'euphorie.
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𝐋'𝐈𝐌𝐏𝐄𝐑𝐀𝐓𝐑𝐈𝐂𝐄 𝐃𝐄𝐒 𝐅𝐄𝐌𝐌𝐄𝐒
RomanceRose, héritière du trône d'un royaume exclusivement féminin, accède au pouvoir après la mort violente de sa mère, victime des sévices de son père. Confrontée à une tradition rigide, elle doit organiser un banquet pour trouver sa compagne avant ses...
Chapitre 14 - P3
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