31. Je t'aime

Depuis le début
                                    

— Adam a un problème pour rentrer, je vais le chercher. D'ailleurs, je peux prendre ta voiture ?

— Oui, pas de soucis. Les clés sont là, désigne-t-elle du regard. Je remplace Mary au café pour deux ou trois heures, tout dépend de la générosité de ma responsable, je pense que je ne serais pas là à ton retour.

Je souris légèrement, consciente qu'elle ne me le dit pas pour rien. Je cherche dans son sac sur la table, l'embrasse sur la joue et quitte l'appartement, Elijah sur les talons. L'ascenseur s'ouvre, nous y montons et je sens la nervosité me gagner en me remémorant la première fois où nous étions si proches et qu'un étage de plus aurait suffi à l'embrasser jusqu'à en perdre haleine.

— N'y pense même pas, l'avertis-je dès que sa main se faufile sous l'élastique de mon jogging.

— Aller ! Je suis sûr que tu aimerais, certifie-t-il en touchant ma cuisse.

— Arrête un peu tes bêtises.

— Rabat-joie, grogne-t-il dans mon oreille.

— Va te faire voir.

Il ricane, nous descendons et sortons de l'immeuble. Je repère la voiture de Judith et m'installe au volant, une sensation toute drôle se terrant dans mon ventre. Je n'ai pas conduit depuis des mois, Adam faisait le taxi et Denver reste une ville relativement accessible en transports.

Je démarre, cale deux fois avant d'arriver à destination et je repère Adam soutenant son ami sur son épaule. Je serre le frein à main et l'aide à installer son ami sur la banquette arrière, un sac en papier kraft à la main au cas où.

— Merci encore, dit Adam.

— Il n'y a pas de quoi.

Désormais installés, je démarre et fais demi-tour. Adam m'explique que son ami, Denzel, vit dans une fraternité au nord sur le campus. Celle-ci est relativement calme par rapport aux autres, j'entends souvent des retours peu glorieux sur les fêtes. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai opté pour un appartement à Denver, histoire d'éviter ce genre de choses.

La tension est palpable le long du trajet, même si Adam fait tout pour détendre l'atmosphère en discutant avec moi. Pour l'avoir fréquenté quelques mois, je n'ai pas l'impression qu'il cherche à me récupérer. Je pense plutôt qu'il essaye de garder un lien, ne serait-ce qu'amical, puisqu'il s'en veut.

— Je l'emmène jusque dans sa chambre, ma caisse est garée là-bas, je vais rentrer demain matin. Il...

— Ferme ta gueule.

Je fusille immédiatement Elijah et il fronce les sourcils.

— Il ? relancé-je en l'affrontant du regard lorsque je suis au feu rouge.

— Il... Il n'est pas prudent de le laisser tout seul vu son état.

— Il a bu combien de verres ?

— J'en sais rien. Je l'ai vu se vautrer sur la terrasse, puis je t'ai appelée. Je ne trouvais pas ses clés et je risquais mon permis si je prenais le volant.

Je conduis jusqu'à la fraternité en question, me détache, sors de la voiture et aide Adam à faire sortir Denzel s'étant endormi durant le trajet. Il ouvre la porte de la grande maison, Adam et moi le posons sur le lit et il me regarde en allumant la lumière.

— Tu m'as donc menti à Thanksgiving quand je t'ai parlé de ce con ?

J'aurais dû me douter qu'il sauterait sur l'occasion d'être seule un moment pour m'en parler.

— Tu m'as assuré fidélité pendant cinq mois, Adam. S'il n'avait pas été là, je n'aurais pas su tout ça.

— Et tu penses que c'est mieux de te taper un pauvre mec comme lui ? Emy, je ne veux que ton bonheur, sincèrement, mais je...

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