Brainstorming à SIP

Depuis le début
                                    


qu'on aime que ce qu'on aime moins. C'est logique. Parfois, je fais de merveilleuses découvertes ; à


d'autres, je dois me tenir la mâchoire pour ne pas bâiller. Mais aujourd'hui, ce ne sera pas le cas, du


moins, pas ce matin puisque l'anticipation de ce déjeuner avec Christian va me tenir en haleine. J'ai la


sensation qu'un rayon de soleil illumine mon bureau. Je me tourne en direction de la petite fenêtre. Non,


il ne fait pas très beau sur Seattle. Nous sommes déjà en mai, c'est certain, mais le printemps s'annonce


pluvieux. Une fois de plus.


Je sens tout à coup un coup au tréfonds de moi. Petit Pois. Je pose la main sur mon abdomen.


- Je vais déjeuner tout à l'heure avec ton papa, Petit Pois. Il vient très gentiment de m'inviter.


Qu'en dis-tu ?
Je fronce les sourcils. Je ne dois pas continuer à m'adresser à mon bébé sous le surnom de « Petit


Pois ». Ça lui allait au début, quand il n'était qu'une petite bille sur un écran échographique, mais


aujourd'hui, c'est un enfant complètement formé. Un petit garçon que Christian et moi avons décidé


d'appeler Theodore. Comme le grand-père de Christian, Mr Theo Trevelyan, même si pour moi, ce


prénom évoque aussi Theodore Roosevelt60. Un homme célèbre et bon qui a obtenu en son temps le prix


Nobel de la paix. En 1903, en son honneur, les ours en peluche ont commencé à s'appeler Teddy, parce


que Theodore Roosevelt, également surnommé « Teddy », avait une bonne éthique de chasse.


Teddy. Voilà qui ira très bien à Petit Pois. Pour un bébé, il me semble que Teddy convient mieux


que Theodore - ou Theo.


- Teddy, ça te plaît comme nom ?


Un autre coup de pied. Je considère qu'il s'agit d'un accord.


- Dis-moi, bonhomme, qu'aimerais-tu manger aujourd'hui ? Si nous sommes dans un restaurant


italien, je prendrai des pâtes. Je sais que ça te plaît bien. Mais vraiment, Teddy, il va falloir faire attention


niveau calories. Regarde un peu ce que tu as fait de ma ligne...


Il me reste encore une quinzaine de jours avant mon accouchement. J'espère que je pourrai travailler


jusqu'à la fin, parce qu'ensuite, j'ai accepté - après une bataille mémorable avec Christian - de prendre


trois mois de congé maternité ! Bien entendu, personne à SIP ne fera la moindre réflexion, (je suis mariée


avec le grand patron, après tout), mais quand même, je ne suis pas très à l'aise. Je m'arrangerai avec


Hannah, mon assistante, pour qu'elle m'envoie des livres à la maison. Je pourrai au moins m'avancer


de cette façon. De plus, il me sera facile de correspondre avec elle via ordinateur. Christian ne dira rien


si je travaille sans quitter notre domicile. Du moins, je l'espère.


Je me lève avec un soupir. Combien de kilos ai-je pris durant cette grossesse ? Plus de quinze, j'en


suis certaine. Presque vingt... Oh, c'est ridicule. J'ai les chevilles enflées, je ne vois plus mes genoux.

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant