Chapter 16: Locataire clandestin

Start from the beginning
                                    

Refermant le journal intime de Grinval, Harry resta un moment à contempler un point invisible, assis dans une énorme poire rembourrée. A l'évidence, ce que Brighton lui avait présenté comme l'occlumancie était en réalité, de la Sensibimancie. Sans doute souhaitait-il entretenir le secret le plus longtemps possible sur la source de cette méthode et qu'il n'avait pas pensé à lui dire la vérité quand il lui avait remis le carnet...

Harry soupira et tendit la main jusqu'à la table basse pour y déposer le cahier et prendre un livre à la reliure de cuir noir. La main noire était l'ouvrage le plus complet, semblait-il, sur les maléfices visant les mains. Les sorts, contrairement à ce qu'il avait d'abord cru, n'étaient pas tous atroces : le maléfice de la Sourde-Oreille aurait sans doute pu être comique s'il n'avait pas condamné le sorcier le recevant à s'enfoncer les index dans les oreilles et à rester ainsi jusqu'à ce qu'il en devienne sourd. Cependant, à mesure qu'il feuilletait l'ouvrage et approchait de la dernière page, il commençait à se demander s'il trouverait la solution à l'anneau de Gaunt à l'intérieur.

D'un geste machinal, il tournait les pages, le regard éteint, ne ressentant presque plus aucun dégoût devant des illustrations tortueuses, lorsqu'une image s'imprima brusquement dans sa mémoire : une main brûlée aux doigts recroquevillés. Sursautant, il revint précipitamment en arrière, désormais plus attentif, et retrouva le dessin, étalé sous le titre :

Maléfice de la Main-Voleuse

Son premier usage recensé remonte au XVIème siècle et se trouve être l'œuvre du Mage noir Klephtes, égyptien jadis connu pour ses travaux sur les antidotes. Si rien n'indique qu'il en est l'inventeur, ce qui est toutefois plus que probable, la Confédération internationale des sorciers en obtînt une description détaillée lorsqu'elle soumit Klephtes, au cours de son procès, à une potion de vérité.

Nous savons depuis lors que quiconque est atteint par ce maléfice est condamné. Si, en apparence, le maléfice de la Main-Voleuse n'affecte que le membre entré en contact avec, il s'avère que le maléfice continue son œuvre à l'intérieur même du corps de la personne qui en est victime. Les caractéristiques physiques sont : main brûlée, noircie, recroquevillée, douloureuse à la moindre sollicitation. Selon Klephtes, la mort survient dans un délai de trois heures, mais il est possible d'en retarder l'aspect meurtrier, comme le démontra Sven Günhardt.

En 1774, Sven Günhardt, Auror scandinave et expérimentateur à ses heures perdues, parvint à emprisonner le maléfice dans la main d'un cambrioleur qui avait l'idée grotesque de s'introduire dans la maison d'un sorcier à la sinistre réputation. On crut alors qu'il était possible de conjurer le maléfice, bien que Günhardt émis certains doutes à ce sujet et suggéra de mettre le cambrioleur en observation. Chose faite, et croyance effondrée : quinze mois après avoir été « sauvé » par Günhardt, le criminel succomba.

Harry fut parcouru d'un curieux, désagréable frisson. Des pensées embrouillées commençaient à se rejoindre à la manière des pièces d'un puzzle, sans doute grâce à la méthode de réflexions enseignée par Brighton, et Harry, malgré des semaines et des semaines de certitudes, se sentit tout à coup pris d'un doute. Et si tout le monde avait eu tort ? s'interrogea-t-il.

Le puzzle commençait à devenir plus lisible à mesure qu'il y réfléchissait, et il se leva précipitamment. Il n'eut qu'à y penser pour qu'un tableau noir surgisse tout à coup de nulle part. S'arrêtant devant, Harry fit apparaître un morceau de craie d'une simple caresse de l'esprit et nota, tout en haut du tableau, « Mort de Dumbledore » en lui joignant deux flèches obliques, comme lors des exercices avec Brighton. Puis il resta immobile, se concentrant le plus fortement possible sur les différentes pièces du puzzle et la direction à suivre pour éclaircir toute l'histoire.

les reliques des ainesWhere stories live. Discover now