Chapitre 25 : La visite

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— Vas-y, entre.

Droite comme un piquet, je regarde le couloir. L'appréhension de rentrer dans cette maison me serre la gorge.

— Vas-y, répète Jales en tendant le bras.

La nuit va bientôt tomber. Ce n'est pas Maxime mais Jales en personne qui nous a ramenés, Happy et moi. Je sais que mon chien est désormais confortablement allongé sur mon canapé bien qu'en sortant, je l'ai aperçu dans son panier.

Tout en me pinçant nerveusement les doigts, je mets un pied dans le couloir. Jales veut que je voie son chez lui. Il veut faire des efforts.

Je doute que beaucoup de femmes aient pu voir son cocon, et lorsque j'aperçois sa photo de mariage, je rectifie mes dires. Aucune femme n'a dû mettre ne serait-ce qu'un orteil chez lui, que ce soit ici ou bien là où il habitait autrefois.

Jales doit remarquer que je bloque sur le cliché puisqu'il se poste devant. Il est grand, si bien que le cadre à photo disparaît derrière son dos, mais l'image de Bianca est déjà gravée dans ma tête.

Il a raison, je ne lui ressemble pas du tout. Elle était élancée, jolie et blonde. Elle dégageait de l'assurance et de l'élégance. Elle ne jouait définitivement pas dans la même cour que moi. Avec ses ravissants yeux marron, on aurait dit une biche tandis que je ressemble plus à la brebis pas tondue qui essaie de se taper l'affiche sur le podium au milieu des reines de beauté.

Jales m'encourage à le suivre et je regrette qu'il ne me prenne pas la main, mais je devine aussitôt qu'il ne le fera pas devant une photo de son ex-femme. J'ai l'impression de m'initier entre eux deux et c'est un sentiment désagréable.

Pourquoi a-t-il fallu que je tombe amoureuse d'un veuf ? Je suis attirée par les ennuis à des kilomètres ! À moins que ce soit l'inverse... Je ne sais pas vraiment. Au final, peu importe car ça me fait franchir la même ligne d'arrivée.

Nous entrons dans le salon et un peu gênée par le silence pesant, je laisse mon regard arpenter les meubles. Lui et moi n'avons clairement pas le même style et surtout le même budget. La pièce doit faire à peu près la même superficie que celle de mon salon, pourtant elle semble deux fois plus grande que la mienne.

Je regarde la disposition de chaque objet et mon hypothèse se confirme, il est du genre maniaque. Ce n'est clairement pas comme chez moi où l'on pourrait trouver une part de pizza sous un manteau. Bon j'exagère un peu en parlant de la pizza, mais la télécommande y aurait sa place sans aucun doute. Happy adore me la piquer pour la laisser traîner un peu partout.

Mon observation me permet de réaliser qu'il n'y a absolument aucune décoration de Noël alors que dans quelques heures seulement, ce sera le réveillon. Moi qui ai toujours été habituée à être entourée de guirlandes, de lumières, de boules et de rennes autant sur les pulls que sur la tablette de la cheminée, ça me choque de voir sa pièce vide de l'esprit d'une fête que j'affectionne.

— Tu n'as pas de sapin ? lui demandé-je en me tournant vers lui.

Le brun se gratte l'arcade sourcilière avant de hocher la tête.

— Pourtant on s'est croisé à la jardinerie, continué-je un peu perdue.

— Je m'y étais rendu pour en acheter un, mais une fois arrivé là-bas, j'ai réalisé que ce n'était vraiment pas mon style. Bianca n'aimait pas particulièrement cette période. On ne célébrait pas Noël, alors je me suis dit que ce serait inutile d'en acheter, de ne pas le décorer et de le jeter une fois la fête passée.

Je me mords les lèvres pour ne pas dire à quel point je trouve cela dommage. C'est une occasion de se retrouver en famille, de s'offrir des cadeaux, de se dire à quel point nous nous aimons puis ça réchauffe le cœur de voir les yeux des plus jeunes s'émerveiller chaque fois que l'on parle du Papa Noël. Parfois même, on peut se permettre de retomber en enfance et de rêver d'une magie qui pouvait autrefois nous amener sur un petit nuage.

Petit ami et Compagnie 1 - Opération Alexander (Terminée)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora