CHAPITRE 10 : No escape from reality.

Depuis le début
                                    

La raison pour laquelle je connais la liste de course par cœur étant bien évidemment le fait qu'elle m'a forcé a l'apprendre pour être éternellement reconnaissante. Selon elle, son compte en banque a voulu se suicider, elle a sois-disant dû lui chanter une berceuse afin qu'il résiste a l'envie de passer de l'autre côté.

Le soir venu, j'ai mangé difficilement, je me suis douchée difficilement, couchée difficilement, éteint mon ordinateur difficilement, et dormir a été le plus difficile de toutes mes actions de la journée.

Impossible de fermer l'œil, ou alors s'il y en avait un qui se fermait, l'autre refusait d'obéir, ce que je suis sûre devait me donner un air ravissant de femme pirate, mais ce n'était pas trop mon objectif premier.
J'ai pensé, refait le monde douze fois, éteint la lune quatorze,réveillé les morts dix-sept, colorié le ciel vingt-huit, fait fondre la neige quarante, j'ai même essayé de compter les moutons,mais ils m'ont plus fait questionner sur l'origine des chiffres que sur le sommeil.

En me réveillant le lendemain matin, je suis persuadée d'avoir dormi seulement deux-heures, et que ce qui m'a fait tomber dans les bras du sommeil a été le fait d'imaginer le monde complètement noir, la fameuse couleur noire plus proche de l'oubli que de la peinture.

Ce n'est que deux minutes après avoir ouvert les yeux, que je repousse ma flemme grandissante pour éteindre le réveil de mon téléphone, n'ayant aucune idée du temps depuis lequel il sonne.
Je vois sur l'écran d'accueil une notification m'annonçant 4messages.

«Ok, dans deux heures, t'es prête ? Nous on est déjà debout. Emilie. », « Plus qu'une heure, Aaron a les yeux explosés, je suppose qu'il va dormir dans la voiture. Emilie. »,«Une demi-heure, si tu ne me réponds pas dans 5 minutes, je vais commencer a paniquer. Emilie.», «Dans 5 minutes on est devant chez-toi, cours, s'il te plaît.».

Son dernier message confirme ma crainte sur le fait que mon réveil sonne depuis beaucoup trop longtemps, l'ayant même entendu dans mon rêve.
J'ai maintenant très exactement quatre minutes pour choisir des vêtements qui me laisseront respirer tout en me donnant chaud, et pour courir à l'extérieur.

En regardant par la fenêtre, dur de ne pas remarquer que la neige a commencé a fondre un peu, et je me demande si c'est grâce a ce que je me suis imaginée pour m'endormir.

Je prends mon sac en faux cuir en forme de bourse et rentre à l'intérieur tous les vêtements me paraissant utile a notre voyage. Je me chausse de mes bottes de randonnée et cours presque en direction de la porte d'entrée.

Mes tuteurs ne sont pas encore levés, et pour la première fois en dix-sept ans, cela me rends triste. J'aurai voulu leur dire au revoir, même si je sais que je reviendrai , peut-être que lors de mon périple, j'arriverai a regretter leur absence.

La voiture d'Emilie se trouve déjà devant la maison, et quand elle m'a aperçu descendre le perron, elle a klaxonné beaucoup trop de fois pour que ce soit un simple encouragement a me dépêcher.

J'ai couru, et j'ai ouvert la portière de derrière à la volée.

Thomas a tout juste eu le temps de se pousser vers Jamie afin que je me jette sur la banquette avant qu'Emilie ne démarre la voiture en trombe.

- Enfin ! On a eu le temps d'aller chercher Jamie et Thomas ! Se plaint-elle, derrière le volant.
- Désolée, pas entendu le réveil. Me justifiais-je.

Je m'avance pour regarder de l'autre côté de la banquette arrière, et voit Jamie appuyée contre la vitre, en train de dormir.

- Je crois que je suis assis sur sa main. Me confie Thomas, ce qui me fait exploser de rire.

OPACITY - Entre deux mondes [Green]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant