IV. DUALIDAD ENTRE RAZON Y SENTIMIENTOS

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"Scène 3, 12e reprise, ACTION !" Ruggero et moi devions jouer une scène assez complice entre Luna et Matteo, nos personnages. Mais pour une raison qui m'était inconnu, Ruggero ratait sans cesse : entre oubli de parole et bégaiements, celui qui avait pour habitude d'être très sûr de lui et doué dans ce qu'il faisait se plantait à chaque fois. Quant à moi, j'étais à l'aise, ou disons que c'est ce que je laissais paraître. Le fait d'être dans la peau de quelqu'un d'autre me permettait de jouer cette scène très professionnellement, même si j'étais un peu nerveuse à cause de la discussion que Ruggero et moi avions eu quelques heures auparavant. Il était presque midi et je pouvais sentir l'équipe de tournage quelque peu agacé. Le directeur proposa alors de faire une pause, pour manger et laisser le temps à Ruggero « de retrouver sa tête qu'il a oublié de mettre en se levant ce matin » se moqua-t-il sympathiquement. A peine la pause annoncée, Ruggero se précipita au loin, me laissant seule sur la plage entourée des caméras. Je décidai alors de le rejoindre et après quelques mètres courus, je le vis assis sur un rocher se frottant le visage très activement :

- Il y a quelque chose qui ne va pas ? demandai-je inquiète, appréhendant sa réaction. Il me regarda longuement, je remarquai à plusieurs reprises que ses lèvres tentaient de formuler quelque chose mais elles s'arrêtaient avant qu'un son ne sorte, j'hochai la tête pour l'inciter à parler mais il se rétracta et baissa la tête, quand soudain :

- Putain, fais chier... Fais vraiment chier, putain de merde.

- Woaw, je ne crois pas que c'était écrit dans le scénario mais au moins t'as dit quelque chose de censé ! Il se retourna vers moi et me regarda avec la même intensité que tout l'heure. Je fus déstabilisée et décidai donc de m'assoir à côté de lui pour ne pas tomber à la renverse :

- Tu aimes les tacos ? Ils en font là-bas sur la plage.

- T'as envie de tacos là, maintenant ? acquiesça-t-il plus détendu.

- J'ai toujours envie de tacos Ruggerito, je suis mexicaine ! Il ria. Ah enfin ! On aurait presque cru que la chaleur avait pompé ton âme de toute joie. Il ria de plus belle,

- Quoi ? Pourquoi tu dis des trucs pareils, ça n'a aucun sens !

- Et tes bégaiements avaient un sens peut être ?

- Je ne bégayais pas, je pratiquais, rétorqua-t-il sur un air hautain.

- Tu pratiquais la langue d'ET, oui ! »

On rit de bon cœur pendant quelques minutes. On se mit à papoter de tout et de rien, ne voyant pas le temps passé et en se taquinant de manière inhabituellement habituelle mais petit à petit, on s'arrêta doucement de rire, nos regards s'étaient ancrés l'un dans l'autre, je pouvais entendre le bruit des vagues qui couvraient partiellement les cognements de mon cœur contre ma poitrine. Je savais ce qu'il allait faire, je le voyais dans ses yeux. Il savait que je n'allais pas l'en empêcher. Il posa sa main sur une de mes joues et passa son pouce délicatement sur mes lèvres. Mes mains devenaient moites, mon corps brûlait de plus en plus fort. Il s'approcha d'abord doucement, pour ensuite venir cogner son front contre le mien et saisir mes lèvres qui n'attendaient que les siennes. Il m'embrassa ardemment, je sentais que je lui avais manqué. Je ne pouvais rien faire d'autre que prolonger son baiser. On s'embrassa assez longtemps, reprenant notre souffle de temps à autre. Tout était plus intense qu'avant, la manière dont il m'agrippait, dont il se délivrait, le goût de ses lèvres et la passion qu'il y mettait. Comme si... comme si... VALENTINA !!! Je le repoussai d'un coup sec, il ne comprit pas et tenta même de revenir quand je criai :

- HEY VALU !! Ça fait longtemps que t'es ici ?

- Je...

- Ah les jeunes, vous êtes là ! Ça fait 15 minutes qu'on vous cherche ! Interrompu un des cadreurs. Ruggero et moi frottions nos bouches machinalement avec nos doigts.

SIEMPRE SEREMOS PROFUGOS - RuggarolWhere stories live. Discover now