★ Chapitre 71 ★

Depuis le début
                                    

- Erik ! Mais qu'est-ce que...

Elle me lance un regard paniqué auquel je réponds, sur le ton de la rigolade :

- Oui, c'est bien lui. En chair et en os, je ris en tapant sur son épaule de ma main libre.

- Maddie, je suis heureux de te revoir.

Il s'avance vers et lui embrasse les deux joues. Tous deux sourient et c'est beau à voir. Papa se détache ensuite de ma gouvernante et se dirige vers la porte en lançant :

- J'ai des bagages dans le coffre de la voiture, je reviens.

- Vous voulez de l'aide ? se propose Maddie en avançant.

- Non, ne t'inquiète pas. Et puis, tutoies moi, comme au bon vieux temps !

Et il ressort, nous laissant toutes les deux là. Maddie, comme toujours, voit que quelque chose me préoccupe. Je m'en vais m'assoir sur le canapé sans prendre la peine de me dévêtir. Je pose néanmoins mon sac dans un coin.

- Que se passe-t-il, ma belle ?

Je plonge mon regard dans le sien avant de souffler et de répondre d'une voix anxieuse.

- La suite de ce qui va se passer à partir de maintenant me fait peur. Je veux une réunion de famille pour les explications cruciales que nous devons avoir.

- Mais...

- J'ai le pressentiment que tout va dégénérer. Comme d'habitude, je finis en me relevant et en tournant en rond.

Maddie me dévisage toujours, l'air amusée.

- J'ai conscience que vous n'êtes pas une famille "normale", déclare-t-elle en mimant des guillemets. Mais ce n'est pas une raison pour penser que tout va partir en cacahuètes, comme tu dis.

- Maddie, ne me ménage pas, je lui reproche. Tu sais très bien que rien ne va dans le bon sens depuis des années. Et puis...

Mais mon père entre à ce moment-là. Il dépose son bazar dans l'entrée avant de s'avancer dans le salon, examinant la pièce.

- Rien n'a changé à ce que je vois, sourit-il pour détendre l'atmosphère.

Pourquoi ne m'explique-t-il pas ce qui s'est passé sur le terrain ? Pourquoi ne me raconte-t-il pas pour quelle raison il était porté disparu ? Au lieu de me parler de la décoration de la maison.

- C'est normal, je soupire en prenant appui sur le mur.

- Pourquoi ça ? me questionne-t-il en s'asseyant dans l'un des fauteuils.

- Vu le peu de temps que Maman a passé ici après ton départ, elle n'a pas pu envisager de changer la décoration, je dis froidement.

- C'est toi qui cherche là, murmure ma gouvernante en repartant dans la cuisine.

Je lève les yeux au ciel. Bientôt les deux idiots vont revenir, un peu plus tard, ce sera Maman. Elle doit d'ailleurs me raconter le pourquoi du comment elle s'est retrouvée complètement saoule, hier. Je sens d'avance tous les problèmes me tomber dessus. J'hésite à prévenir Laura de la venue de Papa. Finalement j'y renonce. Elle devra l'affronter lorsqu'il l'interrogera sur la raison de sa relation avec Julian alors qu'aux dernières nouvelles, c'était moi qui était avec lui. Bref, les choses vont se gâter.

- Je trouve que tu as changé, dis doucement mon père en me faisant signe de m'assoir près de lui.

Je choisis le canapé d'en face.

- Comment ça ? je demande.

- Tu m'as l'air sarcastique, triste, heureux, anxieuse. Tu exprimes un tas d'émotions que tu n'avais pas avant. Tu as l'air lunatique aussi.

- Les gens changent vite, je réponds machinalement.

- Seulement avec de mauvaises expériences, rétorque-t-il en me fixant intensément.

- Qu'est-ce qui te fait dire que je n'ai pas vécu de mauvaises expériences ?

Je n'ai plus envie de mentir. Je veux qu'il voit la véracité de mes propos. Mais ma réponse le déstabilise. Il allait dire quelque chose lorsqu'un bruit de voiture se fait entendre. Je me lève pour aller ouvrir la porte. Étrangement, Papa ne bouge pas. Il reste là, sur le canapé, dos à la porte d'entrée. Je lui lance un regard interrogateur en partant. Mais Laura est déjà rentrée, Julian sur les talons.

- Elsa ? C'est quoi cette voiture dans l'allée ? crie ma sœur avant de me voir.

- Bonjour Laura, je vais bien, merci. Et toi ? je dis, sarcastique. En parlant de la voiture...

Mais une voix dans mon dos s'élève.

- Salut, Lo.

Le visage de Laura se déforme, passant de la surprise à la joie, puis de la joie à l'interrogation. Elle déglutit, pensant sûrement, comme moi, à la suite des événements.

« Faites que tout finisse bien », je pense en soupirant.

Douleur Héroïque // MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant