Il a dû partir ; il n'est pas stupide. Quand on a eu un survivaliste dans sa vie, on sait quand il est temps de partir, non ? Je me rassure en me disant qu'il n'a certainement plus besoin de moi maintenant qu'il a Colin, mais lorsque je réalise que je suis complètement arrêté au milieu du carrefour, je donne un coup de poing sur le volant. Je lui ai promis que je viendrais toujours le chercher.

« Fait chier ! », je marmonne avec rage.

Je ne devrais plus me soucier de personne, mais j'aime Louis comme un damné et je suis incapable de l'abandonner. Je veux juste m'assurer qu'il est parti ou qu'il va bien. Juste ça. Même s'il m'envoie chier, même s'il me dit que ce ne sont plus mes affaires. Au moins, je saurai.

Je braque le volant au maximum pour pouvoir tourner dans sa rue et je roule jusqu'à son immeuble. La rue est déserte, abandonnée. Je quitte la voiture en la verrouillant et, sans perdre de temps, je monte les quelques marches du perron qui me séparent du hall d'entrée. Je pénètre dans l'immeuble et la première chose que je constate est que la plupart des portes sont enfoncées. Les appartements saccagés, vidés.

Mon cœur s'emballe et je grimpe les marches quatre à quatre jusqu'au troisième étage. Visiblement, seul le rez-de-chaussée a été pillé – mais ça ne me soulage pas pour autant. Je cogne contre sa porte.

« Louis ! Ouvre la porte ! »

Pas de réponse.

« C'est moi ! Ouvre ! Colin ? »

Je cogne encore plus fort, comme si ça me permettait de ne pas partir en vrille.

« Harry ? »

Lorsque j'entends sa voix dans mon dos, le soulagement que j'éprouve me donne presque des ailes. Il est là. Il va bien et il est là. Je fais volte face et les marques que je découvre sur son visage me font l'effet d'un coup de poing dans l'estomac.

« Qui t'a fait ça ? », je demande en prenant délicatement son menton entre mes doigts.

Il a la pommette complètement violacée et la lèvre fendue. Sans que je ne m'y attende, ses yeux s'emplissent de larmes et il se blottit entre mes bras. Le bien que ça me fait m'électrise ; je pensais que je ne le reverrais plus et maintenant il est là, contre moi.

« T'es pas parti ?, il demande en relevant la tête. Pourquoi t'es là ? T'es pas chez tes parents ? Pourquoi t'es là ? »

Sa voix tremble et je le serre aussi fort que possible entre mes bras.

« Je t'ai dit que je viendrais te chercher, j'explique simplement. Je crois que j'ai repoussé mon départ au maximum, dans l'espoir que tout rentrerait dans l'ordre. »

Je vois dans ses yeux qu'il est reconnaissant, qu'il m'aime et qu'il regrette sans doute ces derniers mois. Je presse mes lèvres contre son front.

« Tu sais ce qu'il se passe ?, il demande. C'est le chaos en bas. Je suis allé chercher quelques provisions mais tout était dévalisé.

– T'es descendu ? Tout seul ? Louis mais je t'ai dit de ne jamais sortir de chez toi dans ce genre de moment !, je m'exclame.

– Hey... mais je suis là. »

Je souffle, je me reprends. Si je cède à la panique maintenant, on est fichus. Mais Louis est là et je retrouve mon équilibre.

« Je sais simplement qu'il faut partir vite, je reprends. L'orage se rapproche. Il va être violent. »

Il hoche la tête.

« Pourquoi t'es pas dans ton appartement ?, je demande quand même. Hein ? T'es sorti chercher des provisions mais ça y est, t'es rentré. Qu'est-ce que tu faisais dans le couloir ? »

RESTE AVEC MOI, tome 2 - Cold WaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant