Son nom m'échappa alors dans un léger murmure presque inaudible, mais cet instant assourdissant amplifiait n'importe quel son.
— Lauryn...
— Cole, murmura-t-elle à son tour, fermement.
Elle me regarda longuement, m'observant sous toutes les coutures avec désir. Elle n'avait pas changé, mais elle devait sûrement me trouver différent. Ça ne m'étonnait pas. Je n'étais plus le garçon qu'elle avait connu.
— Ça faisait longtemps, ajouta-t-elle en compagnie d'un sourire mesquin.
— Ça doit faire dix ans que je n'avais pas vu ta gueule, rétorquai-je avec dédain.
— Seize ans pour être exact, me rectifia-t-elle, assez fière.
— Peu importe.
Elle pointa son arme vers moi tout en s'approchant. Comme d'habitude, elle voulait dominer la situation. Ça ne m'étonnait pas. Je la connaissais plutôt bien... et j'aurais dû me douter qu'elle veuille recommencer un jour.
— À ta place, je ne m'en ficherais pas, me sermonna-t-elle d'un ton enjôleur.
— Qu'est-ce que tu veux ?
— C'est simple. Tu sais ce que je veux.
Elle me prit violemment par le col de ma chemise pour me conduire jusqu'au canapé où elle me jeta dans son élan. Elle me chevaucha tout en ne cessant de me pointer de son arme, puis elle la posa sur ma tempe gauche, elle était prête à tirer au moindre faux pas. Il valait mieux que je la laisse faire... ou du moins, c'est ce que je croyais.
— Comme au bon vieux temps, me murmura-t-elle à l'oreille.
Elle posa sa main libre sur mon cou et la descendit jusqu'à mon torse. Elle me caressa lentement et sensuellement, appuyant chacun de ses doigts sur ma peau pour me forcer à la sentir.
— Désormais, tu es un homme Cole... Et ça m'excite bien plus...
Elle approcha son visage du mien. Je sentais son souffle haletant sur mon visage ainsi que son doux parfum alcoolisé qui m'avait, pendant de longues années, fait tourner la tête.
— Tu ferais mieux de partir, lui conseillai-je dans un murmure.
— Toi, essaie de me faire partir, me défia-t-elle d'un ton mesquin. Serait-ce mon arme qui te gêne ? Le danger ne t'a jamais fait peur, en quoi ça serait différent désormais ?
Le canon de son arme frôlait dangereusement ma tempe gauche, le métal refroidissant péniblement ma peau. Je n'avais malheureusement qu'une solution : me taire. On ne pouvait pas discuter avec elle. Ça ne changeait pas. Il y avait des personnes que je connaissais très bien, trop bien même.
— Je préfère quand tu fermes ta gueule, susurra-t-elle voluptueusement.
Elle caressa mes lèvres de son index, le plongeant à l'intérieur de ma bouche et explorant chaque recoin, tout excitée. Puis elle s'arrêta et suça vicieusement son doigt, s'imprégnant de ma salive, la mêlant à la sienne.
— Tu m'as manqué mon chou, me glissa-t-elle dans le creux de l'oreille. Je sais que j'aurais dû revenir bien plus tôt. D'ailleurs, ce n'était pas trop dur de te retrouver. Tu as ton entreprise, tu gagnes très bien ta vie et tu peux baiser qui tu veux. Tu as bien réussi ta vie... surtout quand on sait d'où tu es parti...
— Va-t'en, finis-je par lâcher entre quelques frissons.
Elle écarta ses lèvres de mon oreille et plongea son regard douteux dans le mien.
— Sinon quoi ? Tu as toujours été incapable de faire quoi que ce soit, lança-t-elle persuadée de dominer comme toujours la situation.
Elle poussa une mèche de mes cheveux de mon front. Elle caressa celui-ci comme une mère pouvait faire avec son enfant.
— Pourquoi tu reviens ? Pourquoi maintenant ?
— Tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as manqué.
Elle m'embrassa langoureusement dans le cou, mordillant fougueusement ma peau, tout en caressant sauvagement mon torse. Elle s'arrêta puis approcha ses lèvres de mon oreille.
— Je me rappelle encore de ton corps entièrement couvert de mes suçons...
Elle posa sa main sur ma joue. Je la regardais faire, à la fois effrayé et perturbé. J'étais incapable de réagir, je me sentais coincé dans le corps d'un gamin, celui que j'étais à l'époque.
— Toujours aussi silencieux, commenta-t-elle, un sourire en coin. J'aime vraiment quand tu te laisses faire. Tu n'as pas changé.
Elle m'embrassa brutalement, serrant fermement mon visage dans sa main libre, quitte à me faire du mal en enfonçant ses ongles dans ma chair. De plus, son arme s'enfonçait dans ma peau, ne me rassurant pas, sachant qu'au moindre faux pas, je serais mort.
— Tu ferais mieux de t'en aller, lâchai-je dans un murmure presque inaudible.
— Incapable de me faire partir... Je le savais. Au moins, je peux faire ce que je veux de toi, comme d'habitude. J'aime quand tu te laisses faire...
Et voilà que je la laissais faire contre mon gré, je n'avais pas d'autres choix... J'étais incapable de parler ou de la repousser, alors je la regardais faire, silencieusement. De toute manière, ça ne durerait pas éternellement, du moins, je l'espérais...
*
Une fois qu'elle eut terminé, elle me vola un dernier baiser avant de s'en aller, satisfaite. Bien qu'entendant la porte claquer et l'arme qu'elle reposa dans la commode – signant enfin son départ –, je ne bougeai pas. J'en étais totalement incapable.
Je fondis en larmes, sachant que, encore une fois, j'allais devoir masquer les apparences et faire comme si de rien ne s'était passé...
Même si Lauryn n'était pas restée longtemps, j'étais incapable de me débarrasser de ce qu'elle avait laissé derrière elle. Je ne me sortirais jamais de ces merdes. Quoi qu'il arrive, elles resteront gravées sur ma peau au fer rouge à tout jamais.
J'ignorais si Heather allait venir ce soir, ce que je n'avais pas pensé lorsque j'avais commencé à enfiler les verres et me trancher les veines. Il commençait à se faire tard. Elle ne viendrait sûrement pas et tant mieux. Elle n'avait pas à venir.
J'avais fini la soirée, allongé sur mon lit, m'étant rhabillé en vitesse et douloureusement, tout en étant persuadé que la journée se terminerait de la même manière que les fois précédentes. Je serais resté dans mon lit. Le petit garçon que j'étais à l'époque en aurait fait de même. Se replier sur soi-même puis tout oublier le lendemain, prétextant avoir une vie riche et épanouissante.
Je fermai les yeux, tentant de trouver le sommeil. Je savais que je ne dormirais pas de la nuit. Même si j'y parvenais, un cauchemar allait refaire surface et aussitôt écourter ma nuit. C'était de la perte de temps.
Je tentais juste de faire le vide pour m'empêcher de me charcuter davantage la peau. Rien ne pouvait s'effacer.
J'étais toujours aussi certain de finir la nuit ainsi. Si seulement mes prévisions avaient été bonnes... J'entendis une voix appelant mon nom, celle de Heather. Elle s'approcha de moi, je le sentais à ses pas. Je finis par ouvrir les yeux pour la voir. Elle me dévisagea, elle se doutait de quelque chose, pas étonnant. On ne pouvait pas mentir aussi bien avec quelques verres en trop.
Ma pire crainte jusqu'alors venait de se réaliser. J'aurais tout fait pour ne pas la voir ce soir-là...
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La Décadence des Flamants - Tome 2
RomanceNeuf mois se sont écoulés après les derniers évènements. Cole et Heather ont chacun refait leur vie, mais aucun d'entre eux n'a trouvé une stabilité dans celle-ci, pensant encore à l'autre. Mais que faire lorsque tenter une nouvelle relation relève...
Chapitre 27 : Le garçon qu'elle aimait (Cole) | TW
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