Il n'y a pas si longtemps, j'étais de permanence de nuit. Mon équipe et moi avons été contacté par le CIC (Centre d'Informations et de Commandements) , le fameux "17" , "police-secours". Ils avaient reçu un appel inquiétant d'une fillette en pleurs, qui expliquait que son papa l'avait puni avant de quitter la maison familiale en la laissant toute seule. Sa mère était décédée et elle vivait sous la garde exclusive du père. La petite affirmait que l’intéressé n'était pas revenu depuis plusieurs heures, et qu'il ne lui avait donné aucune information sur son éventuel retour. Il n'avait pas non plus pris la peine d'emmener son smartphone avec lui.

Craignant un abandon d'enfant, une équipe a été dépêchée sur place afin de vérifier le sérieux des déclarations de la fillette (les canulars sont très fréquents parmi les appels au 17). Au passage, elle disait s'appeler Sara. 
  
Une fois arrivés sur les lieux, les collègues ont frappé à la porte du domicile, à l'adresse indiquée lors de l'entretien téléphonique. La jeune Sara n'a pas tardé à ouvrir la porte, mais elle affichait, selon le 17, un air fragile et très craintif. Et surtout, elle présentait des ecchymoses au niveau du visage, sous les yeux. Suspectant la présence de blessures plus graves sur d’autres parties du corps de la victime, ceux du 17 ont fini par contacter mon équipe afin de passer le relais. Nous nous sommes empressés de nous rendre sur les lieux. 
  
Dès que mon regard s'est posé sur Sara, j'ai tout de suite eu des bouffées de rage. Voir cette gamine de huit ans, blondinette aux yeux bleus, marquée par des traces certaines de coups, apeurée et angoissée à l'idée de ne plus revoir son paternel qui la battait me révoltait. Si je retrouvais ce fumier, je n'aurais aucun mal à commettre ce que nos bons journalistes appellent communément une "bavure".

Toujours est-il que les traces de violence étaient là, et j'ai donc décidé d'agir en flagrance. Cela signifie que j'avais suffisamment d'indices apparents en ma possession pour perquisitionner le domicile du père de Sara, toujours absent. N'ayant pu joindre téléphoniquement ni le propriétaire des lieux ni son entourage, j'ai fait appel à deux voisins pour assister à la fouille de la maison, conformément à la loi.
  
Pendant que mon équipe débutait son inspection dans le hall d'entrée de la demeure, je me suis employé à rassurer la petite Sara sur nos intentions. Je lui ai déclaré que son papa allait revenir, que nous étions justement là pour le retrouver et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter.

Ce pauvre petit être grelottait de terreur à l'idée d'être corrigé par son géniteur, car elle avait appelé la police et "papa n'aime pas quand je parle avec les étrangers". Je lui ai répondu que c'était une bonne chose que de se méfier des étrangers, qu'on pouvait y remédier et faire connaissance. Je lui ai dit mon nom et lui ai montré une photo de mon fils de neuf ans, glissée dans mon portefeuille.
"Tu vois, je ne suis plus un inconnu maintenant. Tu sais comment je m'appelle, que je suis papa d'un enfant qui a presque ton âge et que je travaille dans la police pour protéger les personnes comme toi".
Je pense que ça l'a un peu rassurée. Elle m'a adressé un sourire timide et s'est essuyée les larmes qui coulaient sur ses joues.

Je lui ai alors demandé si elle savait pourquoi son père avait quitté la maison subitement.
Et c'est là qu'elle a commencé à me parler d'Huggydoll. 
  
Ce terme n'est pas sorti de sa bouche, je l'ai découvert peu après. Sara m'a raconté que son anniversaire approchait. La veille, elle avait vu son père descendre dans la cave avec un gros paquet dans les mains. Ça l'avait remplie de joie, elle savait que c'était son cadeau.

Bien sûr, elle savait aussi que papa n'accepterait jamais qu'elle ouvre sa surprise avant la date d'anniversaire. En plus, la cave lui était interdite, car elle contenait un certain nombre d'objets tranchants qui pourraient la blesser. De toute façon, s'était-elle dite jusqu'à présent, cela lui convenait parfaitement, puisqu'elle avait peur des caves, ces endroits sombres et qui sentaient mauvais.

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